Comment naviguer dans le monde des gens normaux ?
Pendant longtemps je me suis senti comme un extraterrestre. Comme Eminem le raconte dans Legacy :
J’étais le genre de gamin
Qui pensait toujours que le ciel était en train de s’écrouler.
Pourquoi je suis câblé si différemment ? Je suis un martien ou quoi ?
C’est quoi cette expérience tordue dans laquelle je me retrouve ?
C’est sûr que je n’ai pas ma place dans ce monde.
C’est pour ça que je me moque de l’autorité et que je me montre souvent défiant.
Bon… c’est moins stylé à la traduction que dans la chanson originale mais tu as l’idée.
Je me rappellerai toute ma vie de l’année 2025.
Parce que j’ai enfin compris d’où venait ce sentiment de décalage et comment le conjurer.
On minimise la douleur de cette sensation
Peut-être que tu as l’impression, comme Orelsan, d’être toujours un peu seul·e avec du monde autour.
Ou alors tu arrives à socialiser mais au prix de changer ta personnalité.
Dans tous les cas, au fond de toi tu sens bien que quelque chose est décalé.
Peut-être même que tu te dis que ça cloche.
Ce n’est pas le cas : rien ne cloche chez toi.
Tu gaspilles ton estime et ton énergie
Pourquoi cette sensation de décalage est si délétère ? Parce qu’elle t’empêche de ressentir une connexion au reste de l’humanité.
Dans mon cas, on m’a même dit que je n’étais pas une personne “aimable”, au sens qu’il est impossible de m’aimer.
Je disais même à qui veut l’entendre que je n’étais pas une bonne personne. Pas une mauvaise non plus, hein ? Mais je sais que je ne suis pas une bonne personne.
Aujourd’hui je ne dirais plus ça.
Y’a un concept phare en psychologie TCC (la psychothérapie scientifique car oui il existe une psychothérapie scientifique) qui s’appelle le sentiment d’humanité commune (common humanity).
Il s’agit d’un pilier essentiel de la compassion envers soi-même et des approches fondées sur la pleine conscience dans la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Nous allons explorer ce que signifie l’humanité commune, en quoi elle est importante, et comment elle peut transformer notre manière de percevoir et de traverser nos difficultés.
(…)
Au cœur de cette idée réside la prise de conscience que, au plus profond de nous, tous les êtres humains partagent la même aspiration au bonheur et le même désir d’éviter la douleur et la souffrance (Jinpa, 2016). Cette compréhension permet de dissoudre le sentiment de « différence » ou d’altérité (otherness, LeDoux, 2015), en rapprochant les individus et en favorisant l’empathie.
(…)
En 2010, Pommier a mené une recherche qui a conduit à la création de l’échelle de compassion (The Compassion Scale). Cette échelle comprend une sous-échelle spécifiquement dédiée à l’humanité commune. Elle inclut des affirmations telles que : «Tout le monde se sent abattu parfois »
« Tous les êtres humains ont des faiblesses, et personne n’est parfait »
« Malgré nos différences, tout le monde ressent la
douleur »
« La souffrance fait naturellement partie de l’expérience humaine commune »
Ces phrases sont d’excellents rappels à revisiter quand on se sent seul·e face à ses difficultés.1
Sauf que… si tu te sens vraiment en décalage, tu ne ressentiras jamais pleinement ce sentiment guérisseur.
Faire semblant d’être “normal·e” ne résoudra pas ton problème
Premièrement parce que, pour vraiment avoir l’air normal il faut pleinement comprendre ce qu’est qu’être normal. Or, si tu n’as jamais lu de livre sur le sujet c’est sûr que tu ne sais pas.
Tu as étudié les gens normaux de manière expérimentale mais tu pourrais passer 100 ans à le faire que tu serais quand même en retard à la fin.
Chaque fois qu’une personne “cheloue” me dit non mais moi tu sais je peux avoir l’air normal quand je veux, je lui envoie ce mème
Je n’ai JAMAIS vu une personne “cheloue” avoir l’air totalement normale. JAMAIS.
Et, d’ailleurs, si “chelou·e” veut dire “autiste” on a des études qui le montrent. Voici un extrait traduit du livre Unmasking Autism :
L’autisme n’est pas toujours aussi visible qu’un fauteuil roulant, mais la recherche montre qu’il existe de nombreux marqueurs subtils de nos différences que les personnes neurotypiques perçoivent, même si ce n’est pas toujours consciemment.
Sasson et ses collègues (2017), par exemple, ont découvert que les personnes neurotypiques identifient rapidement et de manière inconsciente qu’un·e inconnu·e est autiste, souvent en quelques millisecondes après l’avoir rencontré·e. Elles ne se rendent pas compte qu’elles ont identifié la personne comme autiste ; elles se contentent de penser que la personne est bizarre.
Les participant·es à l’étude étaient moins intéressé·es par l’idée d’engager une conversation avec les personnes autistes, et les appréciaient moins que les non-autistes, le tout basé sur un bref instant d’information sociale. Il est aussi important de souligner que les personnes autistes de l’étude n’avaient rien fait de « mal » : leur comportement était parfaitement socialement approprié, tout comme le contenu de leur discours.
Même en essayant désespérément de se présenter comme neurotypiques, leur performance comportait quelques signaux clés, juste légèrement « décalés », et c’est pour ça qu’elles étaient moins appréciées. Tous les efforts que les autistes déploient dans leur masking pour cacher leur neurodiversité se retournent souvent contre elleux. L’inauthenticité et une performance sociale forcée dérangent profondément les neurotypiques.
Dans une étude majeure sur la psychologie de la « creepiness » perçue, les psychologues McAndrew et Koehnke (2016) ont demandé à 1 341 participant·es de répondre à des questions sur les qualités personnelles et les comportements qu’ils·elles associent aux personnes « bizarres/creepy », puis ont utilisé une analyse factorielle statistique pour développer un facteur mesurable de « creepiness ».
Le facteur qu’ils ont obtenu incluait les traits suivants : un comportement maladroit ou imprévisible, un sourire qui semble artificiel, des rires au « mauvais » moment, parler trop longtemps d’un seul sujet, et ne pas savoir quand mettre fin à une conversation.
Lorsque les autistes essaient de sociabiliser et de créer du lien de façon chaleureuse et enthousiaste, ce sont souvent précisément ces traits que nous incarnons. Même lorsque nous essayons de mettre les neurotypiques à l’aise en souriant, en maintenant le rythme de la conversation et en restant présent·es, nous pouvons être perçu·es comme inquiétant·es ou dérangeant·es.
Une série d’expériences de Leander, Chartrand et Bargh (2012), psychologues sociaux, a montré que lorsqu’une personne engage un comportement de mimétisme social de manière ne serait-ce qu’un peu inappropriée, cela met les gens mal à l’aise, au point de leur donner littéralement une sensation de froid.
Un peu de mimétisme est normal entre ami·es : les gens se reflètent mutuellement dans leurs postures et leurs manières lorsqu’ils se mettent à l’aise et entrent en synchronisation. Mais si tu imites quelqu’un trop intensément, ou au mauvais moment, ces études montrent que tu peux littéralement donner la chair de poule aux autres.
Les autistes qui masquent essaient vraiment très fort de refléter les autres, mais comme nous n’y arrivons pas avec la fluidité et l’aisance des neurotypiques, nous déclenchons souvent, sans le vouloir, leur « creep-dar » (leur radar à gens étranges).
La solution, donc, c’est d’arrêter de se cacher et de faire semblant d’être quelque chose que nous ne sommes pas. Au lieu de nous épuiser (et d’échouer) à imiter les neurotypiques, nous pouvons devenir radicalement visibles.
La recherche de Sasson a montré que lorsque les participant·es savaient qu’ils·elles interagissaient avec une personne autiste, leurs biais envers nous disparaissaient.
Tout à coup, iels appréciaient leur interlocuteur·rice légèrement maladroit·e, et exprimaient de l’intérêt pour apprendre à le·la connaître. Avoir une explication à l’étrangeté perçue de la personne autiste faisait disparaître la sensation de malaise.
Des travaux complémentaires menés par Sasson et Morrison (2019) ont confirmé que lorsque les neurotypiques savent qu’ils rencontrent une personne autiste, leurs premières impressions sont beaucoup plus positives et, après l’interaction, ils expriment davantage d’intérêt pour en apprendre sur l’autisme.
Et non ce n’est pas parce que tu es HPI avec un gros cerveau que tu échoues à t’intégrer, c’est littéralement l’inverse, un haut QI ça AIDE à s’intégrer, c’est presque dans la définition du QI.
Comprendre la neuronorme
Tu ne m’as pas attendu pour étudier les gens “normaux”. Mais je peux t’aider à accélérer.
Premièrement en comprenant le concept du problème de la double empathie.
C’est un concept posé par Damian Milton, un chercheur autiste qui était sceptique face au narratif les autistes n’ont pas d’empathie. Il a démontré que c’était totalement faux : les allistes ne comprennent pas les autistes, les autistes ne comprennent pas les allistes et le deux groupes se comprennent entre eux. C’est donc bien bilatéral.
Voilà pourquoi je n’ai jamais trouvé les autistes chelou·es… j’ai toujours trouvé que c’était les gens “normaux” qui étaient chelous.
En fait c’est que je ne suis pas de la même culture qu’elleux.
Et ça on va en parler dans ma prochaine conférence en ligne gratuite :
Si tu veux t’inscrire c’est par ici : https://event.webinarjam.com/9y032/register/zlv02s2
Inscris toi même si tu n’es pas dispo car c’est ce qui te permet de recevoir au plus vite le replay et les slides.
Comprendre la différence culturelle va t’apaiser
Premièrement, tu vas arrêter de te sentir bizarre, tu vas te sentir d’une autre culture. C’est radicalement différent. Bizarre ça diminue mon estime de moi. Alors qu’une autre culture ça la renforce. Je peux ressentir la fierté d’appartenir à ma culture… trouver d’autres personnes de cette culture…
Deuxièmement, tu vas être capable de ressentir de l’indulgence envers l’autre culture. Avant, j’étais persuadé que les allistes mentaient tout le temps. Maintenant je sais que c’est pas vraiment ça : iels ont une autre forme de communication.
Un peu comme s’iels parlaient avec des notes de bas de page mais que moi je les voyais pas. C’est pas du mensonge si les notes de bas de page ne sont pas cachées.
Ce que tu vas découvrir dans cette conférence
La grille de lecture de la neuronorme pour comprendre enfin les comportements allistes même si tu as toujours pensé qu’ils étaient incohérents.
La carte des 7 comportements allistes “illogiques” pour cesser de culpabiliser même si tu n’arrives pas à t’y conformer
La réconciliation intérieure : comprendre ta différence comme une culture même si tu as passé 30 ans à croire qu’elle était une erreur.
De quoi choisir quand continuer à masker et quand c’est contreproductif
Un chat en direct avec d’autres personnes qui se posent les mêmes questions que toi et qui te feront te sentir moins seul·e
Est-ce que je peux venir même si je ne suis pas autiste ou même neuroatypique ?
Bien sûr ! De la même manière que c’est important que :
Les hommes comprennent ce qu’est la culture virile
Les blancs comprennent ce qu’est la culture blanche
On a besoin de neurotypiques qui comprennent ce qu’est la culture neurotypique (alliste en l’occurrence), pour devenir des allié·es.
Pour t’inscrire c’est par ici : https://event.webinarjam.com/9y032/register/zlv02s2


