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Je vous réponds #2
Il y a une dizaine de jours je vous ai proposé de poser les questions que vous vouliez. En anonyme ou pas. J’ai déjà répondu à une première partie ici :
Nous voici partis pour une seconde partie :
J’ai rarement rencontré quelqu’un qui à la fois est très à gauche sur le plan idéologique et à l'esprit “entrepreneurial” (que je considère souvent associé à la droite). Pourtant, tu existes. Est-ce que tu as aussi l’impression que ton positionnement est rare ?
Ahah, ce n’est pas la première fois qu’on me fait cette remarque. Je confirme que c’est rare.
J’avais déjà analysé en détail le rapport entre militer à gauche et l’argent :
Maintenant, pour répondre directement à la question, je pense que c’est rare parce que j’ai été immergé dans une conjonction rare : j’ai fait une école de commerce sans basculer à droite.
Ça donne toute de suite une autre vision du monde : je sais que les élites n’ont rien de plus que nous. J’ai fait leur école, j’en ai vu le vide. J’ai compris qu’une des choses qui faisaient leur pouvoir c’était précisément un rapport différent à l’argent.
L’autre hasard c’est que je suis tombé dans la biographie de Steve Jobs. Presque par hasard. J’ai été frappé de plein fouet par la philosophie de la Silicon Valley. Cette idée que donner la technologie à tout le monde nous évite de nous retrouver dans une dystopie à la 1984. Cette idée qu’Apple a affirmé avec force :
Or, pour y arriver il faut de l’argent.
Tu n’as que deux choix : rentrer dans la marge ou jouer au jeu du système. Certaines personnes choisissent le pire. Un troisième choix : bouder. Aller s’employer pour une grande entreprise, ne pas avoir le temps de militer, mais pester sur les gens qui s’enrichissent à gauche.
Voilà pourquoi j’essaie à la fois de créer une activité viable financièrement tout en pensant à gauche.
Je pense que ça vient également de mon sens du pragmatisme. J’ai beaucoup de défauts mais je n’ai pas celui de manquer de sens de la stratégie. Je rencontre beaucoup de personnes qui m’ont l’air perdues. Surtout à gauche car il y a davantage d’idéalistes.
Par exemple, la primaire de gauche qui se dit que pour gagner la présidentielle il faut passer 3 mois à taper sur la gauche…
Ou de manière générale toutes les personnes qui croient qu’on peut gagner une guerre en planifiant de perdre des batailles. Avec des coups de billard à trois bandes.
Pourquoi je te parle de pragmatisme ? Parce que c’est ce qui me permet de composer avec ma réalité. Si j’étais dictateur alors tout le monde aurait un salaire à vie entre 1500 et 6000€. Mais ce n’est pas le cas. Alors en attendant je ne vais pas accepter de perdre au jeu capitaliste sous prétexte que je le vomis.
Mais qu’est-ce que tu croyais ? Qu’on allait rester là à se laisser noyer ? Ben voyons, ici chacun avance selon ses moyens.
Enfin… je pense qu’être Noir descendant d’esclaves joue également. Une forme d’envie de ne pas être à nouveau le dindon de la farce. Mes ancêtres l’ont été, ça ne peut pas être éternel.
Je crois que c’est cette flamme qui me pousse à vouloir un monde plus juste (selon mon idéologie). Car, au final, je n’ai aucun intérêt individuel à être de gauche. Si Mélenchon avait gagné, mes impôts auraient probablement augmenté.
Mais ce n’est pas pour moi que je veux un monde plus juste économiquement : c’est par haine des hiérarchies sociales.
À quand une grosse soirée IRL de l’atelier avec un thème et pourquoi pas cagnotte, concours ou tombola pour couvrir les frais (lol) ?
Ahaha bah ça fait bien le lien avec la question précédente : dans aucun monde je ne me fatigue à organiser un truc qui rapporte 0. En tout cas ça ne sera jamais l’objectif. Si je travaille, je m’arrange pour que je puisse gagner de l’argent.
Soit c’est un investissement dans quelque chose (ici la communauté) et donc je le fais totalement gratuit et j’encaisse la petite perte, soit c’est un produit en soi et donc je fais payer un vrai ticket d’entrée.
Mais jamais entre les deux.
Du coup, pour répondre : je ne suis pas trop soirée en mode on boit des bières. C’est un truc de gens extravertis. Mais peut-être qu’un de ces quatre on fait une soirée loup-garou ?
Ou alors option événement plus qualitatif et je fais une conférence avec un ticket d’entrée.
Je ne sais pas encore..
As-tu déjà lu The Hate U Give et Concrete Rose ? Si oui, qu’en as-tu pensé ?
Non. Je ne lis quasiment pas de fiction. Mais le titre me fait penser à une strophe de Booba :
Ma jeunesse a la couleur des trains, RER C
Pendant l’trajet j’rêvais de percer.
Fier d’en être un
On cultive sa haine anti-flics ou gendarmes
Alors on devient des boss du maniement d’armes
Mon peuple anéanti
Temporaire seulement jusqu’à la rébellion de l’Afrique et des Antilles
C'est neuf ze-dou nous
On est p’tits, on veut niquer Paris, on connaît rien nous
Et y’a plein d’trucs à prendre, et puis t’apprends vite avec les coups
Reviens avec tes couilles, tes potes frappent avec les coudes
C’est pousser comme une ortie parmi les roses
Et ils sont trop alors j’appelle mes khos (frères) les ronces
C’est un état d’esprit, ne plie que si les pissenlits j’bouffe
Ne reçois d’ordres ni des keufs, ni des profs Haineux
De chez nous vient le mot vénéneux
La rue conseille, la juge te console souvent
Drogue douce ou c’est le bug, la rue t’élève et te tue
Où trouves-tu l'inspiration pour tes sujets ?
Ça n’existe pas l’inspiration, c’est un truc qu’on dit aux personnes qui débutent pour ne pas les décourager. Une légende urbaine.
Je ne me rappelle plus du nom de l’écrivain à qui on avait poser la même question et il avait répondu un truc du style : l’inspiration vient à moi tous les matins à 08h00 du matin quand je m’assieds devant mon bureau.
Ah bah j’ai retrouvé :
Someone once asked Somerset Maugham if he wrote on a schedule or only when struck by inspiration.
"I write only when inspiration strikes," he replied.
"Fortunately it strikes every morning at nine o'clock sharp."
That's a pro.
=> Un jour quelqu’un a demandé à Somerset Maugham s’il écrivait avec un emploi du temps ou seulement quand il était avait de l’inspiration. Il a répondu :
J’écris uniquement quand je suis frappé par l’inspiration… heureusement elle me frappe chaque matin à 09h00 tapantes.
Voilà ce qu’est un pro.
Mais, si la question c’est quelles sont mes sources… j’ai ce que les publicitaires appellent un Swipe File, c’est à dire un endroit où je balance tous les bouts de trucs que j’aime bien. Voilà à quoi ça ressemble :
J’ai ainsi des centaines de départs d’idée pour un email. Ça peut être une pensée que j’ai pendant la journée, un bout de livre, une conférence…
Puis, quand je veux écrire, je parcours mon application. Et, selon mon humeur, certaines idées vont “m’inspirer” plus que d’autres. Voilà pourquoi il faut en mettre plein. Parfois j’en lis 50 avant d’en trouver une qui me chauffe. Parfois j’en lis deux. Parfois j’en lis 200.
Il arrive régulièrement que tu donnes des références de livres, et chaque fois c’est yes !!! et grand Merci.Mais …. ils sont en anglais…lorsque tu auras des refs intéressantes en français pourras tu nous les soumettre ?
Ahaha désolé. Malheureusement il y a beaucoup plus de livres en anglais pour qui veut apprendre des choses. Je recommande fortement de s’y mettre, de se faire violence, ça vaut le coup.
90% du temps, les livres que je lis n’ont pas de traduction. Ce n’est pas par sadisme que je vous les partage en anglais, c’est parce qu’il n’y a pas de version française à ma connaissance au moment où je partage.
Mais vraiment j’insiste : c’est une compétence très rentable. Une partie des revenus que je fais viennent du fait que les gens ne veulent pas lire en anglais, que ce soient les formations de l’Atelier mais aussi celles que je donne dans mon entreprise.