😱😱😱 j’ai oublié d’appuyer sur « programmer l’envoi » de l’e-mail de vendredi. Le voici :
Hier je vous demandais si vous étiez pour ou contre un salaire maximal. Résultats : quasiment du 50-50.
Une question a émergé pourquoi limiter ?
Ma réponse :
Parce que la richesse produite se distribue
Il y a deux visions qui s’opposent. Première vision, la vision capitaliste qui affirme qu’il y aurait une sorte de valeur infinie qui se produirait. Donc pourquoi mettre une limite ?
Je n’ai jamais compris. D’ailleurs, plus on s’avance vers des problématiques écologiques et moins je comprends. Comme disait mon prof d’économie : les arbres ne touchent jamais le ciel.
Rien ne monte indéfiniment.
Après… bien sûr tout le débat est sur la longueur… si on peut soutenir un million d’années de croissance… ça change rien que ça soit fini ou infini.
La deuxième vision c’est de considérer que la richesse produite dans une année est fixe. Et que donc les revenus sont des parts de ce gâteau. Quand une personne prend une plus grosse part, y’a automatiquement une autre qui en prend une plus petite.
Si tu n’es pas d’accord avec ça alors le débat ne se pose même pas, en effet.
Quoique… même si tu n’es pas d’accord avec ça se pose une question qui m’habite depuis mon enfance…
Certaines personnes méritent la mort sociale ?
Pourquoi on accepte que des personnes soient à la rue ? Ou même au RSA ? Quelle est la valeur morale qui le justifie ? Parce que la personne a moins bien travaillé à l’école ? Oui enfin… on était des enfants à ce moment.
Parce que la personne apporte moins de valeur ? Déjà ça reste à prouver (on a vu pendant le covid que les gens les moins bien payés sont souvent ceux qui apportent la valeur la plus essentielle) et ensuite même en acceptant ça… ça condamne à une vie avec 500€/mois ?
Du coup certaines personnes affirment que chaque humain a un droit à une vie plus décente.
Le revenu universel
Benoît Hamon a aidé à populariser la grande idée du revenu universel.
On ne peut pas lui enlever : ça fait longtemps qu’on a pas eu une grande idée enthousiasmante à gauche.
Qu’est-ce que c’est ?
L’idée qu’une personne qui ne travaille pas va toucher un revenu de base.
Mais… pourquoi c’est une idée qui est aussi portée par la droite ?
Parce que ça dépend du montant et de la philosophie.
La droite explique qu’en supprimant les complexités des caisses de sécurité sociale, on aura plus d’argent et donc en fusionnant toutes les prestations sociales on aura plus d’argent disponible pour faire un RSA musclé.
Mais du coup on parle de quelque chose qui tourne plutôt autour de 500-700€.
Alors qu’une partie de la gauche envisage plutôt quelque chose autour de 1 000 €.
Avec l’idée de vraiment nous soulager de la menace de pauvreté.
Sauf que… le revenu universel reste fondu dans le modèle actuel
En vérité, cette notion de revenu universel se fond totalement dans le capitalisme.
Pire encore, ça peut être une roue de secours. En effet, si les entreprises savent que tout le monde a un revenu assuré de 1000€, par la collectivité, alors elles seront tentées de proposer des emplois encore plus précaires.
Surtout que 1 000€ ce n’est pas assez pour se libérer de l’obligation d’aller s’employer dans une entreprise.
En cela ça reste un méga RSA.
La différence entre travail et emploi
Bernard Friot propose une notion qui ressemble mais qui est drastiquement différente : le salaire à vie.
On acte qu’un retraité est un travailleur. Une retraitée est une travailleuse.
Les parents sont des travailleurs.
D’ailleurs, les retraité·es et les travailleurs/travailleuses accomplissent souvent une grande partie du travail permettant de s’occuper des enfants en bas âge.
Comment on peut dire que s’occuper d’un enfant n’est pas un travail ?
Ce n’est pas un emploi, certes : il n’y a pas d’employeur.
Mais c’est bien du travail.
D’ailleurs, dès qu’on confie ce travail à une nounou, il rentre magiquement dans le compte du PIB : ça devient du travail. Parce que la nounou a un employeur.
Le capitalisme insiste pour que l’on confonde travail et emploi.
La première étape est donc de se libérer de cette confusion dans nos bouches.
La révolution de la sécurité sociale
On ne se rend pas compte de ce que le régime général de sécurité sociale a de dingue : il permet d’avoir du travail libre. Du travail qui n’est pas employé.
On peut être au chômage et commencer à travailler sur ce qu’on veut. On peut être à la retraite et travailler sur ce qu’on veut. On a un salaire libre.
Selon Bernard Friot (mais je n’ai pas trouvé sa source donc à vérifier), en 1947 un ouvrier gagnait à peu près autant que le montant des allocations familiales. Ce qui veut dire que dans un couple, la moitié du revenu venait de ces allocations familiales.
On actait que s’occuper de l’enfant est un travail et non pas une activité secondaire qu’on compense avec un montant de misère.
Le salaire à vie
Bernard Friot propose donc de continuer cette victoire. De faire que tout salaire soit comme le salaire des fonctionnaires. Que tout le salaire fonctionne comme les cotisations sociales. Les fonctionnaires n’ont pas d’employeur (au sens d’une personne pouvant les licencier).
Leur salaire dépend de leur qualification.
On pourrait faire pareil avec tout le monde. Chaque personne commence avec un salaire de niveau 1. Puis, au fur et à mesure, on monte jusqu’à un niveau maximal.
Pourquoi maximal ? Parce que sinon ce n’est pas finançable.
Friot propose un premier niveau de 1500€ et un dernier de 6000€.
Alors oui… ça impose un salaire maximal. Relativement bas.
Mais en même temps… le salaire médian en France est de 2091€ avant impôt. Aujourd’hui on a donc déjà la moitié de la population qui gagne moins de 2100€.
Il faudrait faire des chiffres plus rigoureux, mais quand je demande à GPT de me dessiner grosso modo les revenus en France (en partant du RSA au lieu de partir du SMIC, pour inclure tout le monde), ça me donne ça :
Je pense que la plupart des gens surestiment énormément le revenu des 10% les plus riches.
Voilà le vrai chiffre :
Un quart des salariés touchent moins de 1 590 euros net par mois (pour un temps plein), la moitié moins de 2 000 euros. À 3 000 euros, on se situe parmi les 21 % les mieux rémunérés et à 4 000 euros, on entre dans le top 10 % des hauts salaires1
Concrètement, quelqu’un qui touche 4200€ nets avant impôts est déjà dans le top 10% des salaires.
La plupart des gens ne verront donc jamais un tel salaire.
Un niveau décidé selon les qualifications et les pénuries
Bernard Friot propose donc plusieurs niveaux : de 1500€ à 6000€ avec des strates intermédiaires.
Et, comme les fonctionnaires, ça ne dépend pas de l’emploi. On s’en fiche que tu aies un emploi ou pas. On s’en fiche que ton emploi soit prestigieux ou pas.
Ton niveau de salaire dépend de ta qualification. Ton expertise/expérience.
Une fois que tu montes d’un niveau tu ne peux plus redescendre. C’est garanti.
Avec une petite exception : on met des coups de boosts pour les activités où il manque des gens.
Il faut l’imaginer hors du capitalisme
L’erreur qu’on fait c’est de dire mais le patron qui crée de la valeur…
Alors oui… Friot est un marxiste, donc sa proposition est à imaginer en dehors du capitalisme.
On suppose qu’il n’y a plus d’entreprise capitaliste. Que toutes les organisations deviennent des coopératives (comme les mutuelles) avec les salarié·es qui possèdent leur outil de travail.
On suppose qu’il n’y a plus la course à la croissance effrénée.
Quelqu’un m’a dit et la valeur d'OpenAI comment on la calcule ?
Et bien… justement… est-ce qu’on préfère un monde où tous les humains peuvent vivre décemment mais le progrès technologique ralentit ou le monde de maintenant ?
En vrai la réponse n’est pas si évident même en étant un gauchiste comme moi. Je comprends clairement cette objection de on a besoin de tirer le progrès, si on avait pas eu de progrès on serait encore à la vapeur aujourd’hui et nos vies seraient précaires.
J’ai néanmoins un contre-argument : la plupart des scientifiques de notre monde sont très mal payé·es.
C’est la preuve qu’on peut très bien contribuer à l’avancée sans être poussé·e par un gros revenu.
D’ailleurs, de manière générale, on a plein de résultats des sciences sociales qui suggèrent que la motivation humaine ne se fonde pas principalement sur le revenu. Mais on en reparlera si un jour je te résume le livre La vérité sur ce qui nous motive.
Pour autant… je comprends l’objection.
Mais quand même… je préfère ce monde où tout le monde accepte d’être à 6000€ max en échange de ne plus avoir une seule personne dans la précarité.
Où ai-je trouvé ça ?
Tu as plein d’endroit où Bernard Friot développe sa pensée. Mais moi j’y ai été exposé pour la première fois ici :
https://www.inegalites.fr/Ou-vous-situez-vous-sur-l-echelle-des-salaires#:~:text=Un%20quart%20des%20salariés%20touchent,top%2010%20%25%20des%20hauts%20salaires.
Sur la "valeur d'OpenAI", quelques élément d'essais de réponse.
Déjà la question me parait éloignée du sujet du mail: OpenAI est un produit industriel pas un emploi?
Ensuite, si on revient aux bases du projet exposé, OpenAI va être produit, mis en oeuvre, entretenu et développé par des gens avec leurs qualifications de niveaux variés. Ces gens reçoivent leurs salaires en fonction de cette qualification.
Qu'ils travaillent pour faire fonctionner OpenAI ou des logiciels de surveillance du traffic ferroviaire ou de monitoring des urgences médicales.
Quand au hardware nécessaire, il est propriété collective des gens qui ont choisit ces fonctions.
Pour revenir au calcul du prix d'un service ou d'un produit, la encore, retour aux bases: le matériel utilisé et le travail des gens nécessaires donnent un prix. La rémunération du capital disparait.
Est-ce que ça aide à répondre à la question?
Merci Nicolas !
Merci de faire bénéficier ces idées progressistes de ton audience :-)