Comment j'ai compris que je n'étais pas sociable
J’ai mis du temps à comprendre que je ne suis pas sociable. Ça me paraît fou aujourd’hui.
Mais c’est un peu comme quand on a découvert que ma soeur était myope. On arrêtait pas de lui dire de ne pas se mettre si près de la télévision. Et elle ne songeait pas à répondre mais plus loin je vois pas bien. Parce que pour elle c’était normal.
C’est pendant les premiers jours d’école que la maîtresse a immédiatement mis le doigt dessus. Parce qu’elle a l’habitude.
Ça a été un peu pareil pour moi : des indices chelous.
Le confinement
J’avais déjà commencé à comprendre mais mon vrai déclic a été le confinement. J’ai adoré le confinement. C’est d’ailleurs pendant le confinement que j’ai sorti mes premières formations de l’Atelier.
Je ne comprenais pas pourquoi des gens mettaient autant d’énergie à frauder le confinement, à aller faire des soirées clandestines.
Ça m’a amené à des discussions qui m’on fait comprendre que les personnes sociables ont vraiment besoin de ça pour se recharger.
J’en ai déduit une théorie personnelle qui ne repose sur rien de scientifique (contrairement au concept d’extraversion qui vient de la science) : on a une batterie d’extraversion et une batterie d’introversion.
Par exemple moi, si je passe plus de 2 soirs par semaine avec d’autre êtres humains, ça commence à me peser.
Et si je passe plus de 15 jours sans voir d’autres humains, ça commence à me peser aussi.
Une personne sociable ça va être l’inverse : elle ressentira une douleur si elle reste plus de 2 soirs par semaine sans voir un autre humain et sera fatiguée uniquement si elle enchaîne 15 soirs d’affilées à voir d’autres humains.
Je ne compte pas les humains qui habitent avec soi.
Y’a des gens qui sortent tous les soirs ?
J’ai été choqué de réaliser ça. Le pire c’est que la personne la plus proche de moi est comme ça. Mais comme on ne vivait pas ensemble avant le confinement, je ne m’en rendais pas compte.
Moi c’est ma définition de l’enfer.
Comment tu recharges ton énergie ?
On a vu, hier, y’a une définition fausse de l’extraversion qui circule. Ça dit que l’extraversion c’est le fait d’avoir besoin de voir d’autres gens pour recharger son énergie alors que l’introversion c’est l’inverse.
C’est faux. C’est la définition de la sociabilité.
Mais quand même, ça m’a beaucoup aidé. Je disais je suis introverti.
Sauf que… les gens me regardaient un peu bizarrement car ils voient bien que je suis extraverti : j’ai une énorme assertivité et positivité.
Néanmoins ce concept d’énergie m’a beaucoup aidé à me comprendre.
J’aime rencontrer de nouvelles personnes
Non mais là on comprend plus rien, t’as passé ton temps à dire l’inverse !
J’ai eu ce déclic en écoutant un podcast de Navo où il comparait ça à du foot. J’aime jouer au foot, mais je ne peux pas y jouer tous les jours, ça me fatigue trop.
C’est exactement ça : il faut que tu imagines que moi ça m’épuise énormément de faire une soirée avec des personnes que je ne connais pas. Je peux aimer l’expérience dans certaines conditions mais ça m’épuisera.
J’allais dire imagine si tu allais en boîte tous les soirs. Mais ce qui est marrant c’est qu’en Erasmus je faisais partie des rares personnes qui allait en boîte lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi (notamment parce que je buvais pas).
Et, tu sais quoi ? Ça me fatiguait beaucoup moins que de faire des soirées où je dois parler à des gens. En boîte c’est parfait, je danse et les gens viennent danser avec moi.
Faut imaginer la Pologne. Parce qu’en France si tu vas en boîte tout seul, personne s’approche de toi. En Pologne les gens venaient spontanément danser avec moi.
L’horreur de la drague
Je déteste le contexte de drague.
D’ailleurs on me disait souvent cette phrase avant que tu prennes une initiative j’étais pas sûre que tu me draguais. Ou la variante tu m’as jamais draguée.
Encore aujourd’hui je ne suis pas bien sûr de comprendre ce qu’est supposée être la drague. C’est le truc où on fait semblant qu’on s’attire pas mutuellement et puis on arrive chez l’une des personnes en disant on va boire un verre chez moi ? Sans jamais dire explicitement tu m’attires ?
Le truc où on maintient le plus longtemps possible l’ambigüité pour “flirter” avec la ligne ?
MAIS QUEL EST L’INTÉRÊT ?
Alors, ici, je pense que se mélange également mon incompréhension de l’utilité du second degré et des sous-entendus (à part pour faire des blagues). Ça n’est pas un trait de la sociabilité. Mais ça aide pas.
En tout cas, le concept de la drague comme échange de banalités est un enfer pour une personne non-sociable.
Car c’est vraiment ça qui fatigue les personnes non-sociables : le besoin d’échanger en intimité et non en superficialité.
Je bafouille au début
Ce weekend, j’étais à l’anniversaire de ma soeur. C’était dans le sous-sol d’un restaurant cubain. Je suis arrivé, il y avait déjà tout le monde. 80% de gens que je ne connaissais pas. Ça m’a fait comme plonger dans l’eau froide.
Pendant 5 minutes, à chaque fois que j’ouvrais la bouche, c’était une bafouille. Et je me disais allez, fais des phrases complètes.
Jusqu’à ce que je m’habitue et que je me réfugie auprès de mon beau-frère que je connais.
La différence entre alone et loneliness
"If we don’t teach our children how to be alone, then we doom them to always be lonely."
On a pas les mots en français. Mais j’avais lu ça et ça m’avait frappé. Effectivement, j’éprouve très peu la loneliness car j’adore être alone.
J’en avais fait un email :
Le Big 5
LE vrai déclic ça a été tout simplement de faire le test. Le big 5 est le seul test de personnalité valide scientifiquement. Et là j’ai tout compris :
C’est ce que j’expliquais hier : je suis très haut en assertivité et niveau d’énergie. Mais pas en sociabilité.
Si tu veux faire le test (uniquement disponible en anglais) c’est par ici : https://projects.fivethirtyeight.com/personality-quiz/