"Autiste" utilisé comme une insulte
Et bah… sacrée aventure que cette semaine. On a fini sur un total de 48 ventes. Donc il n’a manqué que 2 ventes pour débloquer le dernier bonus. Dommage !
MAIS…
Une personne m’a signalé hier qu’il y avait un bug sur l’interface de paiement, vers 22h. Doooonc à la base j’allais lui refaire un lien que pour elle mais en vrai… si ça a concerné d’autres personnes… si une seule personne en plus se décide là maintenant on débloque le deuxième bonus : ask me anything.
J’ai mis un rab de 24h, toujours le même lien : https://nicolasgalita.podia.com/comprendre-l-autisme-redecouvrir-ton-rythme-et-tes-besoins-caches-sous-le-masque?coupon=AUTISME-REGULAR
Dans tous les cas, ça fait de cette formation, déjà, celle qui a généré le plus de revenus depuis mai 2021,… et dire que je la faisais pour mon kiff en me disant c’est pas grave ça sera forcément la moins vendue ever mais let’s go si y’a assez de monde.
Quand les politiques se traitent d’autistes
Ça me fait tristement rire quand des gens me disent hey mais aujourd’hui tout le monde est autiste, non ?
Non, Jean-Michel.
Surtout que pour se dire vraiment je suis autiste il faut réussir à passer la barrière de la charge péjorative du mot.
Autiste est une insulte.
C’est d’ailleurs en partie pour ça que les gens disent non mais t’as pas l’air autiste.
La première fois que j’ai dit à haute voix que j’étais autiste, je l’ai dit en chuchotant.
La fierté est arrivée après. Aujourd’hui je ressens sincèrement la fierté autistique. Notamment parce que j’adhère beaucoup plus aux valeurs de la culture autistique.
D’ailleurs, le paradoxe c’est que les allistes ont beaucoup de mal à écouter : parce qu’ils dépensent trop d’énergie à essayer de lire du sous-texte ou du non-verbal mais que l’insulte autiste veut dire personne qui n’écoute pas.
Ça veut aussi dire personne renfermée ou simplement personne idiote mais ça m’étonne moins.
“Elon Musk est Asperger au dernier degré donc c’est un fou” - Luc Ferry
Bon… là on est sur la déclaration la plus récente (février 2025) mais aussi la plus violente. Premièrement parce que c’est psychophobe. Elon Musk faisant un salut nazi ne le fait pas par folie, mais bien par complaisance avec le nazisme, tout simplement.
Mais non, Luc Ferry nous dit :
Il est Asperger au dernier degré, c'est un fou il faut quand même le dire. Il a été diagnostiqué Asperger donc c'est un barjot complet mais un barjot qui a 200 millions de followers.
Un barjot qui n’est pas simplement le patron de Tesla ou de Space X mais aussi de X avec tout le pouvoir que ça peut donner dans le monde entier. Et donc le fait que ce fou et 440 milliards de dollars comme fortune est évidemment extraordinairement inquiétant très inquiétant
L’ironie de la déclaration c’est qu’aujourd’hui on sait que Hans Asperger a collaboré de manière enthousiaste avec les nazis. C’est donc “marrant” de dire que Musk n’est pas nazi mais plutôt Asperger.
Notons au passage que beaucoup de gens, y compris dans la communauté autistique a nié le fait que Musk était autiste parce qu’il s’était “auto-diagnostiqué”.
Ça me paraît dingue… surtout qu’en termes de avoir l’air autiste bah Musk réunit justement tous les clichés. On voit parfois ses meltdowns en public, quand il tweete frénétiquement.
Voilà deux phrases pouvant être vraies simultanément :
Elon Musk est autiste
Elon Musk est un fasciste qui a été élevé dans l’Afrique du Sud de l’apartheid et dont le père dit Elon peut pas être raciste, il était gentil avec nos domestiques noires. C’est également un antivax qui a préféré mettre ses salariés en danger de mort plutôt que fermer ses usines à temps pendant le covid.
Je pense que les deux phrases sont vraies. Il y a juste aucun rapport entre les deux. De la même manière que Kanye West est assez visiblement bipolaire et que pendant ses phases maniaques il dit qu’il adore Hitler.
Là encore il n’y a pas de rapport : ce n’est pas la bipolarité qui le rend nazi, c’est juste un nazi bipolaire qui ne le cache plus quand il est en phase maniaque.
“Le président ne doit pas rester autiste” - Laurent Wauquiez
Laurent Wauquiez est en train de défendre les gens qui font des manifestations contre le mariage homosexuel. François Hollande est alors président. Wauquiez déclare dans Le Figaro :
Le débat doit permettre de montrer, une nouvelle fois, ce que cache le gouvernement: la gestation pour autrui et les bébés éprouvettes. Il joue la carte du pourrissement. Ne nous laissons ni décourager, ni provoquer. Le débat se poursuit, nous demandons l'organisation d'un référendum. Il est inconcevable qu'un président de la République reste autiste devant un mouvement d'une telle ampleur.1
François Fillon répète deux fois qu’il n’est pas autiste (2017)
Là encore il va utiliser le mot pour dire je suis à l’écoute.
François Fillon : Des centaines de milliers de personnes attendent que j'aille au bout, que je tienne les engagements qui sont les miens. Et beaucoup d'élus. J'y entendais tout à l'heure, vous disiez, il y a beaucoup de défections. C'est vrai qu'il y a eu pas mal de défections. Il y avait des centaines d'élus, de parlementaires qui étaient présents sur la tribune cet après-midi.
Le journaliste : Est-ce que vous les appelez à revenir finalement, à revenir vers vous ?François Fillon : Bien sûr. D'ailleurs, je vais prendre des initiatives pour rassembler ma famille parce que c'est là où je vous dis que je ne suis pas évidemment autiste.
(…)
Le journaliste : On a bien compris qu’il n’y a pas : J'irai jusqu'au bout ce soir par rapport à il y a quelques jours.
François Fillon : Non, mais il y a: J'irai jusqu'au bout, mais cette formule donne le sentiment donne le sentiment que vous avez essayé plusieurs fois d'évoquer d'une sorte d'enfermement. Je ne suis pas du tout enfermé, je ne suis pas du tout autiste. Je veux convaincre mes amis (...)
C’est une des déclarations les plus connues et citées dans la communauté autistique. Elle a notamment été racontée par Julie Dachez dans Dans ta bulle :
Ainsi, Fillon (Fifi pour les intimes) s’est défendu à plusieurs reprises d’être autiste sur le journal de France 2 lors de la campagne présidentielle de 2017. Ce soir-là – je m’en souviens comme si c’était hier –, je dînais chez mes parents. La télé était allumée, en fond sonore.
La première fois, j’ai cru à une erreur. Je me suis redressée sur ma chaise et j’ai tendu l’oreille. Il l’a répété, deux fois, trois fois : « Je ne suis évidemment pas autiste, j’ai entendu le besoin de rassemblement de la France. »
Le doute n’était plus possible. J’ai quitté la table en trombe et j’ai pleuré – de rage. J’ai mesuré à ce moment précis toute l’ampleur du chemin qu’il restait à parcourir, et je me suis sentie profondément démunie.
Les propos de Fillon m’ont humiliée, comme ils ont humilié beaucoup de camarades autistes ce soir-là. Plus grave encore : ils sont aussi venus entretenir un système de discrimination déjà bien ancré à l’égard des personnes autistes. Les mots sont essentiels : ils construisent une réalité. Tout comme ils peuvent permettre de lutter contre les injustices sociales, ils peuvent aussi contribuer à les alimenter. Les mots sont essentiels : ils construisent une réalité.
Tout comme ils peuvent permettre de lutter contre les injustices sociales, ils peuvent aussi contribuer à les alimenter. Car l’insulte non seulement témoigne de la hiérarchie sociale en place, mais elle contribue à l’asseoir.
Comment cesser de croire que les autistes sont des bons à rien si un candidat à la présidentielle lui-même se défend d’être autiste ? De la même manière qu’il n’est pas acceptable de traiter quelqu’un de « tapette » ou de dire à un enfant « Arrête de pleurer, on dirait une fille », il n’est pas non plus acceptable d’utiliser le mot « autiste » comme une insulte. Car être homosexuel, être une femme ou être autiste n’a rien d’insultant.2
“Nous ne sommes pas des autistes” - Pujadas - 2015
David Pujadas se défend parce qu’il y a une polémique sur les invitations d’une émission pendant la campagne des régionales. Notamment sur l’égalité des temps de parole. Le CSA (l’ancien nom de l’Arcom) était même intervenu.
Pujadas déclare alors dans la presse :
Nous avons voulu bâtir cette émission dans une légalité absolue, dans les règles du CSA, que nous respectons scrupuleusement. Puis, un débat est monté avec une question posée à l'Assemblée nationale. Le CSA s'en est fait l'écho, hier, en publiant, à 18 heures, une recommandation. Nous l'avons entendue. Nous ne sommes pas autistes. Nous avons donc décidé de tenir compte également de la qualité de tête de liste pour les régionales de Marine Le Pen. C'est pour cela que nous avons fait cette proposition.3
“Le gouvernement est passé de l’inaction à l’autisme” - Borloo - 2013
De son côté, Jean-Louis Borloo réclame, lui, la convocation du Parlement en Congrès pour présenter des "mesures immédiates et cohérentes" afin de "relancer économiquement le pays" et "restaurer la confiance". "Nous ne sommes même plus dans l'urgence mais face à un risque de catastrophe", s'alarme le responsable centriste dans un communiqué. "Le choc de compétitivité n'a pas eu lieu. Tous les secteurs sont en danger, certains en grand danger (...) L'incompréhension est totale. Le gouvernement est passé de l'inaction politique à l'autisme", poursuit le président de l'UDI.4
“La gauche fait preuve d’autisme” - Bruno Le Maire - 2015
Je n’ai malheureusement pas retrouvé la vidéo, mais on a encore toutes les indignations disponibles. Apparemment Bruno Le Maire dit ça à Manuel Valls pendant un débat des élections régionales de 2015 (encore).
Bon… en même temps c’est des politiciens de droite
Tu te dis peut être ça. Moi-même je me suis dit ça pour me rassurer… mais j’avais évidemment tort.
“Royal incarne un Parti socialiste autist” - José Bové - 2007
José Bové fait sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle de 2007.
Madame Royal incarne une gauche qui a renoncé. Face au social-libéralisme qui a conduit toute la gauche au désastre électoral en 2002, face au projet d'un parti socialiste autiste, qui manifeste un refus de rompre avec la logique économique libérale, nous voulons opposer une gauche de transformation sociale et, démocratique, une gauche antiraciste, féministe et écologique. Une vraie gauche.5
La vraie gauche de Bové est donc antiraciste, féministe, écologique et… validiste.
“Il faut que la gauche sorte de son autisme” - Noël Mamère - 2002
Là encore il s’agit d’insulter le Parti socialiste (ce qui, dans le concept me dérange pas) :
Aujourd'hui, il y a un sursaut salutaire de la jeunesse - dont 40 % n'est pas allé voter - et qui s'est réveillée avec effroi en constatant que Le Pen était dans son lit. Il faut que la gauche entende ce soulèvement et, plus généralement, sorte d'une forme d'autisme vis-à-vis de la société, dont elle n'a pas mesuré le sentiment de précarité6
Dans ta bulle : Les autistes ont la parole: écoutons-les - Julie Dachez