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La Reuch's avatar

Je me demande, qu'est-ce que ça peut changer pour la personne de mettre un mot dessus ? Quand tu as conscient que tu es en décalage, que tu adoptes de stratégies d'adaptation, que tu préfères être seul, que même peut-être tu préviens les gens en disant "je fonctionne de telle ou telle manière", le jour où tu mets le mot autisme dessus, ça change quoi pour toi?

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Emma Schütz's avatar

Je traite ce sujet en partie dans mon mail de mercredi prochain 😉

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Nicolas Galita's avatar

Réponse courte : le mot ne change absolument rien, ce qui change c'est le manuel, la définition. Alors que jusque là, il me fallait découvrir le manuel au fur et à mesure et c'est super long , je viens de gagner facilement 30 ans.

Réponse longue

Bah déjà c'est impossible d'être conscient de tout le décalage. Avant de lire sur l'autisme je pensais que PERSONNE DE NORMAL ne regardait les autres dans les yeux.

Je pensais que seul le racisme expliquait le fait que les gens me trouvent direct et brutal.

Je croyais que TOUT LE MONDE, submergé par la tristesse était incapable de parler.

Je pensais que l'incapacité des gens à se tenir au premier degré était en réalité juste un problème d'intelligence. En gros qu'ils étaient juste limités intellectuellement dans cette capacité.

Comme je suis un homme j'ai rarement pensé que j'étais en décalage, j'ai pensé que beaucoup de gens étaient chelous (mais je pensais plutôt "simplets"). J'ai pas été socialisé pour douter de moi. Je me disais juste "ahaha ils sont si naïfs à respecter des rituels sociaux"

Quand j'étais enfant je me disais pas que j'avais du mal à ressentir la soif, je croyais que j'avais LE POUVOIR DE PAS BOIRE D'EAU. Je dis enfant mais je l'ai cru jusqu'à mes 25 ans au moins, avant que ça me cause des soucis de kiné. Car j'ai autant besoin d'eau que les autres, c'est juste que je sens pas la soif.

Encore jusqu'à y'a 2 mois, j'interprétais mes épisodes de dépression de manière un peu psychanalytique "ouais mon enfance fait que quand je me laisse tomber et je ne réagis pas à une injustice je trahis l'enfant que j'ai juré de protéger et du coup je déprime".... alors que maintenant je réalise que c'est quand même souvent arrivé après des épisodes où j'ai été puni d'un trait autistique... genre TRES souvent. Et que donc c'est peut être pas que je déprime à mon anniversaire, c'est peut être juste que mon anniversaire est pendant les vacances et que mon corps autorise le burnout autistique uniquement quand il voit que je peux me l'autoriser (car ce serait ingérable si je bossais en meme temps).

J'étais persuadé que seule ma non blanchité expliquait la difficulté des blancs à lire mes émotions. Ma dernière psy était arabe (malheureusement totalement dans le déni du racisme).... cependant elle m'a quand même permis de voir que oui, elle comprenait ce que je voulais dire et que ça lui arrivait aussi MAIS PAS A CE POINT et que elle même était surprise de voir mon visage impassible alors que je lui racontais des drames.

Etc etc

C'est en réalité quasiment impossible de comprendre tout seul sans avoir le manuel.

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