Suis-je la seule personne, épisode #5
La seule à me cacher pour manger le chocolat que j'ai acheté
Suis-je la seule personne à manger le chocolat en cachette, alors que c’est moi qui l’ai acheté ?
Ce n’est absolument pas mon cas. À un point que je n’aurais pas pu y croire si je n’avais pas rencontré d’autres personnes dans ce cas. Donc d’ores et déjà je peux te dire que tu es loin d’être la seule personne.
Les dégâts de l’éducation par principes “religieux”
Malheureusement, beaucoup de nos parents ont utilisé une éducation par principes incontestables.
On ne t’explique pas pourquoi faire ceci ou cela, c’est comme ça et pas autrement.
Sauf que ça laisse des traces. On finit par intégrer que ce sont des principes moraux.
On le voit par exemple sur le ménage. Les gens vivent de la culpabilité par mémoire des principes des parents.
Tu as le droit de te faire plaisir
J’ai l’impression de sonner comme un vieux coach de développement personnel. Mais… en même temps j’ai écrit un livre de développement personnel. Donc c’est logique.
Je te le redis : tu as le droit de te faire plaisir.
De manière générale, pense à ce que tu dirais à une amie qui ferait pareil et dis-le toi.
Tu mérites le même amour que celui que tu proposes à tes ami·es.
Tu as le droit de rembourser l’enfant
Moi parfois je fais des trucs juste pour me rembourser de l’éducation. Par exemple, quand j’ai eu mon premier appartement seul, la première chose que j’ai faite c’est de jouer à la Gamecube depuis mes toilettes.
C’était un studio donc les toilettes donnaient sur le salon qui était en même temps la cuisine.
Je me rappelle avoir pensé pour la première fois : ok, là je suis un adulte, c’est bon.
Ou alors je m’offre des trucs qu’on me refusait à l’époque.
Tes parents avaient les traumas de leurs propres parents
N’oublie pas que tes parents ont fait en composant avec le même poids.
Le rapport à la nourriture quand on est une femme
J’ai lu un livre qui parlait de ça : Steaksisme. Elle aborde spécifiquement la question du chocolat. Ça occupe vraiment tout un chapitre (avec le Yaourt). Donc je pense qu’il y a un vrai sujet genré :
N’en jetez plus, on a compris le message : quand elles mangent, les femmes ont, semble-t-il, un orgasme. Elles se masturbent donc avec leur nourriture, le plus souvent des produits laitiers ou cacaotés.
Des femmes qui jouissent à l’écran, qui plus est sans homme, c’est rare. Ces pubs, qui transgressent le tabou de la masturbation et du plaisir féminins, semblent faire passer un message empouvoirant et émancipatoire. Mais derrière ce progressisme de façade, la stratégie est tout autre.
Avec tous ces slogans qui exhortent les femmes à « succomber à la tentation », « aller jusqu’au bout de leurs envies », « exalter leurs sens » ou qui leur demandent « pourquoi rougir d’éprouver tant de plaisir ? », la publicité perpétue l’idée que le plaisir féminin—et donc la sexualité féminine—est condamnable.
Donc, qu’au lieu de se masturber ou faire l’amour, elles feraient mieux de manger du chocolat. Ensuite, encourager les femmes à ne pas culpabiliser de manger ce qui leur fait plaisir, c’est leur rappeler qu’elles devraient, justement, se sentir coupables. Après tout, la gourmandise est un péché capital, au même titre que la luxure. C’est la double peine. Triple, même.
Car le chocolat, gras et sucré, symbolise l’aliment anti-régime par excellence, celui avec lequel de nombreuses femmes, enjointes à constamment surveiller leur silhouette, entretiennent une relation amour-haine.
Pour beaucoup, c’est carrément une « drogue ». Certain·es racontent s’enfiler une tablette sans pouvoir se contrôler. C’est là toute l’ambivalence de nos sentiments vis-à-vis du chocolat : sa désirabilité est aussi puissante que la modération avec laquelle il devrait être consommé. L’exact inverse des messages publicitaires, qui incitent à lâcher la rampe et « succomber au frisson du chocolat » (Les Pyrénéens).
Lorsqu’un homme mange du chocolat dans un spot de pub, c’est souvent un ado ou un jeune adulte. Il n’est pas seul, à demi-couché sur son canapé en pyjama de satin, il ne se cache pas non plus pour manger.
Pourquoi le ferait-il ? Le stigma social associé au fait de manger en public se limite aux femmes et aux personnes grosses, d’ailleurs largement invisibles dans les pubs, sauf lorsqu’il s’agit de les ridiculiser.
De manière générale, les hommes qui mangent à la télé ne se masturbent pas métaphoriquement avec leur nourriture. Ils n’absorbent pas des calories, mais de l’énergie, en croquant avec détermination dans un Snickers ou des céréales Lion, voire directement dans une tablette (quand les femmes, elles, mangent des petits chocolats faits pour leur petite bouche et leur petit appétit).
Les voix off des publicités qui les mettent en scène sont rauques et intenses, jouant sur les codes du sport façon commentaire de match, du documentaire animalier ou du film d’action.
Les slogans insistent moins sur l’émotion que sur l’agentivité, la satiété et l’animalité des hommes, transformés en prédateurs : « Snickers, une bonne dose de satisfaction », « Lion Wild, le chocolat indomptable » ou encore « Libère ton esprit sauvage » (céréales Lion). Lorsqu’une barre chocolatée leur donne du plaisir, c’est pour en « rugir » (Lion, toujours).
Et lorsqu’une femme mange ces snacks, devinez quoi ? Elle est mince, en bikini, tandis qu’une voix off féminine et suave en précise le nombre de calories, avant de lâcher : « Y a plus de mal à se faire plaisir. »
Enfin… je dis tout ça mais si ça se trouve la personne qui a posé la question n’est pas une femme.
À toi de voter. Attention à bien choisir le bon endroit.
Pour vérifier l’impact du genre on va diviser en deux. Y’aura une case pour les personnes qui s’identifie comme hommes et une case pour les autres. Pour qu’on voit si y’a un impact du genre.
Je me cache depuis que j'ai des enfants. Je ne veux pas qu'ils savent que je suis dépendante du sucre.
Alors ce n'est pas exactement le chocolat, mais les viennoiseries au chocolat. Je suis encore plus accro après la grossesse, et là , j'ai du mal à décrocher, c'est mon petit plaisir solo, mais que je m'accorde un peu trop souvent dans la semaine.
Je suis tellement accro que même les extraits de steaksisme, j'ai dû les scroller vite fait, ça me déclenchait une envie de painchocs 😅
Je vais devoir refaire la formation sur le sucre 😅