On est en 2020.
Personne ne se pose la question en France. Tout le monde dit le Covid.
Fun fact : alors qu’au Québec la question se posait. Une partie significative des gens disaient la covid et donc leur équivalent de l’Académie est venu trancher puis c’est l’usage féminin qui s’est imposé.
Mais l’Académie est pas contente car on lui a pas demandé son avis. Or, comme tout le monde, les académiciens s’ennuient chez eux. Alors ils vont publier une série de recommandations pour les nouveaux mots qui émergent dans cette période.
Et l’une de ces recommandation est la suivante :
Covid est l’acronyme de corona virus disease, et les sigles et acronymes ont le genre du nom qui constitue le noyau du syntagme dont ils sont une abréviation. On dit ainsi la S.N.C.F. (Société nationale des chemins de fer français) parce que le noyau de ce groupe, société, est un nom féminin, mais le C.I.O. (Comité international olympique), parce que le noyau, comité, est un nom masculin.
Quand ce syntagme est composé de mots étrangers, le même principe s’applique. On distingue ainsi le FBI, Federal Bureau of Investigation, « Bureau fédéral d’enquête », de la CIA, Central Intelligence Agency, « Agence centrale de renseignement », puisque dans un cas on traduit le mot noyau par un nom masculin, bureau, et dans l’autre, par un nom féminin, agence.
Corona virus disease – notons que l’on aurait pu préférer au nom anglais disease le nom latin morbus, de même sens et plus universel – signifie « maladie provoquée par le corona virus (“virus en forme de couronne”) ».
On devrait donc dire la covid 19, puisque le noyau est un équivalent du nom français féminin maladie. Pourquoi alors l’emploi si fréquent du masculin le covid 19 ?
Parce que, avant que cet acronyme ne se répande, on a surtout parlé du corona virus, groupe qui doit son genre, en raison des principes exposés plus haut, au nom masculin virus.
Ensuite, par métonymie, on a donné à la maladie le genre de l’agent pathogène qui la provoque. Il n’en reste pas moins que l’emploi du féminin serait préférable et qu’il n’est peut-être pas trop tard pour redonner à cet acronyme le genre qui devrait être le sien.
Alors déjà… c’est pas mal pour l’Académie ! Normalement y’a 0 argument linguistique, c’est plutôt c’est caca pas beau j’aime pas c’est pas comme quand je suis né. On va faire comme si on avait pas vu qu’ils déplorent qu’on dise pas plutôt coronavirus morbus plutôt que coronavirus disease. Genre qui va spontanément chercher des mots latins plutôt qu’anglais ? Mais si on ignore ce passage, on voit que là au moins y’a une vraie argumentation linguistique.
Bon… elle est totalement fausse… mais faut pas trop en demander.
Bah oui… l’argument ici c’est de dire que quand l’acronyme est anglais alors il prend le genre de la traduction du mot noyau. Mais alors pourquoi on dit le laser, le radar et le sonar ?
Tous les mots genrés de Laser sont féminins en français, c’est pas juste le noyau… c’est tous les mots.
Idem pour Radar et Sonar.
Donc on voit bien que la règle invoquée par l’Académie est tout sauf constante.
C’est probablement parce qu’on dit :
un rayon laser
un signal radar
un appareil sonar
Et donc le genre est attribué par métonymie, exactement comme ce que déplore l’Académie pour Covid. Un rayon laser donc un laser, comme par abréviation. Et Le coronoavirus donc le coronavirus disease.
D’ailleurs… covid n’est pas considéré comme un acronyme en français… personne ne l’écrit COVID.
De toutes façons, la règle pour genrer les mots… si on observe comment ça se passe vraiment dans le français on se rend compte que y’a plein de règles différentes.
Par exemple tous les mots venant de l’anglais en -ing sont masculins à part holding.
Mais… on dit la Hifi… mais le Wifi (même si beaucoup de gens disent aussi la Wifi).
Bref… la règle ne tient pas.
L’Académie vient trancher un débat qui n’existait pas.
Dans la vidéo y’a un échange qui me fume de rire. Bernard Pivot explique que c’est absurde de vouloir faire dire la covid, que c’est trop tard. Et la journaliste s’exclame :
- Mais c’est l’Académie frânçaiiiiiise !!!
Tu sais vraiment en prononçant le “française” avec une énorme déférence.
Notre respect de cette institution de clowns est fou.
Sachant que dans le même temps, elle proposait qu’on remplace follower par acolyte des illustres
Bah oui, forcément elle pouvait pas dire acolyte de stars car ce serait un horrible anglicisme.
Elle proposait qu’on remplace drive par point de retraite automobile.
Et qu’on remplace emoji par binette ou frimousse.
Sérieusement ?
J'ai un autre argument pour LE covid : les mots qui se finissent en id en français sont tous masculins.
Caïd, tabloïd pour ce qui se prononce pareil, mais aussi raid, nid, et même froid.