Il y a quelques années, je me suis lancé dans un projet marrant avec Sully Banaias qui m’a proposé le jeu suivant :
Il fait une photo. Il me l’envoie. Et dès que je l’ouvre je dois écrire un texte, sans réfléchir, sans m’arrêter, dans la foulée. On continue jusqu’à ce qu’on se fatigue. Ça avait donné une histoire inachevée en 16 épisodes.
Du coup je me dis que ça peut être pas mal de te refaire découvrir ça. Bon… si tu me suis depuis plusieurs années, je m’excuse par avance : tu as déjà lu cette histoire.
Mais à l’époque je n’avais pas l’Atelier. Donc j’aimerais bien vous faire découvrir les premiers épisodes. Mais aussi profiter des fonctionnalités de l’outil pour en faire une interaction démocratique.
Chaque fin d’épisode je proposerai un sondage “on continue ou pas”. Si les oui l’emportent, je continue, si les non l’emportent, j’arrête.
Ne soyez pas timide, les réponses sont anonymes. Le but c’est justement que ça s’arrête quand l’intérêt retombe. Comme ça, si je décide de reprendre l’histoire je peux revenir à l’épisode où ça devient plus mou et recommencer à partir de ça.
Voilà donc le premier épisode.
Le fantôme et son assassin
Je n’en peux plus ! J’étouffe, je me noie, je me consume. Qui va m’aider ? Personne puisque j’ai l’air si heureux. Ma femme est magnifique, ma voiture fait baver les passants, ma réussite crève les yeux des envieux.
Oui mais pour en arriver là, je l’ai tuée. Pour briller je l’ai éteinte. Des pensées morbides me traversent. Mais je ne suis ni assez courageux, ni assez lâche pour mettre fin à mes jours. Je m’endors.
Voici déjà un mois que j’ai tout abandonné pour partir sur les traces de son fantôme. Je n’ai plus rien. Moi qui suis habitué au plus grand luxe, je n’ai plus rien.
Je sors mes talismans de ma poche. Ils sont tout ce qu’il me reste. Les premiers francs que j’ai gagné dans ma vie précoce d’homme d’affaires et que je conserve jalousement, ma double croix de demi-chrétien et un bout de Madras. Un bout de son Madras.
Je cherche son fantôme car je me suis perdu. C’est un fantôme car je nous ai perdus. Je n’ai plus d’avenir parce que je ne supporte plus ce passé.
Quant au présent ? Laissez-moi pleurer en attendant la vie… ou la mort