Le syndrome du survivant est une des erreurs de raisonnement qui m’horripile le plus.
J’appelle ça le syndrome du spermatozoïde.
C’est-à-dire que si tu demandes à des spermatozoïdes comment féconder un ovule, tu en as des millions qui vont te dire que c’est quasiment impossible. Et tu en as un, celui qui a réussi, qui va commencer à nier le rôle de la chance.
Il sera alors convaincu d’avoir une méthode. Il va te dire :
“En fait faut nager tout droit super vite, mais en récitant l’alphabet à l’envers dans sa tête”
Alors que non…il faut juste nager tout droit et laisser la chance faire.
Je suis tombé sur une chanson qui résume bien ce syndrome :
Ceux qui disent qu'on peut tous s'en sortir s'en sont déjà sorti. Cela va sans dire… j'dis pas qu'ils t'ont menti mais y'a des gens qu'la vie a déjà anéanti, qui ont pas su rebondir, sortir de l'incendie. Pas les mêmes aptitudes pour savoir faire des tunes ou des grosses études : pour certains c'est foutu.
Voilà. Je n’ai rien à rajouter. Elle est parfaite. Il a même pensé à insister sur le fait que ces gens ne mentent pas : ils sont convaincus de ce qu’ils disent.
Ah si …
Le même auteur a une strophe similaire dans un autre album :
J'voulais l'salaire à Eto'o … ils m'ont dit “faudra t'lever tôt”. J'me suis levé tôt… il caille sa mère, y a pas un euro dans l'ghetto !
Où est-ce que j’ai volé ça ?
Les deux strophes viennent de Niro.La première vient de Du temps et des lov :
La deuxième vient de Perdu :
Mouais ... Je préfère l'exemple plus commun sur ce syndrome, à savoir l'avion de chasse qui revient de raid pendant la guerre avec la carlingue abimée. Parce qu'on comprend bien que le sujet, c'est un point d evue mauvais : on regarde ce qui est abimé chez celui qui revient et on ne regarde pas ce qui est abimé chez celui qui ne revient pas. Donc si on change notre perception, on peut accomplir quelque chose (dans cet exemple, renforcer les avion sur les parties "vitales")
Dans tes exemples, je trouve que c'est triste, c'est un constat amer que "bon ba voila, en fait celui qui réussit, ba c'est juste de la chance, donc quoi que je fasse, si j'ai pas de chance tant pis pour moi ..." (comme ça que je le prends à la lecture, ça en dit peut être plus long sur moi que sur ce que tu écris :-D )
Alors qu'en fait il doit certainement y avoir une différence de perception à noter qui fait que quelque chose est changeable, non pas vers les clés du succès assuré, mais qui mène vers un autre obstacle ou il faudra de nouveau changer de perception, etc, etc ...
Alors, je ne suis pas adepte du "pour y arriver faut bosser puis bosser encore" mais tu vois, Niro c'est carrément le contre exemple, il raconte dans ses sons comment il a galéré, mais aujourd’hui il est dans le bon peloton de tête de son art, certainement parce qu'il a vu que la manière dont il voulait s'en sortir à l'époque de ce qu'il raconte ne fonctionnait pas, il a changé de perception, il a du faire des rencontres, se mettre dans un environnement adéquat, charbonner qd méme, on va pas se mentir, et donc provoquer la chance ...
Bref, je ne sais pas si c’est clair ce que je dis, mais pour moi le syndrome du survivant doit amener à changer sa perception sur ce que l'on croit comprendre au premier abord de la réussite ou de l’échec, pas nous dire, "ouais nan mais attends , ça c'était juste de la chance regarde, donc vas y pour nous c'est mort."
CQFD
(ça c’est juste pour finir de te faire tilter, cadeau)
"Syndrome du spermatozoïde"
Génial ! Je vais la ressortir celle là