Je sais, je sais…
Tu as l’habitude d’entendre “never give up”…
Ou encore que ce qui séparent les gagnants des perdants c’est leur faculté à ne pas abandonner.
C’est vrai.
C’est faux.
C’est vrai et faux à la fois.
Je l’ai découvert grâce à un livre génial et très court qui s’appelle The Dip: The extraordinary benefits of knowing when to quit (and when to stick) .
Ce qui suit est un résumé de ce livre.
Persister dans un cul de sac est suicidaire
Nous avons une énergie limitée, un temps limité. Persister dans un cul-de-sac est donc une stratégie extrêmement destructrice.
D’ailleurs, aux échecs (le jeu) on reconnaît les débutants comme ça : ils refusent d’abandonner. Même quand la défaite est évidente aux yeux d’un joueur confirmé.
Tu connais probablement quelqu’un qui devrait abandonner. Que ce soit sortir d’un couple sans avenir, d’un emploi qui rend malheureux ou d’accepter que sa start-up est un échec.
Imagine qu’un enfant soit totalement nul au foot : il ne court pas assez vite, il n’arrive pas à assimiler les concepts de base… mais il persévère. Que faut-il lui conseiller ? De ne pas abandonner parce que personne ne croyait en Messi ou Griezmann au début ?
À force d’être abreuvé aux sucess stories, par les médias, on a fini par oublier qu’il existe quelque chose appelé “la réalité”.
Les cul-de-sac existent. Vouloir à tout prix continuer dans ces cas là est une folie.
J’ai demandé ma route au mur… il m’a dit d’aller tout droit - Élie Yaffa
S’obstiner dans un cul-de-sac n’est pas une marque de courage. Au contraire, c’est souvent une forme de lâcheté : on refuse de voir la vérité en face car on a peur de changer de trajectoire.
Griezmann n’était pas dans un cul-de-sac. Bill Gates n’était pas dans un cul-de-sac. Il y a une différence entre être dans le creux de sa performance et être dans un cul-de-sac.
Qu’est-ce que le creux ?
Dans tout ce qu’on fait, il y a une vallée de la mort, un creux. On commence par progresser très vite, parce qu’on débute. Puis, arrive un moment où on n’obtient plus rien : c’est le creux.
Si tu as fait enfant du sport ou une activité comme du théâtre, tu le sais. Il arrive le moment où tu commences à stagner. C’est le moment où l’abandon est le plus tentant.
Abandonner dans le creux est suicidaire aussi
C’est à cause de cette configuration qu’on dit qu’il ne faut pas abandonner. En effet, abandonner dans le creux est un formidable gâchis : encore quelques efforts et ça allait payer au centuple.
Quand les gens te répètent le conseil '“n’abandonne jamais” ou “la persévérance paie toujours”, ils oublient de rajouter que ça ne vaut que dans la configuration du creux. Pas dans celle du cul-de-sac.
Tout dépend donc de la configuration
En effet, si tu es dans un cul-de-sac, persévérer est une folie. À l’inverse, si tu es dans un creux, abandonner est une folie.
“La toute petite minorité de personnes capables de pousser un poil plus longtemps que les autres récupèrent d’extraordinaires bénéfices. Mais la toute petite minorité de personnes qui ont les tripes d’abandonner tôt et de rediriger leurs efforts sur quelque chose de nouveau récupèrent aussi d’extraordinaires bénéfices.”
Dire à une classe d’étudiants “n’abandonnez pas” est une folie. On devrait dire plutôt “apprenez à abandonner”. Pourquoi ? Puisque je viens de dire que ça dépendait de la configuration ?
Parce que les deux situations ne sont pas du tout symétriques. Ni équivalentes.
Quelqu’un qui reste toute sa vie dans un couple misérable a gâché ses chances. Quelqu’un qui abandonne un couple trop tôt, pourra se rattraper sur le prochain.
Quelqu’un qui reste toute sa vie dans un job qui ne lui convient pas a gâché ses opportunités. Quelqu’un qui abandonne un job trop tôt, pourra se rattraper sur le prochain.
Dans le doute, il vaut donc mieux être du côté de l’abandon que du côté de la persévérance.
“Tu dois abandonner à la seconde même où tu comprends que la voie est un cul-de-sac. Pas bientôt. Immédiatement. Selon moi, le plus grand obstacle au succès est l’incapacité à abandonner le cul-de-sac suffisamment rapidement”
Si je devais m’arrêter là, je te laisserais là-dessus : le problème dans ta vie est plus probablement lié à quelque chose que tu n’as pas le courage d’abandonner. Plus rarement à quelque chose où tu manques d’endurance pour persévérer.
Mais, par chance, je n’ai pas encore atteint la limite de mots imposée par mon outil d’écriture.
On va donc apprendre à différencier le cul-de-sac du creux. Pour savoir quand abandonner et quand persévérer.
“Crois-le ou non, abandonner est souvent une superbe stratégie, une manière intelligente de gérer ta vie et ta carrière. Parfois, cependant, abandonner est exactement la chose à ne pas faire. Il se trouve qu’il existe une manière simple de distinguer les deux cas de figure”
Comment savoir quand abandonner et quand persévérer
En fait, la confusion vient du fait que les deux configurations se ressemblent. L’entrée du creux est la même que l’entrée du cul-de-sac.
Si on devait dessiner un cul-de-sac, ça ressemblerait à ça :
(On voit que j’ai vite abandonné le dessin quand j’étais petit)
La bonne nouvelle c’est qu’avec un peu d’honnêteté intellectuelle on peut faire la projection nous-même.
Ton job actuel est-il dans un creux ou dans un cul-de-sac ? Ton couple actuel est-il dans un creux ou dans un cul-de-sac ?
Voici quelques pistes :
Est-ce que l’idée d’obtenir de meilleurs résultats à long terme t’enthousiasme ? Ou alors ton ventre te fait mal à l’idée de continuer longtemps.
Est-ce que l’idée de redoubler d’effort pour obtenir des résultats te paraît excitante ? Ou bien ça te donne mal au ventre ?
Est-ce que tu es capable d’envisager une issue enthousiasmante ? Ou alors l’horizon est gris dans tous les cas ?
Souvent, on justifie le fait de ne pas abandonner avec les leçons qu’on tire des mangas (des nekketsu pour être précis).
Mais on oublie que dans Dragon Ball, quand Sangoku est dans une série de défaite, il redouble d’efforts. Et il est enthousiaste à l’idée d’aller s’entraîner. C’est pareil avec Rock Lee dans Naruto. Il repart à l’entraînement avec une flamme. Il n’a pas la boule au ventre à l’idée de retourner sur le terrain.
Voilà le test ultime : l’enthousiasme
Se laisser porter est la pire option. Si tout ce que tu as envie de faire est de te laisser porter par le vent, alors abandonne.
Si tu comptes continuer dans ce job en faisant le service minimum, tu cours à la catastrophe. Idem si tu comptes continuer dans ce couple en t’investissant le moins possible.
En résumé : accélère ou abandonne.
Quand tu arrives à l’entrée du creux/cul-de-sac, garder la même vitesse n’est pas une option. Essaie d’accélérer. Si toutes tes tripes te crient de pas le faire, c’est que tu dois abandonner. C’est que ton intuition reconnaît le cul-de-sac.
Autre question pour identifier un cul-de-sac : est-ce que tu sais où tu pourrais investir ton temps si jamais tu abandonnais ?
Si la réponse est oui, alors tu es dans un cul-de-sac.
Si la réponse est non…alors tu es peut-être dans un cul-de-sac quand même. Sauf que tu as trop la tête dans le guidon pour voir les alternatives.
Plutôt que de dire “n’abandonne jamais”, on devrait dire :
“N’abandonne jamais quelque chose qui a un potentiel enthousiasmant sur le long terme, seulement parce que tu n’arrives pas à encaisser le stress passager du moment”
Mais je reconnais que c’est tout de suite moins vendeur.
Trois questions à se poser avant d’abandonner
Tu l’as compris : toute la difficulté est de réussir à différencier le début du cul-de-sac et le début du creux. On peut le faire avec le test de l’enthousiasme qu’on vient de voir. Mais si ça ne suffit pas, voilà trois autres tests.
Question 1 : est-ce que je suis en train de paniquer ?
“Abandonner n’est pas la même chose que paniquer. La panique n’est jamais préméditée. La panique nous attaque, nous attrape, elle est dans le moment.
Abandonner quand tu paniques est dangereux et coûteux. Les meilleurs dans l’art de l’abandon sont ceux qui décident à l’avance qu’ils vont abandonner”
En d’autres termes, il est sain de se laisser le temps de revenir à tête froide avant de prendre la décision. Quand ça m’arrive, je me laisse effectivement un délai. Je me dis un truc du genre “si j’ai encore envie d’abandonner à la fin de la semaine, je le fais”.
Question 2 : qui j’essaie d’influencer ?
Si tu es en état de sous-performance, tu es probablement en train de te heurter à une ou plusieurs personnes.
Dans un couple, c’est ton partenaire. Dans un job ça peut être un client ou un employeur. Mais ça peut aussi être un groupe de personnes, un marché. Si tu essaies de faire éditer un livre, par exemple, tu es face à un groupe de personnes.
La différence est fondamentale.
Quand il s’agit d’une seule personne, tu vas essayer quelques fois, jusqu’à réussir. Mais, très vite, ça produit l’effet inverse. Plus tu essaies et plus la personne se braque.
Quand il s’agit d’une personne, soit tu arrives à la convaincre vite, soit tu n’y arriveras jamais.
À l’inverse, quand il s’agit d’un marché :
“Tu peux faire des progrès, une marche après l’autre et au fur et à mesure que tu t’élèves, ça devient plus facile. Les gens dans le marché se parlent les uns, les autres. Ils sont influencés les uns, les autres. Donc à chaque marche, les effets de tes efforts s’amplifient”
C’est de là que vient le mythe de ne jamais abandonner. Toutes les histoires magiques à la Griezmann, à la Jack Ma (le fondateur d’Ali Baba) ou à la JK Rowling (Harry Potter) concernent un marché. Un marché qui finit par reconnaître le talent de l’individu.
À l’inverse, combien d’histoires tu connais de quelqu’un qui était dans une relation toxique et subitement, à force de persistance, la relation est devenue épanouissante ?
Ou alors quelqu’un qui était malheureux dans son job, à cause du manager, et subitement le manager a changé ?
Question 3 : quels sont les progrès mesurables que j’ai fait ?
Es-tu en train de reculer, de stagner ou de progresser ?
Pour passer le creux, il faut forcément progresser. Et pour garder la motivation, il faut trouver une manière de mesurer ce progrès.
Ce livre est vraiment génial
Au début, je comptais extraire juste une micro pensée de ce livre. Au final, je me retrouve à avoir résumé quasiment tout.
Je ne peux donc rien rajouter de plus que : lis le par toi-même.
Voici un lien :
The Dip: The extraordinary benefits of knowing when to quit (and when to stick)
Mais, même si tu ne le lis pas, la leçon est claire
Ne jamais abandonner est un très mauvais conseil
Savoir abandonner est plus important que savoir persévérer
Il faut différencier les creux et les cul-de-sac
Avant de me quitter…
Tu peux t’abonner si on t’a partagé ça et que tu veux recevoir ma pensée de demain matin…
Dans le mille, merci Nicolas
très bon article