Une des grandes arnaques qu’on nous vend à l’école serait que l’inceste est tabou. Ce serait même le seul tabou universel. Dans toutes les sociétés du monde, l’inceste est non seulement condamné, mais c’est une des pires choses possibles.
D’ailleurs, la psychanalyse adore gloser là-dessus :
Dans Totem et Tabou (1913), le fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, estime que le tabou de l’inceste a émergé à la suite du « meurtre du père », un événement qui aurait, selon lui, réellement existé dans un passé préhistorique très lointain.
Sauf que… si un enfant sur cinq (grand minimum) a été victime d’inceste alors c’est tout sauf rare. C’est même très commun. Dans Ce que Cécile sait, Cécile Cée aborde la question de l’inceste sur Charlotte Gainsbourg, qui a eu lieu en public. On en reparlera.
Mais ce qui est fou c’est que précisément :
Ça ait lieu en public (durant les Césars 1986 il embrasse sa fille de force, sur la bouche, et deux fois, alors qu’elle a 15 ans)
Personne ne nie l’acte, ce qui est nié c’est d’appeler ça de l’inceste
On touche au cœur du combat contre l'inceste: ce qui est tabou, ça n'est pas de le commettre, mais de le dénoncer. Il s'agit d'une révolution culturelle: apprendre collectivement à reconnaître qu'on a été éduqué•es à nier l'inceste; à ne pas repérer les red flags qui s'agitent sous notre nez en narguant notre intelligence: à donner toute la place au narratif orwellien des agresseur-euse•s, qui est indissociable de la pratique de l'inceste.1
Car c’est tout le paradoxe de l’inceste : on dit qu’on le condamne mais on condamne davantage les personnes qui le dénoncent que les personnes qui le pratiquent.
Comme le viol.
Et du coup il y a un concept similaire à la culture du viol : la culture de l’inceste.
Freud : le premier défenseur de la culture de l’inceste
J’ai toujours trouvé le complexe d’Oedipe extrêmement bizarre. Même quand je trouvais que Freud était intéressant, je n’accrochais pas à ce concept. Je ne comprenais pas comment on pouvait dire que c’est universel d’avoir envie de coucher avec sa mère et tuer son père quand on est un petit garçon.
Et de coucher avec son père et tuer sa mère quand on est une petite fille.
Ça n’a juste aucun sens. Le plus dingue c’est que Freud ait réussi à nous hypnotiser à l’échelle de masse. Comment mon professeur de philosophie de terminale a pu me répéter une telle ineptie ? Comment des milliers de professeurs peuvent répéter ça ?
Je ne connais personne qui ait eu envie de coucher avec un parent et de tuer l’autre. Mais genre personne.
Je me rappelle avoir demandé à ma psychanalyste si le complexe d’Oedipe était universel, elle avait bégayé que plus ou moins. Puis m’avait fait lire un livre de Frantz Fanon qui expliquait que le complexe d’Oedipe n’existait pas aux Antilles.
Ça m’avait suffi parce que c’est vrai : le complexe d’Oedipe n’existe pas aux Antilles. Mais c’est vrai parce que le complexe d’Oedipe n’existe nulle part.
Enfin si… dans l’esprit tordu de Freud qui fait son autopsychanalyse :
« J’ai trouvé en moi comme partout ailleurs des sentiments d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants »
C’est fou qu’on lui ait pas juste dit mais comment ça, mon reuf ?
Car… je suis désolé mais comment entendre autre chose que les mots d’un adulte qui légitime l’inceste ? En faisant croire que chaque parent a des enfants qui veulent coucher avec lui/elle… on retire de la gravité à l’inceste. Certes, c’est mal mais ça procède de ce désir inévitable. Il y a inceste mais c’est parce que tout enfant désire sexuellement un de ses parents. D’ailleurs ce n’est pas juste une construction théorique de ma part : le concept est encore aujourd’hui mobilisé pour faire taire les victimes d’inceste. On leur dit que l’inceste n’a pas existé, qu’elles racontent juste le fantasme universel qu’elles avaient enfant de coucher avec leur parent.
Ou pire, quand l’inceste est admis, le père réplique que ce sont les filles qui sont venues dans son lit…2
On devrait avoir une réaction vomitive face au concept. Surtout que, ce qui n’arrange rien, c’est le concept central de la psychanalyse.
Le complexe d'Œdipe, devenu le pivot de la théorie pulsionnelle et métapsychologique de Freud, est considéré comme le concept-clé de la psychanalyse et de ses courants dérivés.3
Rien que ça, devrait interdire à vie la pratique de la psychanalyse.
Mais… après avoir dit tout ça je vais défendre un peu Freud.
Oui, oui.
Freud a commencé sur la bonne piste
En 1886, Freud étudie à la chaire de médecine légale de Paris, où se pratiquent des autopsies publiques. Ainsi Freud découvre l'étendue des sévices commis par des adultes sur les enfants, dénoncés depuis 1860 par plusieurs médecins français: les chiffres étaient connus, tout aussi affolants qu'aujourd'hui. De retour à Vienne, il entend de toutes les «hystériques » qu'il reçoit des récits de viols incestueux. En mars 1896, il écrit que les troubles observés chez ses patientes s'expliquent par les traumas qu'elles ont vécus enfant. Tollé.4
Freud a été l’une des premières personnes à populariser ce qu’on savait déjà : il y a énormément d’incestes commis sur les enfants par des adultes.
Il va jusqu’à faire le lien entre l’hystérie et le viol incestueux. Que c’est même l’inceste qui provoque le trouble psychique.
Pour le coup, on sait aujourd’hui que c’est vrai (mis à part la dénomination hystérie).
Sauf que, l’année qui suit cette publication qui a choqué ses contemporains, Freud fait marche arrière et mobilise désormais le concept de complexe d’Oedipe.
Tu me diras… jusque là, pas de quoi avoir de la compassion pour Freud. Mais attends…
Freud a été lui-même victime d’inceste
La psychanalyse freudienne s'est rangée du côté des agresseur-euses.
Cette histoire, c'est le directeur des archives Freud, Jeffrey Masson, qui la raconte pour la première fois en 1984. Grâce au poste qu'il occupe, il découvre des lettres inédites et censurées par la fille de Freud elle-même, dans lesquelles le psychanalyste explique à son ami Wilhelm Fliess renoncer à sa théorie car « dans tous ces cas, il fallait accuser le père d'être pervers, y compris le mien».
Ce que le psychanalyste B. Clavier complète dans Ils ne savaient pas, en citant une lettre où Freud raconte que son père a contraint ses frères et sœurs à lui faire des fellations.5
Pire encore, l’ami Wilhelm Fliess, à qui Freud écrit qu’il renonce à postuler que l’hystérie découle des viols incestueux… est lui même un père incestueux, comme nous le révèlera plus tard son fils, victime. On peut donc supposer que Fliess a débattu avec Freud pour lui faire renoncer à sa théorie.
Ça n’excuse pas Freud, mais ça le remet en perspective. On reparlera du concept de victime-relais. La terminologie n’est pas officielle mais le concept est clé : l’inceste ne prospère que parce qu’une partie des victimes elles-mêmes est dans le déni et se range du côté des incesteurs.
Freud avait 7 frères et soeurs. Il nous déclare que son père les forçait à lui faire des fellations. Qui peut croire qu’il était l’épargné sur les 8 ?
Et là d’un coup, tout se réécrit. Il est normal que le petit garçon Freud ait eu envie de tuer son père qui le violait.
Il est aussi assez logique qu’il ait eu l’impression d’aimer sa mère. Car quand un couple de parents est incestueux, on a un parent complice, bras droit. Généralement la mère (puisque dans 96% des cas c’est le père qui commet l’acte physique de l’inceste-.
Cécile Cée le raconte également : elle avait avec sa mère un rapport au-delà de fusionnel. Car la mère complice obtient l’obéissance des enfants en étant d’une proximité anormale. Elle exerce un contrôle des pensées telle que l’enfant confond ça avec de l’amour fusionnel.
Note que cette partie n’est que spéculation de ma part en me fondant sur l’histoire de Cécile Cée et ce que Freud a bien voulu nous révéler. Si on s’en tient à ce que Freud dit : tout ce qu’on peut affirmer c’est que le père de Freud violait les 7 autres frères et soeurs.
Mais même dans ce cas, Freud reste une victime puisqu’il a assisté à ça. Là encore… comment ne pas avoir envie de tuer un tel père ?
Le Syndrome d’Aliénation Parentale
Il n’y a pas que Freud qui sert de caution aux parents incesteurs. Il y a aussi Gardner, qui a inventé le syndrome d’aliénation parentale :
Le syndrome d’aliénation parentale (abrégé en SAP) est une notion controversée, sans fondement scientifique, introduite par le psychiatre Richard A. Gardner au début des années 1980.
Il fait référence à un trouble dans lequel un enfant, de manière continue, rabaisserait et insulterait un parent à la suite de la manipulation de l'autre parent.
Ce syndrome apparaîtrait en raison d’une combinaison de facteurs, comprenant l’endoctrinement par l’autre parent, que ce soit de manière consciente ou de manière induite dans le cadre d'une perversion narcissique d'un des parents, et le comportement de l'enfant de dénigrement du parent ciblé.
Gardner introduit ce terme dans un article publié en 1985, décrivant un ensemble de symptômes qu’il dit avoir observés dans sa propre pratique en tant que thérapeute. La vision positive que Gardner porte sur la pédophilie influe sur les solutions qu'il préconise en matière de SAP et d'accusations d'abus sexuels.6
Ça parait lunaire mais c’est vrai : un psy faisant l’apologie de la pédophilie a été écouté pour inventer un syndrome, sans preuve, qui expliquerait que si y’a de plus en plus d’enfants qui dénoncent l’inceste de leurs pères, c’est parce qu’ils ont été endoctrinés par les mères :
Dans ses écrits, Gardner a fait l'apologie de la pédophilie. On peut ainsi lire dans True and false accusations of child sex que « la pédophilie a été considérée comme étant la norme par la vaste majorité des individus dans l'histoire du monde» et qu'il s'agit là « d'une pratique largement répandue et acceptée parmi littéralement des milliards de personne »
Selon lui - et contrairement à toute la littérature scientifique disponible à ce sujet - les abus sexuels n'auraient pas forcément des conséquences traumatisantes pour les enfants concernés, les effets dépendraient des attitudes sociales vis-à-vis de la pédophilie.Il se déclare favorable à ce que la mise à jour d'un abus sexuel ne soit pas automatiquement dénoncée aux autorités et milite pour que des fonds fédéraux soient attribués pour assister ceux qui sont accusés à tort d'abus sexuels.7
Le seul point sur lequel il a malheureusement raison c’est que c’est bien une pratique largement répandue et acceptée parmi littéralement des milliards de personne.
Car, nous disons que nous ne l’acceptons pas, mais nous défendons collectivement les pères incesteurs au lieu des mères protectrices et des enfants victimes.
On l’a vu dans l’Affaire Bétharram avec Bayrou. Je le crois sincère quand il dit qu’il ne savait pas et qu’il s’effondre quand il apprend que sa fille a été victime de violences (uniquement physiques a priori). Parce que précisément ce système fonctionne comme ça. À la fois Bayrou savait au sens où il avait tout qui se passait devant ses yeux mais à la fois il était dans le déni.
Comme nous quand on regarde Charlotte Gainsbourg se faire embrasser sur la bouche à 15 ans, se débattre pour échapper au geste de son père… et la vie continue.
Il n’y a pas d’un côté les méchants qui font l’inceste et de l’autre les gentils pas au courant. Le système de l’inceste fonctionne parce que précisément toute la société se met en marche du côté des agresseurs.
Ce que Cécile sait : journal de sortie d’inceste - Cécile Cée
On verra notamment une histoire vraie là dessus ce weekend
La page Wikipédia du concept
Ce que Cécile sait : journal de sortie d’inceste - Cécile Cée
Ce que Cécile sait : journal de sortie d’inceste - Cécile Cée
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