Hier on a fait une expérience ensemble. Je vous ai demandé ce que vous pensiez de l’affirmation “les gens font généralement de leur mieux”. Sous cette formulation :
Les gens font généralement de leur mieux. Sur une échelle de -10 à +10, à quel point êtes-vous d'accord avec cette affirmation ?
Globalement vous êtes d’accord avec l’affirmation
J’ai été étonné : je m’attendais à bien plus de réponses avec un chiffre négatif.
Vous avez été 33 à répondre un chiffre exploitable. Et, la moyenne de vos réponses est : +5,2.
Et, surtout, la médiane est de +7. Ce qui veut dire que la moitié d’entre vous ont répondu 7 ou plus (l’autre moitié a répondu 7 ou moins).
La réponse la plus donnée, de loin, est +10 (9 personnes), suivi par le 0 et le 7 (5 personnes dans les deux cas).
D’ailleurs c’est marrant, j’ai lu une fois que le 7 était souvent un choix par défaut, de manière générale quand on avait une échelle de 1 à 10. L’auteur recommandait d’interdire cette réponse :
“Sur une échelle de 1 à 10, le 7 étant exclu, est-ce que vous me recommanderiez d’embaucher untel ?”
Donc on peut dire que globalement vous êtes d’accord. Il y a seulement 3 réponses négatives en plus des 5 zéros.
Donc à peine 10% d’entre vous s’affirment clairement en désaccord.
Les gens qui disent “je suis optimiste” sont les plus pessimistes
Ce phénomène est très amusant : les seules personnes qui ont écrit “je suis optimiste” ou un dérivé, font partie des scores les plus bas.
-6 parce que je suis généreux.
2 points parce que j’aime être optimiste 😊😜
À l’inverse, aucune des neufs personnes qui ont répondu la note maximale n’a éprouvé le besoin de rajouter “je suis optimiste/généreux”.
Quelques unes de vos réponses
La réponse quantique : ce qui existe est le pire et le meilleur car il ne peut être comparé à rien d’autre. Vu que “autre chose” c’est le néant.
+10 - les gens font toujours de leur mieux même si leur mieux peut être considéré comme nul. A un instant T, avec leur niveau d'énergie / de compétences / de contraintes extérieures et considérant leurs valeurs, ils ont juste fait. Et c'était le mieux qu'ils puissent faire dans leur système, c'était aussi le pire qu'ils puissent faire. En fait, peut on réellement en juger à partir du moment où un seul scenario est réel ? Et le mieux de quelqu'un ne peut-il pas aussi être le pire de quelqu'un d'autre ?
Vous avez été beaucoup à amener la notion de motivation :
+7. Je suis partagée... J'aurai tendance à me dire que les gens font toujours leur maximum. Et en même temps est-ce que la plupart ne font pas de leur mieux uniquement quand le sujet les motive particulièrement ou qu'ils ont un intérêt? Parce qu'il faut aussi reconnaître que dans le cas contraire certains se contentent de faire le minimum syndical.
La réponse “ça dépend des gens…c’est super variable… je ne connais que mon propre chiffre”
+2 pour "les gens"
+7 pour moi (parce que tout récemment j'aurais encore pu mieux faire et j'ai des regrets)
Probablement ce que j’aurais répondu moi-même :
Tellement bon sujet : +10 je suis d'accord avec cette affirmation.
Chaque acte, chaque décision, chaque parole, tout est biaisé par mon conditionnement, mes croyances, mon histoire personnelle, mon éducation, mes limites, mes peurs. Ce que je fais au moment où je le fait, c'est ce que je peux proposer de meilleur au monde, à cet instant donné.
Vous avez été plusieurs à sous-entendre qu’il existait des personnes qui étaient malveillantes. Mais minoritaires.
+5. On fait du mieux avec ce qu'on a à un moment T globalement, après on constate beaucoup de problèmes et de n'importe quoi générés par le fait de "je fais de mon mieux mais vis à vis de mon propre intérêt et de ce que je veux moi sans aucune considération pour autrui".
Je laisse un score positif parce qu'en général l'humain est bien intentionné, parfois négligent, parfois n'a pas les bons éléments ni les bonnes conditions (mentales, matérielles), et que c'est vraiment une minorité qui fait l'inverse/est néfaste.
Si tu veux voir les autres réponses (ou rajouter la tienne) tu peux le faire par ici :
Pourquoi je vous ai posé la question ?
Selon Brené Brown, chercheuse en sciences sociales, la réponse à cette question est directement corrélé avec la faculté à être heureux.
Selon elle, les gens qui pensent que les autres font généralement de leur mieux mènent une vie plus heureuse. En l’écoutant, j'ai été frappé par cette affirmation car depuis que je suis tout petit je m'étonne qu'on puisse penser l'inverse. Cette croyance est ancrée en moi.
La croyance que les gens font de leur mieux avec les cartes qu'ils ont. J’ai l’impression que les taxer de méchants, imbéciles... est une simplification du monde qui obscurcit la perception plus qu'elle ne la clarifie.
"Je n'oublie pas que quand je parle avec un con il est peut-être en train de faire pareil".
Elle appelle ça l'hypothèse de la générosité : "quelle est la présomption la plus généreuse que je peux faire à propos des intentions de cette personne ?".
Il ne s'agit pas de naïveté mais de lutter contre les dérives de notre perception. Quelqu'un qui ne vous sourit pas, peut-être qu'il vous déteste et prépare en secret votre assassinat. Mais peut-être aussi simplement qu'il est fatigué aujourd'hui. Sans compter la prophétie auto-réalisatrice : plus vous vous attendez au meilleur des gens et plus ils vous le donnent.
Ça permet aussi d’éviter de penser le monde en méchants et gentils. Même la personne la plus méchante fait du mieux qu’elle peut avec les cartes qu’elle a.
Brené Brown ne dit pas si c’est vrai ou pas. On peut débattre de la véracité. C’est peut-être trop optimiste ?
Ce qu’elle dit c’est que cette croyance rend heureux.
Cette croyance aide à l’indulgence
Contrairement à ce qui est arrivé hier, Brené Brown a obtenu des résultats très partagé sur la question. La moitié a répond oui, la moitié a répondu non.
En même temps, peut-être que c’était une mauvaise idée de ma part de rajouter une échelle en -10 et +10. Ça a peut-être perturbé les résultats. Quelqu’un qui a répondu “+2” aurait peut-être répondu “non”, par exemple.
“Elle a découvert que les personnes qui avaient répondu oui à la question étaient des personnes extrêmement compatissantes et capables de fixer des limites. C’est-à-dire pouvoir être clair sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.
Ces personnes éprouvent beaucoup de compassion car elles ne s’exposent pas aux abus des autres. Elles ont répondu “oui” à la question “penses-tu que les gens font du mieux qu’ils peuvent ?” parce qu’elles connaissent et respectent leur propres limites.”
Inversement, les personnes qui avaient répondu “non” à la question étaient du genre à s’exposer aux abus des autres. Elles avaient donc vécu des blessures et, quand elles répondent non, elles pensent aux personnes qui les ont blessé. Par conséquent, elles éprouvaient plus de difficultés à avoir de la compassion.
En effet, comment pardonner facilement aux autres quand on se dit qu’ils auraient pu faire mieux ?
Voilà qui résout mon mystère
Comme je te disais : j’ai toujours été choqué qu’on puisse répondre non à cette question. Mais j’ai aussi remarqué que quand les gens me racontent des abus qu’ils ont vécu, je me demande toujours par exemple “comment ça se fait que moi j’ai jamais un manager qui me crie dessus”. Et intuitivement je me dis que c’est parce qu’on sait que je riposte, vertement. Donc on m’attaque rarement.
Et…apparemment, c’est lié. Plus tu mets des limites autour de toi et plus tu auras tendance à penser que les gens font de leur mieux.
Une sorte d’optimisme généré par cette bulle de défense qui ne laisse pas les gens donner le moins bon d’eux-même autour de toi.
Ça m’a bluffé. Un mystère de moins dans ma vie.
Où est-ce que j’ai volé ça ?
Brené Brown résume sa recherche ici :
Et j’ai moi-même été traduire et paraphraser ce résumé, pour l’avant-dernière partie :
En fait, tu as entièrement raison, avec mon +2 si tu avais posé la question en oui ou non, il est fort probable que j'aurais répondu non !
Alors c'est trop drôle, parce que j'ai eu un débat sur la volonté l'autre jour avec ma mère et ma sœur, et ma position était qu'il y avait tout un continuum de ce qu'on appelle la "volonté" chez les gens, sur une échelle de "je me mets des barrières" à "rambo", en passant par "je laisse tomber à la première difficulté"... Mais que ça n'était pas grave.
Ça n'empêche pas d'être heureux ni de vivre sa vie. Pourquoi se mettre des objectifs et vouloir les atteindre en se mettant en difficulté quand on peut tout aussi bien rester confortable ?
Par ailleurs, qu'on n'était pas tous égaux devant "la volonté", sur le plan biologique et social.
Donc si tu me dis "les gens font généralement de leur mieux", je te réponds "non, sur le plan de leurs potentialités mais il n'en sont pas responsables".
Alors après, ça demande un gros effort de définition de "faire de son mieux" et de "volonté". S'il s'avère en fait que la volonté peut être définie comme une potentialité (ou même une capacité), alors je à ta question je répondrai peut-être "oui".