Il faut APPRENDRE à se disputer
On continue sur notre lancée de résumer l’article : 1,500 People Give All the Relationship Advice You’ll Ever Need de Mark Manson. Cette fois-ci avec l’autre concept qui m’a marqué : apprendre à se disputer.
J’ai l’impression que chaque personne est un peu livrée à elle-même sur ce sujet. Personne ne nous prépare au fait que la vie de couple comprend une série de disputes.
On a l’impression qu’un truc cloche chez nous et on en parle pas forcément. Mais la vérité c’est que la plupart des couples se disputent. Pire encore, j’ai dit que c’était une série de disputes. Mais en fait c’est plutôt une seule dispute en série.
Il y a un nombre très limité de sujets :
69% des disputes d'un couple typique sont perpétuelles, basées sur des différences fondamentales, et ne peuvent pas être résolues - un couple compétent comprend cela et s'abstient de s'engager dans ces disputes encore et encore.1
Cette statistique est tirée des recherches d’un spécialiste du sujet qui s’appelle Gottman et qui a passé sa vie à étudier les couples. Mais ses découvertes ne s’arrêtent pas là :
Ce qui est le plus intéressant dans les recherches de Gottman, c'est que les éléments qui conduisent au divorce ne sont pas nécessairement ceux que l'on pourrait imaginer. Il a constaté que les couples qui réussissent, tout comme ceux qui échouent, se disputent régulièrement. Et certains d'entre eux se disputent même violemment.
Gottman a réussi à identifier quatre caractéristiques d'un couple qui tendent à conduire au divorce (ou à la rupture). Dans ses livres, il les appelle les « quatre cavaliers » de l'apocalypse relationnelle.
Critiquer le caractère intrinsèque de son partenaire (« tu es tellement stupide » ou « ce que tu as fait est stupide »).
L'attitude défensive (qui consiste à rejeter la responsabilité sur autrui : « Je n'aurais pas fait ça si tu n'étais pas toujours en retard »).
Le mépris (rabaisser son partenaire et lui donner un sentiment d'infériorité).
L'obstruction (se retirer d'une discussion et ignorer son partenaire).
Malheureusement, je pense que je monte très aisément sur les deux cavaliers du milieu : l’attitude défensive consistant à me concentrer sur la responsabilité de l’autre et le mépris (même si je ne le fais pas exprès.
Quelques conseils pour la dispute
Voici un extrait des conseils donnés par les lecteurs de Mark Manson :
N'insultez jamais votre partenaire et ne le traitez jamais de tous les noms. En d'autres termes : haïssez le péché, aimez le pécheur. Les recherches de Gottman ont montré que le « mépris » - le fait de rabaisser et d'humilier un partenaire - est le principal facteur de prédiction du divorce.
N'invoquez pas les disputes ou les conflits antérieurs dans les disputes ou les conflits actuels. Cela ne résout rien et ne fait que rendre la dispute deux fois plus grave qu'elle ne l'était auparavant. Oui, vous avez oublié de faire des courses en rentrant chez vous, mais quel est le rapport entre le fait qu'il ait été grossier avec votre mère lors du dernier Noël et cette situation ?
Si les choses s'enveniment, faites une pause. Retirez-vous de la situation et revenez-y lorsque les émotions se seront un peu calmées. C'est un point important pour moi personnellement - parfois, lorsque les choses deviennent intenses avec ma femme, je me sens dépassé et je m'en vais. En général, je fais deux ou trois fois le tour du pâté de maisons et je me laisse aller à la colère pendant un moment. Puis je reviens, nous sommes tous les deux un peu plus calmes et nous pouvons reprendre la discussion sur un ton plus conciliant.
N'oubliez pas qu'il n'est pas aussi important d'avoir « raison » que de se sentir respecté·e et entendu·e. Vous pouvez très bien avoir raison, mais si vous avez raison d'une manière telle que votre partenaire ne se sent pas aimé, il n'y a pas de véritable gagnant.
La compétence alternative : LE PARDON
Forcément si y’a dispute faut apprendre à pardonner.
Lorsqu'une dispute est terminée, elle est terminée. Certains couples sont allés jusqu'à en faire la règle d'or de leur relation. Lorsque vous avez fini de vous disputer, peu importe qui avait raison et qui avait tort, peu importe que quelqu'un ait été méchant et quelqu'un ait été gentil, c'est fini. Et vous devez tous les deux accepter d'en rester là et de ne pas en parler tous les mois pendant les cent prochaines années.
Il n'y a pas de tableau de score. Personne n'essaie de « gagner ». Il n'y a pas de « Tu me dois ceci parce que tu as raté la lessive la semaine dernière » ; il n'y a pas de « J'ai toujours raison sur les questions financières, alors tu devrais m'écouter » ; il n'y a pas de « Je lui ai acheté trois cadeaux et elle ne m'a fait qu'une seule faveur ». Dans la relation, tout doit être donné et fait sans condition, c'est-à-dire sans attente de récompense ni manipulation des sentiments.
Lorsque votre partenaire fait une erreur, vous séparez les intentions du comportement. Vous reconnaissez ce que vous aimez et admirez chez cette personne et comprenez qu'elle faisait simplement de son mieux et qu'elle s'est trompée par ignorance. Ce n'est pas parce qu'elle est mauvaise, ni parce qu'elle vous déteste secrètement et veut divorcer, ni parce que quelqu'un d'autre l'éloigne de vous. C'est une bonne personne - c'est pourquoi vous êtes avec lui/elle. Si vous perdez votre foi en sa bonté, vous commencerez à éroder votre foi en vous-même.
Je mets un bémol au dernier conseil : parfois tu es dans une relation qui devrait s’arrêter. Parfois tu es également face à une personne qui, sciemment, te fait du mal.
Voici le violentomètre, un outil créé par les féministes pour vérifier si ce n’est pas le moment de protéger son intégrité physique et/ou émotionnelle
Et je mets un bémol sur le bémol sur l’item : pète les plombs lorsque quelque chose lui déplaît.
Un meltdown autistique peut très facilement être confondu avec un “pétage de plomb”. Mais ça ne l’est pas. C’est une situation qui doit être comprise et traitée différemment. Ça ne veut absolument pas dire que tu dois subir des violences de la part de la personne. Ça veut dire qu’il faut apprendre à ne pas en arriver là et à comprendre que c’est pas parce que quelque chose lui déplaît. Mais plutôt parce qu’il est en surcharge sensorielle.
Surfer les vagues
C’est probablement le conseil le plus dur à formuler. D’un côté j’ai envie de te dire y’a des hauts et des bas et il faut apprendre à gérer les bas.
D’un autre côté j’ai envie de te dire : attention, il y a des bas qui ne sont pas normaux et qui indiquent qu’il faut s’arrêter.
Je crois que la chose qui m’a le plus aidé c’est de dépersonnaliser. De comprendre que parfois tu n’es pas vraiment la personne visée par la dispute ou la mauvaise humeur.
Que tu n’as pas besoin de regagner l’amour en lui redonnant sa bonne humeur, que c’est okay de juste l’accompagner dans sa mauvaise humeur.
Bien sûr ça suppose que tu ne sois pas vraiment la personne visée. Encore une fois, si tu es face à quelqu’un qui te fait sciemment du mal c’est un autre sujet.
On parle beaucoup du concept de donner de l’espace à l’autre. Et c’est un bon conseil, parfois on oublie qu’il faut juste laisser du temps aux deux individus pour continuer à être des individus et ne plus être la fusion du couple.
Mais parfois il faut aussi donner de la proximité à l’autre. Juste pour l’aider à passer sa mauvaise phase.
Donner de l’espace
Revenons sur cette notion : parfois les disputes viennent du fait que les individus du couple n’ont pas assez d’autonomie.
Les gens ont chanté les louanges des comptes bancaires séparés, des amis et des passe-temps différents, des vacances séparées l'un de l'autre chaque année (ce qui a été un point important dans ma propre relation). Certains sont même allés jusqu'à recommander des salles de bains et des chambres séparées.
Avec le peu d’expérience que j’ai, je ne dirai même pas aller jusqu’à des chambres séparées. Aujourd’hui je suis convaincu que pour énormément de personnes c’est en réalité une nécessité. Mais une nécessité qu’elles n’osent pas s’avouer car c’est encore peu répandu dans la sagesse populaire.
Bien sûr, ça demande d’avoir le budget pour… mais je pense même que l’idéal c’est d’avoir des logements séparés. Ne serait-ce que pour que le mec cis du couple (s’il existe) apprenne à s’occuper intégralement d’un espace et devenir compétent en tâches ménagères.
Ne serait-ce que pour prendre du plaisir à se retrouver et décider consciemment quand on se retrouve.
Et… ne serait-ce que pour dormir correctement. Qui aime vraiment dormir à deux ? Je sais que ces gens existent, mais de mon expérience ils et elles sont genre 30% et ils nous font la loi alors qu’on est la majorité.
Révoltons-nous.
Ou, en version vidéo :