Je ne sais absolument pas où j’avais trouvé cette phrase. C’était dans mon app de notes à inspiration, donc ça veut dire que je l’ai copiée. Mais je ne sais plus où.
En tapant dans Google, je retrouve le concept dans une lettre ouverte de Virginie Despentes : Lettre adressée à mes amis blancs qui ne voient pas où est le problème...
Le privilège, c’est avoir le choix d’y penser, ou pas. Je ne peux pas oublier que je suis une femme. Mais je peux oublier que je suis blanche. Ça, c’est être blanche. Y penser, ou ne pas y penser, selon l’humeur.1
Je trouve que c’est une manière claire d’expliquer le problème. Surtout à des personnes qui vivent d’autres oppressions.
Effectivement, je ne me pense jamais comme homme. Vraiment. Je ne sens pas mon genre, je le connais à peine.
Quand je me regarde dans le miroir, je ne vois pas un homme. Je vois une personne.
En revanche je vois toujours une personne noire. Ça ne m’arrive pas de ne pas me sentir Noir.
Si j’oublie trop longtemps, des regards dans la rue me le rappellent bien assez tôt.
Même pas forcément le regard des personnes les plus racistes, hein ? Même une personne de gauche, si je ne la connais pas et que je la croises dans la nuit, habillé en sweat-shirt, je vais la voir tressaillir.
J’ai même une technique pour ça : je me mets à chanter une vieille chanson bien française. Genre :
Je ne sais pourquoi j'allais danser
A Saint-Jean, au musette,
Mais quand un gars m'a pris un baiser,
J'ai frissonné, j'étais chipée
Comment ne pas perdre la tête,
Serrée par des bras audacieux
Car l'on croit toujours
Aux doux mots d'amour
Quand ils sont dits avec les yeux,
Moi qui l'aimais tant
Je le trouvais le plus beau de Saint-Jean,
Je restais grisée
Je me dis qu’on peut pas être un gangster quand on chante ça.
De même… être un homme n’a pas d’impact particulier dans ma vie. Je veux dire pas d’impact négatif auquel je dois prêter attention. Au contraire, ce sont uniquement des avantages invisibles.
Par exemple, je me pose rarement la question de ma sécurité quand je suis seul dans la rue.
Alors que si j’oublie que je suis Noir et que je rentre dans un magasin mal habillé… le vigile va me suivre et je vais m’en rappeler.
D’ailleurs je me rends compte que je n’ai même pas pensé à dire que je ne sentais pas que j’étais hétérosexuel, ou cisgenre. Tellement c’est encore plus invisible pour moi.
Car en vrai, je sens un peu que je suis un homme via la virilité. Parfois d’autres hommes m’y ramènent. Alors que vraiment je ne sens jamais que je suis hétérosexuel.
Bref… voilà mes privilèges.
bah voilà j'ai la chanson en tête pour la journée !
Une fois, à un Massimo Dutti à Milan, j'ai vu le vigile me suivre dans les essayages et partout dans le magasin, et j'étais le seul client du magasin dans ce cas. J'avais oublié, je suis métis et il devait être raciste dans sa façon de faire son job.