Avant-hier je vous ai demandé de me proposer des titres d’email. Vous avez ensuite voté pour désigner l’email que vous avez le plus envie de me voir écrire.
La proposition qui a recueilli le plus de voix était :
Le conflit n'est pas une agression.
Mais je ne vais pas l’écrire maintenant. Pour la simple raison que j’avais déjà prévu un tel email pour mercredi ou jeudi.
J’ai donc pris le sujet qui est arrivé deuxième :
Comment en arrive-t-on à collectionner les formations sans prendre le temps de les suivre ?
Pourquoi avons-nous des abonnements à des salles de sport ?
Au final, ce comportement n’est absolument pas typique des formations. On fait exactement pareil avec les abonnements aux salles de sport.
Ou d’autres choses. J’ai repris un abonnement Tinder il y a environ un an et demi. Je n’ai pas utilisé l’application une seule fois. Il a fallu qu’on me dise non mais si tu l’utilises pas : annule, là maintenant tout de suite devant moi. J’ai donc annulé, là maintenant tout de suite devant la personne. Après environ 200€ de dépensés.
Nous nous connaissons mal
On part souvent du principe que, parce que nous entendons nos pensées, nous nous connaissons bien. Certes, nous nous connaissons probablement mieux que nous ne connaissons la plupart des autres personnes. Mais on surestime ce niveau de connaissance.
Notamment sur à quel point notre volonté peut fluctuer selon le contexte. La volonté nous donne l’effet d’optique d’être une voix que l’on construit de l’intérieur. Alors que c’est un poil plus subtil que ça.
Nous prenons beaucoup de décisions, sous l’emprise de notre “instinct”, cette puissance interne régie par les émotions.
Nos décisions sont donc rarement aussi simples que je fais ceci parce que c’est logique. Sinon, personne ne fumerait de tabac.
Courir un marathon sans transpirer
Sans compter qu’une partie de nous espère en permanence pouvoir courir un marathon sans transpirer. On aime bien l’idée de nous ayant fait la formation. De la même manière que j’aime bien l’idée de moi ayant fait du sport. Mais je n’aime pas forcément le chemin qui mène au sport.
C’est d’ailleurs parfois le souci : on sous-estime le chemin. En facilitant le chemin on crée les conditions de l’action.
Voilà pourquoi par exemple je ne tiens pas compte de toutes les remarques sur les vidéos de mes formations. Je sais pertinemment que je pourrais améliorer le rendu visuel. Mais au prix d’un chemin plus compliqué. Par exemple en utilisant un appareil photo pro au lieu de mon smartphone. Sauf que ça rajoute des étapes. Mon smartphone je l’ai toujours à portée, je le prends, je commence à filmer.
Quand je veux accomplir quelque chose, je suis très protecteur du chemin. Il ne suffit pas de vouloir la destination. Parfois mes proches se demandent comment ça se fait que dès que j’ai une idée, je le fais facilement. Par exemple je dis “je veux faire un podcast”, et deux semaines après le premier épisode sort. C’est précisément parce que j’ai cette férocité du chemin. Je vais faire en sorte de choisir le plus simple possible.
Beaucoup de personnes m’ont conseillé de faire du montage, de rajouter des inserts audio, etc. Sauf que je sais pertinemment que si j’avais mis ça comme ambition, je n’aurais pas sorti le moindre épisode. Il est important de se connaître suffisamment pour bien calibrer son chemin.
Le chemin n’est pas obligé d’être compliqué. Une question que je me pose souvent c’est : à quoi ça ressemblerait si c’était facile ?
Les Air Jordan qu’on ne porte jamais
Il y a plein de gens qui achètent des chaussures qu’ils ne portent jamais. Des collectionneurs d’Air Jordan. Vu comme ça, ça a l’air étrange : pourquoi acheter une chaussure si ce n’est pas pour la mettre à ses pieds ?
C’est l’effet collection.
De la même manière que j’ai acheté certains livres uniquement pour les avoir dans ma collection. Ce n’est pas que l’usage. Au moment où j’ai écrit cette phrase j’ai regardé mon étagère où il y a Kick Ass 2 et 3. J’ai ressenti un pincement au coeur : je ne sais plus où est le premier tome. Mon préféré. Je n’ai pas besoin de le relire : j’ai envie qu’il soit posé sur mon étagère.
C’est l’effet collection.
Si j’en crois les personnes qui m’ont acheté toutes les formations depuis le début, il y a clairement cet effet collection qui joue et qui les pousse à acheter chaque nouvelle formation pour compléter la collection.
Sorare est une entreprise qui propose de collectionner des cartes virtuelles de football. Un peu comme un album Panini virtuel. Elle a réussi à lever 600 millions d’euros. Parce qu’elle joue sur l’effet collection (désormais possible grâce à la technologie des NFT… sinon avant tout ce qui était numérique était duplicable à l’infini).
Parfois ce n’est pas le bon moment
L’autre raison de prendre une formation qu’on ne fait pas c’est d’attendre le bon moment. J’ai eu cet effet plusieurs fois. Par exemple, j’ai acheté un livre sur comment faire un standup. Je l’ai lu mollement. Puis, un an et demi plus tard on m’a proposé de faire un standup. Tu te doutes bien de la suite…
J’ai relu passionnément et profondément le livre. Parce que d’un coup le timing était le bon.
Le soutien
Probablement l’autre effet (en plus de l’effet collection) qui joue : acheter une formation c’est soutenir l’Atelier.
Or, je propose 70% de l’Atelier gratuitement (5 jours sur 7).
Il y a donc un effet de donnant-donnant qui peut s’installer. Je reçois parfois des emails de personnes qui me disent je ne sais pas si c’est la bonne formation pour moi mais tu m’offres déjà tellement de bons contenus gratuits que je suis content de contribuer.
Sans ce soutien, je ne pourrais probablement pas continuer. On va bientôt fêter les deux ans. Si on m’avait dit que j’étais capable d’écrire tous les jours sans me lasser…
Pourquoi je ne tenais jamais la longueur avec mes projets précédents ? Dessine Toi un Emploi, j’ai écrit pendant un an et demi, une fois par semaine avant de perdre l’énergie.
Ce qui change c’est clairement le fait de monétiser.
Là, je suis fatigué, je viens de donner une journée entière de cours à distance. Je déteste ça. Je pensais être débarrassé de ce concept avec la fin des confinements. Mais j’avais encore un résidu. Je suis totalement vidé. Mais j’écris parce que 40% de mes revenus viennent de l’Atelier.
J’écris aussi parce que j’adore écrire. Mais c’est comme le sport : ça ne suffit pas. J’ai toujours adoré écrire, je le sais depuis que j’ai 8 ans. Ça me transporte. Et pourtant je passais de longues périodes sans écrire. Alors que là, je me dis que chaque email me rapporte 110€ (109,50€ pour être exact).
Ce n’est pas vraiment vrai… ce sont les emails de vente de formations qui rapportent. Le reste est gratuit. Mais les emails de vente n’existeraient pas sans les emails gratuits. Donc, si on lisse tout et qu’on prend simplement le revenu annuel divisé par 365, ça donne ça.
Quand j’ai envie de sauter un email, je me dis est-ce que je serais prêt à payer 110€ parce que je suis fatigué ?
Ça change tout.
Parfois j’écris l’email alors que je devrais travailler pour mon CDI. Parce que le revenu est comparable. C’est aussi simple que ça.
Je crois fondamentalement que nous votons avec nos portefeuilles, au moins autant qu’avec les bulletins de vote. En payant une formation que tu ne fais pas tout de suite, tu votes pour que l’Atelier continue. C’est cette énergie qui me pousse à continuer.
L’effet de mon marketing
Bon… je ne peux pas me cacher. Je sais pertinemment qu’une partie des achats vient également de tout le marketing que j’y mets.
J’utilise les enseignements de la discipline que l’on appelle le copywriting pour écrire des textes de vente qui donnent une grande envie d’acheter.
D’ailleurs, j’utilise une structure que j’ai apprise lors d’une formation. Tous mes emails de vente suivent la même structure :
De même, je vends mes formations avec un modèle de rareté : je vends quasiment toujours pendant les lancements. Peu de personnes viennent les prendre au prix catalogue. Donc c’est un peu comme si on ne pouvait prendre la formation QUE pendant les 4 jours de lancement : ça motive à prendre sa décision.
Est-ce que c’est une pression psychologique ? Oui.
Voilà pourquoi, en échange, je rembourse les formations sous simple demande. Que tu aies suivi ou non la formation tu peux toujours m’écrire pour me demander un remboursement et je ne pose aucune question. C’est la contrepartie que je m’impose moralement.
Mais… c’est à vous de répondre
Je viens d’essayer de répondre à la question : Comment en arrive-t-on à collectionner les formations sans prendre le temps de les suivre ?
Mais… en vérité, c’est plutôt à vous de me dire ? Moi-même je suis toujours étonné quand je vois les gens m’acheter des formations et ne pas prendre le temps ensuite de les suivre.
Peut-être qu’il y a des raisons cachées que je ne vois pas ?
A titre perso, je suis surtout "overwhelmed" et ça atteint un peu toutes les couches de ma vie, y compris les formations.
Enfin là ça atteint aussi mes loisirs et à peu près tout (je ne regarde plus de films, séries, je ne lis plus, je ne dessine plus, etc..).
C'est sans doute un cas particulier ceci dit.
Il y a effectivement un côté vie pro et vie perso marié avec des enfants qui laisse peu de temps libre et qui conduit à vouloir décompresser dans son temps libre avec des loisirs soit plus passifs (séries, films, musique, foot -quoique l'ulcère quand mon équipe mène 2-1 à 15 minutes de la fin et recule me coûte de l'énergie) soit discuter avec d'autres au téléphone ou en vrai.
Je dirais aussi l'effet non ouvert. Pour moi, si je commence une formation, j'aurai tendance à vouloir savoir la suite. Si je ne l'ai pas commencée du tout, je n'est pas encore d'interaction avec, et tel un livre non commencé ou un jeu ou disque sous blister, elle est un peu réservée pour plus tard.
Dernier point, l'urgence de la formation pour l'appliquer joue: je suis en train de commencer un nouveau poste ou je vais littéralement devoir former des gens et les influencer pour qu'ils arrivent à l'objectif commun. Je prédis que je vais finir les formation en relation (pédagogie, storytelling, psychologie de la parole en public) assez vite pour éviter la frustration de devoir faire un travail moyen et de me rendre compte plus tard en suivant la formation que je pouvais faire mieux.