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L’amour de la haine
Je hais mon père. Je sais, ce n’est pas quelque chose que l’on dit. Et pourtant je le hais de tout mon coeur. J’ai quitté le foyer familial à 16 ans, sans aucun diplôme. Il y a toujours eu comme une aura malsaine qui se dégageait de lui, qui lui collait à la peau et me donnait l’envie de vomir. Mon père est incapable d’aimer. Mon père est vide.
Est-ce pour cela que je me suis mise à écrire ? Je viens d’ailleurs de commencer l’histoire d’une femme qui se fait trahir par l’homme qu’elle aimait et qui sombre brutalement dans la folie. Plus j’écris cette histoire et plus j’ai l’étrange sensation de toucher à quelque chose qui me dépasse.
Il est tard. Je pose mon ordinateur et mon carnet. J’écris toujours le premier jet sur mon carnet. J’ai besoin du frottement du stylo sur le papier. Écrire le premier jet sur mon ordinateur c’est comme faire l’amour avec un préservatif : ce n’est pas impossible et on peut arriver au même résultat mais il manque un petit quelque chose. En revanche, je ne pourrais plus me passer de la puissance du numérique pour retoucher et partager mes écrits.
Le téléphone sonne. Numéro inconnu. Je ne décroche pas. Le téléphone sonne. Même numéro. Je suis fatiguée. Le téléphone sonne. Que le répondeur fasse son travail !
Mon père est à l’hôpital. Je n’ai pas compris ce qu’il avait car le message vocal était très mal enregistré. Mais je me rue vers l’hôpital. Pourquoi ? Je n’en ai pas la moindre idée. Tout ce que je sais c’est qu’il n’a pas le droit de mourir dans mon dos. Je le hais.