7 bénéfices a avoir su que j'étais autiste
— Dépression ? Je suis dépressive ? demandai-je enfin en refaisant surface.
— Eh bien, oui, Paige. Les personnes qui veulent se suicider sont généralement dépressives.
— Mais je ne veux pas mourir parce que je suis triste ou vide, mais parce que mon cerveau va trop vite, et je veux juste que tout s’arrête.
— Ça a du sens. Tu as déjà regardé The Big Bang Theory, Paige ?
— Ah bah c’est ma série préférée
— Vous allez parler de Sheldon Cooper, docteur ? demanda maman.
— Exactement
— C’est drôle, parce qu’on a toujours comparé Paige à Sheldon Cooper.
— Paige, dit le docteur, tu es comme Sheldon Cooper… mais en plus intelligente.Je me mis à faire un rictus moqueur, parce que Sheldon Cooper est physicien. Et moi, j’avais juste quinze ans, et je ne connaissais rien, en réalité, ni à la physique ni au reste.
— Tu es plus intelligente que Sheldon Cooper, reprit-il, parce que tu as appris énormément de choses sur les humains. Tu as réussi à tromper tout le monde autour de toi pendant des années, de la façon la plus sûre possible. Dis-moi, as-tu déjà eu l’impression que les autres pouvaient se parler entre eux d’une manière que toi, tu ne comprenais pas, à laquelle tu ne pouvais pas participer ? As-tu eu le sentiment qu’ils comprenaient plein de choses que toi tu ne comprenais pas, sans qu’on leur explique ? Comme si tu avais raté un cours, avant de naître, sur “comment être un humain” ?
Je fixais le sol, essayant de digérer tout ça.
— Ça a dû être tellement épuisant pour toi, continua-t-il. Tu as passé ta vie entière à observer les autres, à te juger, à essayer de créer un personnage acceptable pour la société. C’est pour ça que les gens savent que Sheldon Cooper est autiste, mais qu’ils ne savaient pas que toi, tu l’étais. Parce que tu as mis en place un stratagème, un camouflage pour te fondre autant que possible dans la masse. Ça s’appelle le masking.
Mon visage était trempé de larmes, c’était écœurant.
— Vous êtes sûr que je ne suis pas une narcissique ? demandai-je, inquiète à cause de ce mot.
— Tu n’es absolument pas narcissique, Paige.Il sourit comme si j’avais posé une question ridicule.
— Le simple fait que tu viennes ici en t’inquiétant de l’être est presque une preuve suffisante que tu ne l’es pas.
Je n’étais pas manipulatrice ?1
Par le hasard du calendrier… quelqu’un vient de m’écrire :
Je démarre le replay de ce midi, désolé, pas pu venir. Déjà le choc tu parles comme un super gentil, pas du tout le mec provoc que j'imaginais
C’est anodin et la personne pensait pas à mal, mais ça m’a renvoyé dans la gueule à quel point je suis naturellement non-apprécié. Surtout à l’écrit en effet. Là c’est une personne qui ne connaît que mes écrits et s’étonne de mon énergie orale.
D’ailleurs dans un contexte très précis de conférence où je mets ce que j’appelais déjà mon masque de formateur (avant même de savoir ce qu’était l’autisme et encore moins le concept de masquage).
Toute ma vie j’ai reçu ce genre de commentaires. Parfois indirectement auprès de gens que je connais et qui viennent me le rapporter : ah bah j’ai croisé untel qui m’a dit que t’étais vraiment plus sympa que ce qu’il pensait.
Le truc c’est que… j’ai appris à avoir l’air sympa en public (selon la définition alliste) parce qu’à une époque l’enjeu c’était tout simplement l’exclusion sociale : au collège j’étais un peu harcelé mais surtout j’ai été beaucoup seul.
Alors qu’au lycée j’ai appris le masque. Depuis, je suis carrément devenue une personne charismatique. Je donne des conférences devant des centaines de personnes qui paient pour ça.
Mais au fond de moi du coup je sais que je suis pas comme ça.
Si bien que j’ai fini par dire à mes proches je suis pas une personne gentille.
J’y croyais profondément.
Je n'’ai pas eu la chance, comme Paige qu’à 15 ans on me dise : mais non Nicolas, tu es pas méchant, tu es juste autiste.
On m’a tellement dit que j’étais arrogant/provoc/méchant…
…carrément ma mère s’inquiétait car elle disait qu’un jour quelqu’un me poignarderait parce que je suis trop insolent.
Et sur ce coup je ne la blâme pas, j’ai toujours senti que ça venait d’une peur sincère. D’autant plus qu’à un moment je vivais dans un contexte où se prendre un coup de couteau c’était possible, j’avais mon voisin et camarade de classe sur qui on avait tiré donc bon. J’habitais pas non plus dans le quartier le plus chaud du monde; c’était pas probable ou fréquent mais c’était possible.
Bénéfice #1 : arrêter de se croire méchant·e, narcissique, arrogant·e, etc
J’ai eu les larmes aux yeux en pleine rue en entendant ces mots dans l’épisode 7 du podcast The autistic Culture en janvier :
- Narcissique et sociopathe sont deux étiquettes qu’on colle fréquemment aux personnes autistes. Et inversement, j’ai aussi rencontré pas mal de gens qui ont été diagnostiqués autistes alors qu’en réalité ils sont sociopathes ou narcissiques.
-J’ai été accusé d’être narcissique, même par des gens que j’aime. Et donc j’ai vraiment voulu comprendre quelle était la différence. D’abord, les gens aiment les narcissiques.
Les gens ne m’aiment pas du tout. J’ai un score de 13 % en agréabilité dans le test OCEAN. Quand je rentre dans une pièce, ce n’est pas moi que tu vas apprécier. Je te le promets, tu vas adorer le putain de narcissique. Il viendra de te dire que tu es magnifique etc.
Moi, on m’accuse d’être manipulatrice. C’est tout ce que j’ai entendu pendant mon procès de divorce : que je manipulais tout le temps... Mais je suis la personne la moins manipulatrice qui soit. Je suis nulle pour manipuler.
Par contre, je suis excellente pour dire la vérité et balancer une tonne de faits qui risquent de te submerger si tu as un cerveau alliste.
Mais ça, ce n’est pas de la manipulation.2
Bénéfice #2 : ne plus ressentir de colère contre la personne qui me met en shutdown
Avant, quand je sombrais en shutdown j’en voulais énormément à la personne source. Pire encore, comme je ne savais pas ce qu’était un shudown je me disais : la personne m’a fait tellement de mal et je ressens tellement de tristesse que je ne peux plus parler.
J’étais profondément convaincu que c’était l’effet de la tristesse. D’ailleurs ne dit-on pas que la tristesse coupe le souffle ?
Aujourd’hui je sais que ça n’a rien à voir avec de la tristesse : c’est une surcharge. Aussi bien émotionnelle que sensorielle. Si j’ai envie de mettre ma capuche c’est pas uniquement pour faire le mec sombre, c’est aussi parce que ça coupe la lumière. Idem si j’ai envie de mettre mon casque dans ce cas là c’est pour couper le bruit.
Depuis que je le sais, j’arrive à dissocier shutdown et colère, j’arrive à me dire que la personne n’a pas fait une horreur même si mon état est horrible.
Bénéfice #3 : différencier colère et meltdown
Avant je disais que j’aime bien le conflit. D’ailleurs ça rentrait avec le narratif de je suis pas un gentil. Aujourd’hui je sais que je déteste être en meltdown.
Et que, malheureusement, la frontière est fine entre simple colère et meltdown.
La vérité c’est que je suis assez rarement en colère. Par contre certains “débats” peuvent me plonger dans un état où après je ne peux plus dormir, etc.
J’ai beaucoup normalisé cet état à cause de ce mème :
Ce que l’image ne dit pas c’est que si je vais me coucher, je ne dormirai de toute façon pas. Et que souvent c’est ma semaine entière qui est gâchée.
Mais la bonne nouvelle c’est qu’aujourd’hui je peux me rappeler que ce n’est pas parce que les propos d’une personne me mettent dans un état lamentable que ça veut dire que les propos étaient graves.
Bénéfice #4 : ressentir de la compassion pour les allistes
Avant, je trouvais que les allistes manquaient d’intelligence. D’ailleurs je me disais c’est quand même fou qu’autant de gens soient fades comme ça.
Aujourd’hui je comprends que c’est uniquement un problème de communication interculturelle.
Hier encore j’expliquais à une amie que les allistes peuvent échanger des mots sans que les mots ne comptent vraiment, juste pour échanger de la vibe. Elle ne m’a pas cru.
Normal… moi aussi ça me paraît intuitivement stupide.
Mais la bonne nouvelle, quand on comprend que quelque chose est culturel c’est que ça permet de lâcher l’axe stupide/pas stupide pour rentrer dans l’axe ma culture/pas ma culture.
Idem pour le message que je viens de recevoir… à une époque j’aurais ressenti de la colère envers la personne, de me renvoyer encore dans la gueule que j’ai l’air méchant à l’écrit. Aujourd’hui je me dis juste qu’on ne parle pas la même langue.
Bénéfice #5 : diminuer les dépressions
Le paradoxe c’est qu’avant je me sentais bien en permanence.
Je crois que depuis l’identification autistique je n’ai plus jamais connu cet état d’extase permanente.
Désormais j’ai l’impression d’osciller en permanence pendant une journée. Mais ça me permet de faire des actions correctives.
Et surtout… je n’ai pas non plus connu de crash système. Avant je passais de l’extase à la dépression.
Pour l’instant, je touche du bois, mais en échange de l’instabilité de mon humeur quotidienne, j’ai une meilleur stabilité de mon humeur annuelle.
Bénéfice #6 : rejoindre mon peuple
Quand j’ai lu le conseil il faut trouver des communautés autistiques, dans Unmasking autism et Unmasked je me suis dit waaaa mais la galère, en plus en France y’a rien…
C’était sans compter sur le fait que je suis déjà entouré d’autistes. Que ça soit les personnes qui s’expriment le plus dans le groupe WhatsApp premium de l’Atelier ou dans mes ami·es…. je ne réalisais pas à quel point.
Et donc ça permet de partager et exorciser des expériences communes.
Ça permet aussi le soutien dans les moments de doute.
Dédicace spéciale et éternelle à
qui m’a servi de Hagrid / Obi-Wan-Kenobi / parraine de l’autisme :Tu es un autiste, Nicolas (et ça fait quasiment deux ans que j’essaie de te le dire)3
Fin décembre je suis passé par une phase de profond doute. Est-ce que j’avais pas rêvé tout ça. Alors je suis revenu lui demander mais toi tu te dis que c’est sûr que je suis autiste ?
C’était un point d’appui salutaire.
Bénéfice 7 : sentir finement la batterie
Probablement le plus important. Avant je sentais que j’avais une batterie mais je connaissais juste batterie pleine / batterie à 20% mode économie d’énergie.
Aujourd’hui je vois précisément ce qui entame ma batterie. Parfois même une simple phrase ou un simple bruit je peux me dire mince, là j’ai perdu de la batterie.
Ça me permet, au cours d’une journée, de réagir et ajuster pour la préserver.
Merci pour l’engouement autour de la formation
Je vais pas te mentir, j’y croyais pas vraiment au fait de faire 20 ventes sur un sujet aussi niche que l’autisme.
Au moment où j’écris cet email vous êtes 18 !
Donc sauf accident on devrait atteindre les 20 d’ici Samedi.
Enfin… j’dis ça… si ça se trouve vous étiez les 18 qui attendaient que ça et y’a personne d’autre ! Et on finira à 18, si près du but avec le seum.
La bonne nouvelle c’est que si tu me lis et que tu as pas encore pris ta prévente pour ma nouvelle formation sur l’autisme… bah à toi seul·e tu vas soit nous mettre à une place de l’objectif soit nous faire atteindre/dépasser l’objectif.
La formation s’appelle
COMPRENDRE L'AUTISME : redécouvrir ton rythme et tes besoins cachés sous le masque
Elle est en prévente jusque samedi. Je ne la tourne que si on a minimum 20 préventes, sinon je rembourse tout le monde : https://nicolasgalita.podia.com/comprendre-l-autisme-redecouvrir-ton-rythme-et-tes-besoins-caches-sous-le-masque?coupon=AUTISME-REGULAR
Si tu es premium retourne dans l’email d’hier pour avoir ton lien spécial.
But Everyone Feels This Way: How an Autism Diagnosis Saved My Life - Paige Layle
Apple is autistic - The autistic culture Podcast, épisode 7
J’ai évidemment résumé de manière cinématographique une discussion WhatsApp plus décousue et plus longue mais c’était l’idée