Pourquoi je garde mon CDI

La première fois que vous m’avez suggéré ce thème j’ai été surpris : qui ça peut donc bien intéresser ? Puis vous avez encore voté pour ce thème cet été. Donc je me suis dit ok ok peut-être que y’a un thème.

Surtout que ça fait aujourd’hui exactement 10 ans que je suis en CDI dans la même boîte.

Ce n’était pas du tout le plan

Si tu m’avais dit que j’aurais fait 10 ans en CDI, je n’y aurais pas cru à l’époque. Surtout dans la même boîte.

En 2012, je finissais mon école de commerce. Je revenais de Pologne après 6 mois d’Erasmus. J’avais eu une discussion avec un de mes camarades de classe, Alex Koutsto, qui avait chamboulé toute ma projection professionnelle.

Il venait de lire La Semaine des 4 heures de Tim Ferriss et il affirmait qu’on pouvait se créer un revenu avec un blog. On en avait parlé pendant une heure autour d’un jus Tymbark à la cantine de l’université.

J’avais cherché la faille du système : il n’y en avait pas. Tout était cohérent.

Ça a mis en moi une graine qui allait être impossible à détruire : il y avait un autre modèle que d’aller travailler dans un job qu’on aime moyennement, en créant son propre espace.

En plus j’adorais écrire donc ça tombe bien.

Mais je fais pas ça…

Ah bah oui… comme tout déclic soudain, ça prend des années. Et donc je reviens en France et je me lance dans l’entrepreneuriat grâce à des alumni de mon école qui me fournissent tout le support nécessaire.

C’est aussi ça une des forces de l’école de commerce : le réseau.

J’ai donc ma propre boîte, un cabinet de recrutement, pendant deux ans : FortyNiners.

Mais le problème c’est que je suis pas très doué en entrepreneur classique. Notamment parce que je n’aime pas la partie commerciale.

J’ai globalement vécu deux ans avec 700€/mois.

C’était génial.

Je pouvais me le permettre car j’avais ma copine de l’époque qui m’hébergeait chez elle.

Mais bon 700€ c’est pas beaucoup.

Laurent Brouat arrive

À l’époque, Laurent écrit régulièrement dans le blog de ce qui s’appelait à l’époque Link Humans (aujourd’hui L’école du recrutement). Il avait écrit un article sur une technique particulière d’identification des candidats mais on ne pouvait plus accéder à une partie du contenu, à cause d’un bug.

Alors je lui écris un commentaire sur son blog en lui demandant si je pouvais avoir accès. Il me répond que malheureusement il n’a plus lui-même le contenu, il l’a perdu. Mais on continue à échanger par commentaires. Jusqu’à ce qu’un jour je lui propose de prendre un café.

On discute de notre vision du recrutement et il me propose de travailler un peu avec lui, en créant une BD sur le recrutement. Qu’on allait demander à un dessinateur que je connaissais et que je ferai le scénario.

Ce à quoi je réponds :

Tu sais que je n’ai jamais fait de scénario de BD ?

Il me dit : oui mais je suis sûr que tu saurais

Je pense : oui, moi aussi et au pire bah j’y arrive pas et j’aurais eu la chance d’essayer ça.

Et c’était parti.

Quelques mois plus tard Laurent me propose de venir le rejoindre pour travailler tout court avec lui. Je lui dis non, puisque j’ai ma propre boîte.

L’héritage de l’Oncle Ralph

En plus de la BD, Laurent m’avait proposé de donner des cours de recrutement dans une école de commerce. En effet, Jennifer, sa collègue qui était prévue pour le faire, avait des empêchements sur quelques dates. Donc l’idée c’était que je fasse les cours sur ces dates, que sur d’autres elle fasse cours toute seule et sur d’autres on les fasse ensemble, en featuring.

Et dans le cadre de ce cours, j’avais proposé aux élève de bosser sur un exercice qui s’appelle L’héritage de l’Oncle Ralph et que j’avais trouvé dans le livre Business Model You

Vous avez un Oncle, Ralph, qui décède et vous lègue 10 millions d’euros.

Mais pour les obtenir il va falloir suivre les instructions du testament. Il va falloir quitter votre emploi et passer deux ans à vous consacrer à des tâches (précisées plus bas). Pendant ces deux premières années vous n’avez pas l’argent sur votre compte mais vos dépenses courantes sont couvertes.

Année 1 : apprendre

Vous devez passer toute l’année à apprendre, au sens très large. Vous n’êtes pas obligé(e) d’aller à l’école, ni d’apprendre quelque chose d’académique. Il faut juste apprendre quelque chose.

Année 2 : la cause

Vous devez trouver une cause à soutenir qui aidera les gens à l’échelle de votre quartier/ville/pays/planète. Encore une fois au sens large.

Année 3 : vous avez 10 millions d’euros

Vous avez désormais les 10 millions d’euros sur votre compte. Où vivez-vous ? Avec qui ? Comment occupez-vous vos journées ? Ne vous focalisez pas votre réponse sur l’argent mais sur le temps. Peu importe comment vous dépensez votre argent, comment dépensez-vous votre temps ?

J’avais moi-même fait l’exercice et j’avais répondu :

• Année 1 : j’apprends la photo (je rigole en l’écrivant car je l’ai toujours pas fait)

• Année 2 : je m’engage dans une association contre le tabagisme (aujourd’hui je ferai plutôt une association contre les lobbys de l’alcool ou une association sur la santé mentale)

• Année 3 : je passe mon temps à écrire, enseigner et danser (et je crois que je réponds toujours ça aujourd’hui).

Ça m’avait mis une claque. Parce que… je n’étais pas du tout sur cette voie. Mon cabinet de recrutement, en admettant qu’il fonctionne à fond (ce qui n’était pas le cas)… il ne pourrait pas me permettre de passer mon temps à écrire et enseigner.

Alors que si je rejoignais la boîte de Laurent… je ferais exactement ça : écrire et enseigner sur le recrutement.

Je finis donc par le rejoindre (après plein de péripéties que je t’épargne). En me disant…bon je me refais financièrement et puis dans 1 ou 2 ans je pourrais retourner au plan de créer un blog.

Le plan a échoué…

10 ans plus tard, j’y suis encore.

Tu me diras que j’ai pas répondu à la question de base : pourquoi je garde mon CDI ?

Et bien c’est parce que, sans m’en rendre compte, j’ai réussi à y développer les 3 grands leviers de motivation.

On en parle demain, mais tu peux déjà essayer de devenir :