La peur des antidépresseurs
C’est tellement bizarre le rapport qu’on a aux médicaments permettant de lutter contre la dépression.
On boit de l’alcool sans problème alors que c’est extrêmement nocifs, on fume…
Et pourtant on a ce discours de méfiance envers ces médicaments.
On était à Berlin, entre gens qui allaient prendre des pills tous les week-ends, mais qui avaient des problèmes avec le fait de prendre des médicaments [antidépresseurs].
Mes amis pensaient bien faire de me dire: Arrête de prendre des médicaments, c'est ça qui t'a mis comme ça, etc. Et je me suis laissée, pour la première fois de ma vie, je pense, complètement influencée dans ce sens-là parce que j'étais tellement désespérée que je cherchais des explications aussi.
Propos tirés du reportage d’Arte :
Or… les médicaments sont un des traitements les plus adaptés aux dépressions sévères.
Car on ne traite pas pareil une dépression légère, modérée ou sévère.
Attention, je ne fais pas l’injonction inverse en te disant : faut absolument que tu prennes des médicaments. J’ai fait des dépressions sévères où je n’ai pas recouru aux médicaments.
C’est possible.
Mais c’est un choix qu’il faut faire de manière éclairée, et non par influence d’un entourage qui n’a pas à vivre la dépression.
Voici un extrait du guide antidépression que j’ai partagé la semaine dernière :
Parmi les changements physiques les plus importants associés à la dépression, mentionnons un sommeil perturbé. Habituellement, il s’agit d’une incapacité à dormir suffisamment, que ce soit parce que la personne éprouve de la difficulté à s’endormir, se réveille fréquemment la nuit ou se réveille bien trop tôt.
Parfois, la personne dort trop, souvent pour trouver refuge dans le sommeil ou parce que la fatigue est si persistante que la personne ne semble pas pouvoir assez dormir. Lorsque le sommeil est non réparateur – c’est-à-dire que la personne ne se réveille pas dispose et bien reposée – il lui est plus difficile de faire face à la nouvelle journée et de surmonter ses problèmes. Les personnes déprimées sentent souvent qu’elles manquent d’énergie et les activités quotidiennes les épuisent.
Une théorie sur la dépression suggère qu’elle serait causée par des modifications au niveau du fonctionnement du cerveau, un « déséquilibre chimique ». La recherche a démontré que chez certaines personnes déprimées, il y avait des neurotransmetteurs moins actifs dans le cerveau. On ne sait pas si ces changements au niveau de la chimie du cerveau sont une cause fréquente de dépression. Nous savons toutefois que la dépression est souvent associée à des changements au niveau de la chimie du cerveau.
En raison des changements physiologiques causés par la dépression, la personne déprimée a plus de difficulté à surmonter les problèmes de la vie quotidienne et même à suivre les étapes d’un programme d’autosoins de la dépression comme celui-ci.
Les médicaments antidépresseurs permettent souvent de rendre au sommeil sa qualité réparatrice et de fournir l’énergie dont vous avez besoin pour apprendre activement et mettre à l’essai les nouvelles stratégies qui vous permettront de surmonter la dépression.
Quelques points à avoir en tête
Toujours issu du même guide :
Différents médicaments sont efficaces pour différentes personnes.
Il faut parfois du temps pour trouver le médicament (ou la combinaison de médicaments) qui donne de bons résultats pour une personne tout en ne causant pas trop d’effets secondaires.
N’arrêtez jamais un médicament soudainement.
Certaines personnes ressentent des symptômes désagréables lorsqu’elles cessent la médication. Si vous voulez arrêter de prendre un médicament, consultez votre médecin traitant. De façon générale, vous devrez réduire progressivement la dose du médicament.
Un traitement pharmacologique à long terme est bénéfique pour certaines personnes.
Pour certaines personnes, les médicaments antidépresseurs continuent à avoir des effets bénéfiques à long terme. La plupart des personnes prennent les médicaments pendant un certain temps pour leur donner la force de réaliser des changements positifs dans leur vie. Éventuellement, ces personnes réduisent la dose du médicament et arrêtent graduellement de le prendre.
Il peut être tentant d’arrêter de prendre la médication dès que vous ressentez l’amélioration que vous recherchez.
Mais cela ne fera que faire revenir le problème. Il vaut mieux continuer à prendre le médicament jusqu’à ce que votre humeur soit demeurée stable pendant un certain temps. La dose peut être réduite graduellement pendant que votre humeur continue d’être surveillée.
La métaphore de la béquille
Une proche à moi m’a raconté comment sa psychiatre lui avait expliqué les médicaments antidépresseurs. Je ne sais pas quelle est la solidité scientifique du propos car c’est une vulgarisation mais ça m’avait aidé à aborder le sujet différemment.
Les antidépresseurs vont aider ton cerveau à secréter à nouveau de la sérotonine. Mais y’a trois cas de figure :
Soit tu en prends sur une période et ça relance la production comme un massage cardiaque. Puis tu n’en as plus jamais besoin.
Soit tu en prends et ça relance la production mais elle rechute par la suite. Et donc tu dois en prendre par exemple tous les 2-3 ans.
Soit ton cerveau n’arrive jamais à relancer la production et dans ce cas tu en prends quasi en permanence, comme la pilule contraceptive
Chaque personne aura besoin d’une combinaison différentes
Dans le reportage d’Arte une pychiatre explique :
Il y a une période où les médicaments peuvent aider à passer un cap très important avant d'entamer des psychothérapies qui vont plutôt aborder le fond des choses pour arriver à éviter de faire une rechute, par exemple, ou pour consolider des éléments de fragilité, de vulnérabilité.
Mais quand on est trop souffrant, on ne peut pas forcément attaquer tout de suite des choses qui demandent une disponibilité d'esprit suffisante.
Guérir totalement à partir du moment où on a trouvé le traitement qui fonctionne c'est six mois.
Il faut essayer de le prendre à la bonne dose. Si on a l'impression que ça ne marche absolument pas, il faut le dire à son médecin. Et là, pourquoi pas, vérifier la concentration plasmatique du traitement, vérifier qu'on ne l'a pas oublié trop souvent, essayer de noter chez soi les transformations qu'on a vues sous traitement, qu'elles soient positives ou négatives.
(…)
On parle de quarantaine, cinquantaine de molécules qu'on peut combiner quasiment à l'infini entre elles.