7 choses à savoir sur l'alcool
Cette semaine je vais aborder le thème de l’alcool. Ça m’est venu en regardant une vidéo qui disait que les jeunes boivent de moins en moins d’alcool.
Note d’édition : après quelques recherches cette phrase me semble fausse.
J’ai trouvé que c’était une excellente nouvelle et ça m’a inspiré une semaine thématique sur le sujet.
On commence avec quelques faits sur l’alcool. Pas forcément étonnants. Mais des choses qui donnent de la perspective.
#1 | L’alcool provoque 5 morts par heure en France
41 000 personnes sont mortes en 2021 à cause de l’alcool. Ce qui représente 7% du nombre total ! 41 000 morts dans une année, ça fait environ 5 morts par heure (4,5 en vrai).
C’est bien plus que tous les faits divers qu’on voit partout.
Pour donner un ordre de grandeur, l’année la plus meurtrière du covid c’est 70 000 morts.
Le tabac c’est 75 000 morts.
Or, j’ai l’impression que même moi j’ai tendance à minimiser. Je dis souvent qu’interdire le tabac devrait être une priorité absolue. Alors que j’éprouve moins cette sensation pour l’alcool.
Je veux dire au-delà du fait que j’ai bien conscience que l’interdiction n’est probablement pas le chemin le plus efficace pour lutter contre l’alcool, contrairement au tabac.
Au final, c’est vraiment une drogue banalisée.
#2 | L’alcool est une des drogues les plus dures
Il y a quelques années j’aurais sursauté de lire que l’alcool est une “drogue”. Aujourd’hui je me demande comment j’ai pu l’ignorer.
Le concept de drogue dure et douce ne fait pas consensus. La classification de l’alcool non plus.
En revanche ce que j’observe c’est que parfois l’alcool arrive en haut du classement. Juste derrière l’héroïne, le crack, la métamphétamine.
Parfois il arrive quasiment ex-aequo avec l’héroïne
Parfois dans le peloton du milieu :
Mais je constate que je ne le trouve jamais dans le bas du classement. Contrairement au cannabis par exemple.
Ça ne veut pas dire que le cannabis n’est “pas dangereux”, ça veut dire qu’il est “moins dangereux que”.
Ce qui fait la “dureté” de l’alcool c’est la puissance de l’addiction et les dangers générés par les personnes sous son effet.
La première fois que j’ai fait une soirée où les gens avaient davantage consommé de MDMA (ecstasy) que d’alcool ça m’a sauté aux yeux : je n’avais jamais vu de ma vie une soirée avec aussi peu de tensions. On se bousculait c’était pas grave. Dans les espaces sans musiques les gens venaient spontanément me complimenter : oh mais t’as l’air trop cool comme personne.
D’un coup j’ai compris que l’alcool faisait ressortir une facette souvent négative des personnalités. Notamment l’agressivité. Alors que d’autres drogues faisaient ressortir quelque chose de plus pacifique.
Là encore ce n’est pas pour valoriser les autres drogues c’est pour dire que j’avais intégré qu’une soirée c’était forcément des gens qui s’embrouillent à un moment. Et que j’ai vu autre chose ce soir là.
#3 | La seule drogue dont le sevrage tue
Je l’avais découvert quand j’avais fait des articles sur les personnes à la rue. J’étais parti du fait que j’ai toujours trouvé bizarre qu’on refuse de donner de l’argent à une personne qui mendie sous prétexte qu’elle risque de s’acheter de l’alcool derrière.
Puis ma soeur m’a écrit c’est d’autant plus vrai que l’alcool est la seule drogue dont le sevrage tue par conséquent refuser de l’alcool à quelqu’un ça peut être une condamnation à mort.
Rappel : le sevrage c’est les conséquences négatives provoquées par l’arrêt d’une drogue.
J’ai trouvé ça tellement impossible que ça soit vrai et que je le sache pas. J’ai donc été vérifié et j’ai été effaré de voir ce que Wikipédia me disait :
Le syndrome de sevrage alcoolique est un ensemble de symptômes qui peuvent survenir à la suite d'une réduction ou d'un arrêt de la consommation d'alcool après une période de consommation excessive.
Le syndrome de sevrage alcoolique survient à la suite d'une réduction de la consommation d'alcool chez des personnes dépendantes à l'alcool, que cette réduction soit planifiée ou involontaire. (…)
En l'absence de traitements médicaux adaptés, le sevrage alcoolique peut aboutir au décès de la personne alcoolo-dépendante.
Un sevrage brutal expose également le patient au syndrome de Wernicke-Korsakov, causant des handicaps mentaux majeurs à vie.
Les symptômes les plus courants sont l'anxiété, des tremblements, l'agitation, la dépression, des nausées et un état de malaise.
Le syndrome de sevrage alcoolique peut également inclure des symptômes plus graves comme une fièvre élevée, des crises convulsives généralisées, une déshydratation intense pouvant aboutir à un blocage de la fonction rénale avec anurie, des hallucinations - le plus souvent visuelles - ainsi que le delirium tremens.
Les symptômes de sevrage alcoolique se manifestent généralement autour de six heures après le dernier verre, leur intensité s’accroît entre 24h et à 72 heures après la dernière prise d'alcool et s'améliorent généralement après 7 jours4,5.
Le traitement du syndrome de sevrage alcoolique vise à maintenir le patient en vie, à prévenir autant que possible l'apparition des symptômes les plus graves et à limiter l'intensité des symptômes ressentis
Ce n’est pas le cas des autres drogues.
En tout cas les autres drogues récréatives. Quelqu’un m’a fait remarquer, très justement, qu’il existait des drogues médicales dont le sevrage était également mortel.
#4 | 102 milliards par an de coût (un impôt de 2 000€ par an)
Parfois on dit que l’alcool est banalisé parce qu’il rapporte à l’État. C’est plutôt faux. En tout cas ça dépend de ce qu’on entend par rapporter. En termes de bilan total c’est comme le tabac :
Le coût social net du tabac s'élèverait à 156 milliards d'euros par an et celui de l'alcool à 102 milliards, selon les calculs de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives. Les recettes tirées par l'Etat de leur taxation sont sans commune mesure.1
Par comparaison, ce chiffre est de moins de 8 milliards pour l’ensemble des drogues illicites confondues.
La moitié de ce coût de 102 milliard vient du coût des décès évitables. Mais il y a aussi le coût des soins :
Les recettes de taxation du tabac (13 milliards d'euros) et de l’alcool (4 milliards d’euros) sont inférieures au "coût des soins" des maladies engendrées leur consommation. Le coût des soins est évalué à plus de 24 milliards d'euros.2
En d’autres termes, c’est un peu comme si y’avait une taxe de 150€/an sur toutes les personnes majeures, afin de financer les effets de la consommation d’alcool.
#5 | Les jeunes boivent “moins” d’alcool ?
C’est en voyant cette vidéo que j’ai eu l’idée de cette série :
Mais je viens de fouiller les sources et j’en tire finalement une autre conclusion :
les 18-24 ans consomment en moyenne 3,2 verres par jour et ont 64,3 jours de consommation par an, tandis que les 65-75 ans consomment 1,6 verre, 123,7 jours par an.3
En d’autres termes, les jeunes boivent 2 fois moins souvent mais quand ils boivent ils boivent…. 2 fois plus.
Ouais ok… donc ils boivent la même quantité. Ou alors quelque chose m’a échappé ?
Apparemment c’est surtout la consommation quotidienne de vin qui sort des habitudes.
Pour autant il reste une bonne nouvelle : la consommation globale de l’alcool en France diminue.
#6 | Les français boivent plus que les russes
Très très dur de comparer. Mais, en tout cas, dans les classements je vois la France toujours devant la Russie… et le Royaume-Uni… ça dépend4. Souvent devant, parfois égalité.
Mais peu importe le classement exact, je trouve ça amusant car si on demande à la plupart des français je suis sûr qu’ils diront que les russes et les britanniques sont des alcooliques.
La première fois que j’ai recherché ces chiffres c’était suite à la vision d’une vidéo par un britannique justement :
Il s’étonne du concept de l’apéro :
Mais tu es malin, parce que quand tu invites des gens pour l’apéro, tu leur donnes des petits trucs à manger avec l’alcool pour cacher le fait que c’est une réunion des alcooliques anonymes.
Mais surtout il décrit notre système de règles qui nous font croire qu’on est pas alcooliques en France :
La raison pour laquelle tu penses ne pas être alcoolique c’est que tu as des règles très précises à propos de quel alcool boire à quelle heure. Par exemple, tu peux boire cinq litres d’alcool dans la journée, mais du moment que tu les bois à la bonne heure alors tout va bien.
Par contre si tu prends ne serait-ce qu’un verre mais à la mauvaise heure, t’es dans la merde.
Je n’ai jamais compris. Peut-être parce que j’ai passé une grande partie de mon enfance et adolescence en Guadeloupe et qu’il n’y a pas tous ces rituels. On a pas le truc du vin qui ne compte pas vraiment comme de l’alcool.
#7 | L’alcool est responsable de 25% des décès des jeunes
Chez les 15-34 ans, la consommation d’alcool est responsable d’un décès sur quatre selon les données de l’agence nationale de santé publique.
Je trouve ce chiffre terrible.