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Aug 1, 2022Liked by Nicolas Galita

Bonjour,

Pour ma part, les ressentis ont été nombreux:

- D'abord je me suis demandé si tu écrivais une histoire fictive ou si tu parlais de toi. Je suis très impressionnée par ton courage à parler de sujets aussi personnels et douloureux à la fois.

- Ensuite, j'ai quand même été profondément choquée par ton récit. Bien que j'ai beaucoup lu à ce sujet et pu rencontrer des thématiques très violentes à travers de nombreux ouvrages de fiction, je suis toujours aussi tourmentée par ces récits, d'autant que je n'ai absolument rien vécu de tel. Je trouve ça effrayant. J'ai peur pour les enfants violentés et je m'interroge toujours sur ce qui est possible de réaliser au quotidien pour limiter ces tourments.

- Pour ta critique du catholicisme, je me suis plutôt sentie en écho en revanche. À la fois on dit "aime ton prochain", à la fois on valorise la violence perpétuelle et on la justifie par la religion. Un exemple iconographique: aucun problème à représenter un père qui tue son fils, alors qu'il ne faut surtout pas montrer deux personnes qui font l'amour....

- J'ai été percutée par ton expression "la famille est une prise d'otages" quand je l'ai toujours vécue comme le cocon dans lequel on peut puiser des ressources pour faire face à toutes les difficultés de la vie, un puits d'amour et d'entraide. Et quand j'ai moi-même eu un enfant, j'ai pensé que j'étais heureuse de lui offrir la vie et que j'espérais surtout qu'elle soit la plus heureuse possible. Mais je te rejoins bien sûr tout à fait, on ne "doit pas" d'amour à ses parents, cette idée détruit beaucoup de gens. Et c'est même encore pire, car beaucoup d'enfants disent aimer leurs parents malgré les violences, c'est un lien extrêmement fort qui peut être une chaîne de bagnards pour ceux qui n'ont pas de chance.

- Enfin, j'ai eu une réaction bien plus égoïste. J'ai pensé à ma propre fille et à tout ce que je ferais pour la protéger. Au fait que je ne pourrai pas la protéger de tout malheureusement, mais qu'il fallait malgré tout que je sois là le plus longtemps possible pour veiller sur elle tant qu'elle n'a aucun moyen de le faire seule (même si elle a aussi d'autres gens, père, grands-parents, oncles et tantes aimants).

J'ai sûrement oublié ds choses car je n'ai pas écrit sur le moment.

Merci beaucoup pour ton témoignage douloureux. Bonne journée

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Bonjour je me suis dit qu’il avait fallu beaucoup de courage pour dévoiler tout ça

C’est une histoire difficile qu’il faudrait peut être expliquée par l’histoire de la guadeloupe elle même

J’ai vraiment été super touchée par cette histoire et j’avais envie de faire un grand câlin à l’enfant que tu as été

Merci pour ces partages si proche de la réalité

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Aug 5, 2022Liked by Nicolas Galita

Bonjour

Désolée je vais écrire une longue réaction : d'habitude je sais que ça servira à rien de me fatiguer à développer car les gens sont rarement prêts à considérer ce sujet différemment, mais ces textes sont un excellent point de départ, et les gens qui liront ces réactions sont probablement plus ouverts.

Etant depuis longtemps très sensibilisée aux problématiques de ce qu’on appelle maintenant les “Violences Educatives Ordinaires”, j’ai été ultra choquée de lire tout ça… Mais je le suis aussi quand quelqu’un raconte des souvenirs d’enfance impliquant des violences qu’il/elle trouve parfaitement normales et justifiées (le pire c’est que les gens racontent souvent ça en rigolant, en mode “qu’est ce qu’on n’a pas fait comme conneries étant jeunes… ahala, qu'est ce qu'on peut être chiant enfant”). Ou quand un parent raconte assez naturellement qu’il a “dû” frapper son enfant, que telle ou telle situation le justifiait (mais que c’est choquant dans telle autre situation), que c’est un mal nécessaire, que y a que ça qui marche, qu’il faut bien qu’ils apprennent, qu’ils en sont pas morts eux, que sinon les enfants feraient n’importe quoi, que leur parler ça marche pas …Bref, les arguments classiques de pourquoi il faut frapper les enfants

Tu décris très bien ce que peuvent ressentir les enfants que l'on frappe, et l'horreur d'être frappé jusqu'à ce l'enfant réussisse à ne plus pleurer… C'est plutôt rare d'avoir réussi à prendre autant de recul là dessus, d'avoir travaillé sur soi pour être capable de réaliser que c'était pas normal, que ses parents auraient pu faire autrement

Mais aussi forts que soient tes témoignages, je me déprime à l'avance parce que je me dis qu'ils ne “convaincraient” pas tous ces gens qui frappent leurs enfants et/ou qui trouvent normal d'avoir été frappé. Les fois où j'ai lancé le débat (et je l'ai regretté car je suis souvent seule à dire qu'on ne devrait jamais, dans aucune circonstance, frapper un enfant), les gens font comme avec le racisme ou le sexisme ou autre : ils disent que c'est horrible de battre ses enfants mais que “eux c'est pas pareil”. Dans leur tête y a une différence assez claire entre les méchants parents qui "battent leurs enfants" et ceux qui donnent une fessée ou une claque de temps en temps, quand c'est justifié.

Alors que, comme le racisme ou le sexisme, c'est un continuum, ou comme disait Darwin “une différence de degré et non de nature”. C'est juste que battre un enfant très régulièrement, pendant longtemps, très fort, avec un objet genre ceinture ou autre, c'est à un bout du continuum de la violence, et donner une claque /fessée “de temps en temps” ça sera a un autre endroit du continuum des violences. Et que les petites violences psychologique, genre laisser pendant des heures un enfant devant une assiette froide pour qu'il se force à manger, seront encore ailleurs sur le continuum. Mais ils y seront.

J'avais des collègues tellement dans le déni de ça qu'ils étaient choqués quand je leur disais que donner une claque/fessée à un enfant c'était le frapper, c'était une violence.

J'en avais un autre qui disait ne pas frapper ses enfants, et qui trouvait nul qu'un autre parent ait frappé son fils qui avait traversé au feu rouge alors qu'il le surveillait pas. Mais qui par contre avait donné une “petite claque” à sa fille car elle l'avait frappé lui (ne pas se contrôler et frapper un enfant parce qu'il ne s'est pas contrôlé et a frappé quelqu'un, c'est d'une logique…). Donc chacun a un peu sa petite échelle perso de qui est selon lui justifié ou pas, c'est jamais lui qui est violent et qui devrait chercher à ne plus l'être…

Mais ce sont bien des violences et ça devrait être inacceptable. C'est fou que les gens reconnaissent que se battre avec un autre adulte est quand même rarement une bonne idée, que battre sa femme c'est nul, mais ça devient nécessaire, justifié voire incontournable et nécessaire quand il s’agit de frapper un enfant -quelqu'un de (bien) plus faible que nous- pour le forcer à faire ou ne pas faire quelque chose, sous prétexte que c'est un enfant qui doit apprendre des choses.

Si on a l'impression que “ça marche” c'est tout simplement parce que l'enfant a une réaction de sidération et de détachement pour se protéger. Mais c'est uniquement sur le court terme, plein d'études ont montré que sur le long terme c'est inefficace ou contre-productif.

Et je vois pas pourquoi une éducation basée sur la violence (quel que soit son niveau), sur la peur et l'humiliation serait efficace. Il serait temps qu'on réalise l'impact énorme que toutes ces violences peuvent avoir sur les enfants (sur l'estime de soi, la connaissance et l'expression des émotions, l'empathie…), car en apprenant à considérer et éduquer autrement nos enfants on construit une société future différente, où les gens ont un rapport bien plus sein à leurs émotions et celles des autres.

Voilà, désolée pour le pavé idéaliste 😊

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Aug 4, 2022Liked by Nicolas Galita

redite de ce que certains ont commenté ci dessous, le premier m'a pris par surprise, je l'ai lu et suis passé à autre chose ne comprenant pas trop et me disant que je comprendrais sûrement plus tard... puis sont venu les suivants et là ca a été la claque... Pour avoir lu, vu et entendu de telles histoires (sur divers continents et divers pays), je n'avais jamais eu de témoignage d'une personne adulte et acteur de telles violences... en général c'est filtré par l'adulte qui a parlé à l'enfant (ou l'ado, ou l'adulte) ... mais jamais de témoignage direct comme le tiens.

La 2e claque est que cela vienne de là ou on ne s'y attends pas... une personne éduquée, qui fait des formations sur internet... (oui, le BCBG qui jase de son enfance battue...)

Et puis le souvenir que oui, la France est diverse et ne s’arrête pas à la fin de notre cercle de connaissance, qu'il y a encore en 2022 des endroits de la France ou des traditions obscures, inexplicables et clairement obsoletes et illégales sont encore perpétuées hors de l'état de droit et du sens commun sous le prétexte que 'on a toujours fait ainsi'...

Un grand courage de ta pars de partager ceci...

Ah, et le dernier épisode, en proses, je l'ai lu mais c'était la voix de Stromae que j'avais dans la tête...

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Aug 3, 2022Liked by Nicolas Galita

Bonsoir Nicolas,

J'ai repoussé la lecture de ta série pendant des jours suite au choc du 1er épisode... Tu m'as téléporté 20 ans en arrière avec les sensations en bloc : la tétanie face à ce geste inconcevable du parent... et cette colère froide qui alimente la bravade : "c'est bon, j'assume ce que j'ai dit et je me suis déjà pris une sacré volée de coups, je vais pas retirer maintenant mes paroles et baisser les yeux"... Tout était là. Le sang glacé et la peau en fusion, les yeux baignés de larmes, le ventre plein d'une boule de bowling... l'horreur brute...

Il en a fallut du courage pour poursuivre la lecture de ton témoignage, mais je jugeais important d'accueillir ton récit jusqu'au bout : pour te signifier que j'ai écouté ton histoire, que je reconnais ta vérité, que je t'encourage dans cette phase d'acceptation "j'étais un enfant battu", que je te félicite de puiser de cette expérience des leçons et de les partager.

Ces cris d'enfants sont insoutenables (les cris d'adultes le sont tout autant), je te félicite de les faire entendre plus largement 🙏

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Aug 2, 2022Liked by Nicolas Galita

Bonjour Nicolas,

D'abord j'avais prévu de ne pas te donner de retour. Mais en fait je pense que c'est parce que j'ai du mal à accepter, gérer mon ressenti.

Honnêtement je suis très mal à l'aise en lisant ces textes autobiographiques, partagés aussi franchement, aussi simplement, presque comme si c'était normal d'avoir vécu ça. Peut-être, comme tu le dis dans tes textes, que c'est normal pour certains de vivre ça. Pour moi c'est juste impossible à concevoir. Ca m'a rappelé une fois de plus la chance que j'ai de vivre dans une famille "aisée" et blanche, sans violence. Et ma vision un peu "bisounours", comme disent mes amis, du monde.

Donc ma réaction, c'est effectivement un malaise, et en même temps de la tristesse pour l'enfant battu, qui a souffert et souffre probablement encore aujourd'hui.

De l'impuissance aussi.

Je ne peux pas dire que la série de ces mails me plaise, mais je les lirai tous. Ca me parait important de lire ça si tu le partage. Je ne sais pas comment l'expliquer. Je ne sais même pas si ça compte vraiment pour toi qu'on les lise.

ça me fait penser à un article que j'avais écrit sur un vieux blog, où je parlais de harcèlement à l'école, et où j'avais fait un parallèle avec ma propre histoire de harcèlement vécue quelques années plus tôt. j'avais eu le sentiment de même beaucoup livrée, et je savais que mes parents lisaient mon blog, du coup je me souviens que je l'avais fait un peu comme un appel à l'aide, à l'ouverture d'un dialogue. Mes parents n'en ont jamais parlé. Moi non plus. Est-ce que c'est un peu pareil pour toi ? Une forme d'appel à l'ouverture d'un dialogue avec ta famille, ou des proches, sur le sujet?

Bonen continuation

Chloé

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Aug 1, 2022Liked by Nicolas Galita

J’ai aimé découvrir cette facette de toi (il me manquait des choses).

J’ai détesté que tu aies eu à subir ça enfant.

J’aime le courage (une fois de plus) dont tu fais preuve pour partager ça avec nous.

La « vengeance » j’ai l’impression qu’elle se fait malheureusement, avec les générations d’après…

« J’en suis pas mort », « ah bah moi si j’avais fait/dit ça… », « viens prendre ta volée, ca va te calmer »

Il serait temps d’arrêter.

Comme je l’ai déjà lu : «  j’ai d’autres ambitions pour mes enfants que leur simple survie. »

Ce que cela m’a inspirée : je suis ravie de mon changement de vie (pro) qui tend à soutenir les parents qui ont envie de faire différemment de ce qu’ils ont reçu (VEO). Même si c’est petit à petit. Et ce malgré toutes les injonctions societales, culturelles… qui prônent la violence et la domination.

C’est ma contribution de mon passage sur terre.

On est capable de sortir de ça, cela prendra peut-être encore du temps. J’ai confiance. Les consciences s’éveillent.

As-tu eu des retours de tes proches ?

Est-ce banalisé ? Perçu comme une honte de dévoiler ça ? Prenne t’il conscience du mal qu’ils ont pu te faire ressentir par moment ?

J’ai cru comprendre qu’il y avait des tensions avec l’un de tes grands-parents lors de ta série des dernières vacances. Est-ce en lien aussi avec ces violences ?

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Aug 1, 2022Liked by Nicolas Galita

Bonjour,

Moi, ce qui m’a choqué (et me choque souvent dans ce genre de témoignage), c’est la difficulté de la victime à se reconnaître comme telle. C’est terrible … Mais est-ce pour te protéger toi ou tes parents ?

Être une victime n’est pas un choix, encore moins une honte, c’est un fait. Après, cela ne réduit personne à juste ce statut. (Je ne sais pas si c’est très clair)

Malheureusement, les maltraitances et les gens violents existent depuis toujours. J’avais été très choquée de découvrir les chiffres de l’inceste en France (1 sur 10 - et c’est la partie immergée de l’iceberg). Et bien sûr que les adultes se frappent aussi (les femmes (et hommes) battues…).

En France, légalement, il est interdit de frapper un enfant (même une fessée depuis récemment). Évidemment, cela n’empêche pas grand chose au sein des familles mais cela montre la direction que prend la société. Après, le cadre religieux, culturel etc., c’est encore un autre problème.

Jusqu’à la génération de nos parents, les châtiments corporels et les punitions (à l’école, par les parents …) étaient effectivement monnaie courante et considérées comme un principe éducatif puis Françoise Dolto (entre autre) est passée par là. Après, la difficulté c’est de ne pas tomber dans l’extrême inverse et de faire des enfants rois …

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Aug 1, 2022Liked by Nicolas Galita

Bonjour Nicolas,

je n'avais pas l'intention de lire cette série et avais jeté tous ces emails à la corbeille car je ne suis pas sensible à certains de tes écrits, comme les monopensées par exemple (mais j'adore tout le reste!). C'est en lisant les commentaires sur cette page que j'ai été fouiller ma Corbeille, piquée par la curiosité.

J'ai eu les réactions suivantes à la lecture de ces 5 épisodes:

- il faut beaucoup de courage pour raconter ce qui t'es arrivé et j'ai eu beaucoup de compassion pour l'enfant que tu as été et l'adulte qui doit porter cela encore maintenant

- j'ai été marquée par la prise de conscience que tu as eu une fois que les choses ont été nommées, à plusieurs reprises par ta psy. On néglige toujours l'importance des mots qu'on utilise pour décrire une situation

- ce "témoignage" corrobore la vision que j'ai de la famille depuis mon adolescence, lorsque j'ai coupé les ponts définitivement avec un membre de ma famille proche, suite à des humiliations systématiques. Le fait d'appartenir à la même famille ne doit pas être l'excuse pour tolérer des comportements toxiques voire destructeurs. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi on s'obstine à vouloir maintenir le contact entre des enfants placés et des parents maltraitants. Cette vision de la famille façon "famille Ricorée" imprègne tellement la société qu'il faudra encore beaucoup de récits comme le tien pour qu'on en vienne à la remettre en question.

Voilà mes impressions. Heureusement que je n'avais pas vidé ma Corbeille et merci pour ces textes!

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Aug 1, 2022Liked by Nicolas Galita

Très intéressant et inspirant

J'ai apprécié la réflexion sur l'amour familial et le fait qu'on n'est pas obligés d'aimer sa famille

Et la vision de l'enfant battu en tant qu'adulte et puissante

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Aug 1, 2022Liked by Nicolas Galita

Bonjour Nicolas,

Je t'ai écrit après le second mail de la série donc normalement tu sais déjà ce que j'ai pensé de cette série :). Au-delà du courage d'affronter ton passé et de partager tes écrits sur le sujet, je trouve qu'en parler autour de soi (dans ce cas précis avec ta communauté) est très très important lorsque l'on est en capacité de le faire.

Les personnes victimes de violences pendant l'enfance ne vont pas être surprises par ce que tu écris (voire auront des difficultés à lire), mais elles se sentiront beaucoup moins seules. Les personnes n'ayant pas vécu ce type de violences vont pouvoir prendre un peu la mesure de cette problématique, ce qui peut contribuer à stopper le phénomène.

L'épisode 3 est celui qui m'a le plus parlé, notamment avec le titre "qui va payer ?". Je ne m'étais jamais posé cette question. Aujourd'hui, clairement, pas grand monde ne paye pour réparer les enfants victimes de violences (à part les victimes elles-mêmes, et un peu l'Etat lorsque les violences sont détectées avant les 18 ans). Et surtout, comment obtenir réparation sans tomber dans la vengeance pure et simple ? Comment réparer les liens familiaux très distendus, voire brisés à cause de ça ?

Enfin, ton histoire est multidimensionnelle puisqu'elle s'inscrit dans un contexte culturel et religieux particulier. Même si les violences ont lieu partout, dans toutes les cultures, religions, et classes sociales, celles que tu as vécues doivent être d'autant plus difficiles à décortiquer qu'en France métropolitaine on s'attache principalement à des théories psy sans dimension raciale ou religieuse. Ton point de vue est donc vraiment intéressant et bravo à toi d'avoir identifié tous ces aspects culturels de la violence.

Cette série m'a fait du bien, un peu comme si je faisais un câlin à mon moi du passé : ce n'est pas de ta faute, et ça va aller.

Merci du fond du cœur pour cette série Nicolas.

Camille

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Aug 1, 2022Liked by Nicolas Galita

Bonjour Nicolas,

J'ai trouvé ton récit très touchant, et je trouve que le travail que tu entreprends est très très courageux. D'autant plus que tu le fais spontanément, tandis que beaucoup d'adultes se retrouvent confrontés à leurs démons d'enfant une fois qu'ils deviennent parents, ce qui peut entraîner beaucoup de difficultés. La conscientisation de ces blessures permet quelque chose d'inestimable : casser le schéma de reproduction, qu'il soit personnel (en tant que parent) ou sociétal (il n'est pas normal de taper un enfant, quel qu'il soit, la société évolue grâce à des prises de conscience telles que la tienne). Bref, je t'admire pour ta démarche (qui peut être vraiment douloureuse, mais tellement libératrice).

Par ailleurs, il est intéressant de noter que certains thérapeutes proposent des thérapies en lien avec l'enfant intérieur, ce qui peut être libérateur et source d'autant plus de liberté et de force pour avancer avec ces blessures.

J'ai été agréablement surprise de lire un sujet aussi personnel, c'est très appréciable.

Merci de t'être ainsi livré et bonne continuation.

Johanna

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Plein de gens dont moi ont du mal à oser faire les choses, donc c'était inspirant de te voir te lancer dans un projet doublement casse gueule 1) sujet hyper personnel 2) faire de la musique quand on est pas au point

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Bonjour Nicolas,

Je voulais juste dire merci pour cette série, qui m'a fait beaucoup réfléchir.

Très égoïstement ça m'a fait réfléchir aux violences que j'ai subies moi, alors que je n'ai subi qu'une seule fois de la violence physique. (Par mon grand "frère", le fils de ma belle-mère, qui m'a mise une raclée, sous les yeux de sa mère, qui au lieu de l'arrêter, s'est barrée pour que notre petite sœur ne voie pas ça. A ce jour j'en veux toujours à ma belle-mère, alors qu'avec mon frère c'est réglé. J'étais plus grande, j'avais 12 ans, et lui 17. Ce que j'ai reconnu dans ton récit, c'est la bravade que j'ai eue aussi dans ce moment-là, je me rappelle distinctement que je l'insultais parce qu'il me frappait - alors que lui me frappait parce que je l'insultais.. Il suffisait que je m'excuse pour qu'il arrête, mais pour rien au monde je ne me serais excusée. D'ailleurs c'est lui qui a fini par arrêter.)

Donc moi ce que ça m'a rappelée, c'est le mécanisme de déni que l'on met en place, enfant, pour survivre à des violences, physiques ou psychologiques. Il m'a fallu plus de 35 ans avant de questionner ce que j'avais vécu, avant de me donner le droit d'être en colère contre mon père, et 40 ans pour mettre le mot de violence dessus. (Violences psychologiques, en plus... c'est tellement moins grave que ce que tu as vécu... Je me sens dans ces moments-là assez peu légitime - mais d'un autre côté c'est mon histoire et qualifier ce que j'ai vécu de violences psychologiques, ne devrait rien enlever à l'effroi que suscite ton histoire.)

Je me rappelle une séance avec ma psy, j'avais autour de 30 ans, et je lui avais raconté une des phrases assassines de mon père, et elle avait été tellement choquée. Et moi ça m'avait fait rire, je m'étais dit, oh c'est parce qu'elle est américaine, mais en France c'est comme ça... Ce n'est que des années après que j'ai perçu à quel point ces phrases assassines m'avaient blessée et amenée à des comportements totalement inadaptés. Là aussi, sa saine réaction avait été une petite graine plantée pour que des années plus tard je mette d'autres mots sur ce que j'ai vécu.

Je trouve ça passionnant de lire comment tu as vécu ce déni, et que tu es sorti de ce déni.. (Tellement de gens autour de moi qui me paraissent être dans le déni, et comment les aider à en sortir..)

J'ai vu récemment un spectacle de clown sur le sujet (un père violent), ça s'appelle Passage à table, et ça m'a bouleversée.

Après, c'est très intéressant, je n'adhère pas du tout à ta rage contre Dieu. Mais moi j'ai grandi avec des athées - donc c'est plutôt une rébellion pour moi d'avoir une vie spirituelle (et pas religieuse de toute façon!). Ceci dit malgré cela j'ai eu pendant plus de 35 ans la rage contre Dieu (ma mère est morte quand j'avais deux ans.. si je cherchais un sens à cela je n'en trouvais pas, donc toutes les personnes, notamment religieuses, qui tentaient de donner un sens, me rendaient folles..) donc je vois assez bien - mais c'est très étrange, à un moment toute cette rage s'est évanouie, elle est partie, je l'ai rendue.

Bon voilà, comme tu vois, ça m'a fait penser à moi, beaucoup, alors que nos histoires sont très différentes.

Mais ça m'a surtout énormément intéressée, à plein de points de vue - mais plus sous l'aspect récit, pas sous l'aspect artistique (et je dois avouer que je n'ai pas écouté le rap).

Je serai sûrement très intéressée par une saison 2.

Un grand merci.

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