Hier je vous ai fait voter, maintenant il est temps d’avoir les réponses.
#1 | L’âge moyen de la première cigarette est de 14 ans et demi
En France, l’âge moyen est de 14 ans et demi. C’est plus jeune dans les pays plus pauvres.
On s’habitue à ce fait mais je me rappelle que ça m’avait choqué quand je l’ai lu pour la première fois. C’est tellement jeune.
J’allais dire surtout pour un produit interdit au moins de 18 ans.
Mais je viens de vérifier : la consommation de cigarettes est tout à fait autorisée pour les mineur·es.
Ce qui est interdit c’est de leur en vendre. Mais si tes parents te donnent une cigarette c’est tout à fait légal.
Je dis ça mais je ne suis pas pour la pénalisation des drogues, bien au contraire. Les punitions sur les individus sont contre-productives. Mais je suis étonné.
#2 | L’âge moyen de début de la consommation quotidienne
Selon les sources, ça varie entre 15 ans et demi et 16 ans.1 Vous avez été 53% à répondre “18 ans” et je comprends : c’est ce que j’aurais dit aussi. Je pensais qu’il y avait vraiment une longue période de consommation occasionnelle avant de basculer. Mais non : un an/un an et demi.
L’aspiration se fait super vite.
#3 | Un quart des français·es fument quotidiennement
Vous avez été une courte majorité relative2 à trouver la bonne réponse :
Si tu as répondu un tiers (33%) alors sache que c’était le cas jusqu’à y’a pas si longtemps que ça. Mais la consommation a vraiment baissé entre 2000 et 2019.
Et depuis 209 y’a un léger regain ou au mieux une stagnation, sans qu’on sache pourquoi.3
Mais on peut se satisfaire de cette diminution : dans les années 80, quasiment la moitié des français et des françaises fumaient tous les jours !4
#4 | La moitié des fumeurs mourront du tabac
Ici, vous avez été trop optimistes en répondant 30%.
Ce sont bien la moitié des fumeurs qui décèdent du tabac. C’est un chiffre énorme que mon cerveau l’a refusé.
Au point qu’avant de commencer cette semaine j’avais un quart en tête. Alors que un quart ce sont juste les fumeurs qui meurent d’une seule et même maladie.
Mettez 16 fumeurs dans une pièce : l’un mourra d’un cancer du poumon, un autre d’un cancer de la vessie, 3 par maladie cardio-vasculaire… La moitié des fumeurs mourront des conséquences du tabac.
En d’autres termes, si je prends 100 fumeurs, 50 mourront du tabac :
8 mourront du cancer du poumon
20 mourront d’un des 16 autres cancers
11 mourront d’une maladie cardio-vasculaires
11 mourront du BPCO
Mais surtout, le décès intervient relativement jeune :
La moitié des victimes du tabac meurt jeune, entre 35 et 69 ans, correspondant à une réduction de l’espérance de vie de 10 à 15 ans par rapport à celle des non-fumeurs5
Et c’est moins une question de quantité que de durée d’exposition. Fumer 1 paquet par jour pendant 10 ans est plus dangereux que de fumer 3 paquets par jour pendant 2 ans :
Contrairement aux idées reçues, la durée de consommation a plus d’impact que la quantité de tabac consommée sur la santé. Par conséquent, à titre d’exemple, on peut considérer que doubler sa dose de tabac double l’excès de risque pour la santé. Mais doubler sa durée de consommation multiplie l’excès de risque environ par 206
#5 | Plus de 10% des morts en France meurent à cause du tabac
C’est le chiffre qui m’a le plus surpris. Je comprends pourquoi l’OMS a classé le tabagisme dans la case épidémie.
Je me rappelle m’être dit en voyant que 70 000 personnes étaient mortes du covid en 2020 que c’était au final “que” ça en comparant aux 75 000 décès du tabac.
Mais c’est parce qu’on oublie que 75 000 morts c’est énorme.
En 2023, 640 000 personnes sont mortes, tout court.
Ce qui veut dire que le tabac, tout seul, représente quasiment 12% !
Pire encore, ça représente 20% des hommes qui meurent. Car ils sont surreprésentés dans les morts du tabac.
#6 | Arrêter est toujours utile
Vous avez globalement bien répondu : arrêter est jamais inutile. Même si… le corps met du temps à récupérer “totalement” (10-15 ans), il récupère au moins partiellement.
À environ 30 ans : vous gagnez près de 10 ans d’espérance de vie.
À environ 40 ans : vous gagnez 9 ans d’espérance de vie.
À environ 50 ans : vous gagnez 6 ans d’espérance de vie.
À environ 60 ans : vous gagnez 3 ans d’espérance de vie.7
#7 | Le tabac coûte davantage qu’il ne rapporte
Compliqué d’avoir un chiffre exact car… que faut-il compter ? On a néanmoins des estimations :
Des chercheurs français se sont lancés dans de tels calculs pour estimer que loin d’enrichir le budget, le tabac coûte à la société française 47 milliards d’euros par an, soit environ 750 euros par habitant.8
Les économistes ont élaboré différents modèles et distinguent généralement les coûts directs, comme les dépenses engagées pour soigner les malades du tabac, des coûts indirects, comme les journées de travail perdues et leur indemnisation en raison des arrêts maladie.
Selon la manière de calculer et ce que l’on met dans l’assiette « coût du tabagisme », les données disponibles diffèrent.
Même en prenant en compte les taxes (13 milliards d’euros), qui en tant que telles ne créent aucune richesse, mais sont de simples prélèvements, ainsi que des retraites non versées du fait de la mort prématurée, le coût net du tabagisme en 2005 serait de l’ordre de 47 milliards d’euros qui se répartissent comme suit : environ 18 milliards pour les dépenses de santé, 18 milliards de pertes de productivité, 7,5 milliards de pertes de revenus, 4 milliards pour les prélèvements obligatoires non perçus…
D’autres ont même démontré que la réduction du tabagisme est bénéfique au développement économique et à l’emploi. Le tabac détourne en effet une partie des revenus des particuliers des autres secteurs de consommation.9
#8 | Les filtres des cigarettes sont DANGEREUX pour la santé
Ah bah y’avait 8 questions en fait ? Je sais pas pourquoi j’avais compté 7.
En cherchant les infos sur le reste, je suis tombé par hasard sur ça et ça m’a choqué. On a introduit les filtres (les mégots) dans les cigarettes pour diminuer le mauvais goût en bouche de la cigarette.
Et je pensais que ça avait aussi un effet bénéfique pour filtrer les particules.
Mais…
Pas du tout.
C’est pas genre ça sert à rien, c’est carrément nocif.
“L’utilisation des filtres pour la consommation de tabac ne s’accompagne pas d’une réduction des risques pour le fumeur. Au contraire, les filtres peuvent renforcer la dangerosité de la fumée de tabac en amenant les fumeurs à prendre des bouffées plus volumineuses et plus prolongées, ce qui leur permet de satisfaire leur besoin en nicotine, mais aussi augmente en même temps la toxicité de la fumée.
Ainsi, la généralisation des filtres sur les cigarettes s’est accompagnée d’une hausse des adénocarcinomes bronchiques, variété de cancers bronchiques plus agressive que les cancers épidermoïdes.
Comme la présence de filtres rend la fumée moins acre, elle altère la perception des consommateurs sur les risques globaux qu’ils encourent pour leur santé, ce d’autant plus que, d’un point de vue sémantique, le terme de filtre sous-entend une opération d’épuration, ce qui n’est pas le cas pour le filtre de la cigarette.
Les filtres n’ont donc aucune justification en terme de santé. Par contre ils ont un fort intérêt commercial pour les fabricants, car en réduisant le caractère acre de la fumée de tabac, ils facilitent l’initiation tabagique des jeunes et la poursuite de leur consommation par les fumeurs dépendants.
Enfin, avec 4500 milliards de mégots par an finissant dans la nature, les filtres, qui sont constitués de substances plastiques, donc peu/pas biodégradables, sont un facteur majeur de pollution environnementale des sols et des eaux.
Pour ces raisons sanitaires et environnementales, le CNCT appelle les pouvoirs publics à interdire aux fabricants l’utilisation de filtres.”10
Ça y est moi aussi je cède à ce terme de majorité relative au lieu de dire la plus grosse minorité…
Idem
Interdire le tabac: L’urgence - Martine Perez
Idem
Concernant les taxes sur le tabac, il n'y a pas de chiffres plus récents que 2005 ? Parce que les taxes ont quand même beaucoup augmenté. Ça ne suffirait pas à compenser tous les coûts indirects, mais c'est possible qu'on soit aujourd'hui au niveau, voire au-dessus, de la partie dépenses de santé.