5 idées reçues sur l'asociabilité
Cette semaine on va parler de sociabilité, et plus précisément d’asociabilité.
Ce mot n’existe pas vraiment mais on l’utilisera désormais pour parler de l’inverse de la sociabilité.
On va commencer par définir ce que c’est en constatant ce que ça n’est pas.
Mais avant ça, petit quiz.
Si tu veux finir de voter avant de voir les réponses, c’est maintenant.
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C’est bon ?
Alors c’est parti. Pour les 5 idées reçues.
#1 | “Les asociables sont introvertis”
Il existe des personnes asociables qui ne sont PAS introverties. C’est mon cas.
Pour le comprendre il faut comprendre ce qu’est l’extraversion. Il n’y a pas de consensus scientifique sur le nombre de sous-facettes, mais comme il y a consensus sur la facette en elle-même, ce n’est pas important.
Je vais prendre le modèle en 3 sous-facettes : Positivité, Assertivité et Sociabilité.
La positivité, c’est le fait de vivre des émotions positives, de les exprimer, d’avoir de l’énergie, un optimisme sur la vie. J’ai un score très haut sur cette facette.
L’assertivité c’est la capacité à exprimer ses opinions et diriger les conversations. J’ai un score très haut sur cette facette.
La sociabilité c’est la tendance à rechercher la compagnie des autres, à aimer les environnements avec beaucoup de gens. J’ai un score très bas sur cette facette.
Conséquence : je fais généralement des scores autour de 70% d’extraversion. Des scores au-dessus de la moyenne. Je suis donc une personne extravertie. Alors que pendant longtemps j’ai dit l’inverse.
Mais c’est parce qu’on confond extraversion et sociabilité. Parfois les gens disent l’extraversion c’est à quel point le contact des autres personnes te donne de l’énergie, l’introversion c’est à quel point tu as besoin de solitude pour récupérer de l’énergie.
Mais c’est faux. Ça c’est la définition de la sociabilité.
Il y a 3 ans j’avais écrit un email où je citais Navo :
Je pense que y’a un truc avec les introvertis qui sont bien dans leur vie : on oublie qu’ils sont introvertis. Le fait que tu montes sur scène, le fait que je fasse des soirées, ça fait oublier, y compris à soi-même qu’à la base t’es un introverti qui se force et non pas un extraverti qui doit se calmer.
Je pense que y’a ce truc de “il a confiance en lui et il se montre” donc il peut pas être introverti. Parce qu’on confond introverti et timide. Alors que tu peux être introverti et pas du tout timide”
À l’époque j’étais d’accord. Aujourd’hui je sais que c’est faux. Navo n’est pas un introverti qui se force. De ce que j’observe de lui sur les podcasts qu’il anime : il est extrêmement assertif. C’est souvent son opinion qui s’impose dans les discussions. Et, même si c’est plus dur à dire, il semble très positif en termes d’émotions. En revanche… ce qu’il décrit c’est qu’il n’est pas sociable.
Mais là où son propos reste vrai c’est qu’il y a une différence entre une personne A qui auraient les scores suivants :
Positivité : 100
Assertivité : 100
Sociabilité : 0
Et une personne B qui aurait les scores suivants :
Positivité : 66
Assertivité : 67
Sociabilité : 67
Au final ça fera deux personnes qui ont exactement le même niveau d’extraversion (66,66%) mais ce sont bien deux personnalités très différentes.
Or, on a tendance à voir l’extraversion comme un bloc. C’est pour ça que les gens comme Navo et moi sont vus comme la personne B, alors qu’on est la personne A.
On a du mal à séparer les sous-facettes, on imagine qu’une personne très assertive et positive sera aussi très sociable. Mais pas forcément.
#2 | “Tu n’aime pas les gens !”
J’ai été le premier à dire que je n’aime pas les gens. Pour expliquer mon manque de sociabilité. Mais, de temps en temps, des gens revenaient vers moi en me disant :
Je ne comprends pas, tu m’as dit au début que tu n’aime pas les gens alors que ce n’est pas ce que je constate. Tu serais pas prof si c’était vrai.
Et oui : c’est vrai.
Je score très haut sur tout ce qui est en lien avec la confiance dans les autres humains.
En vrai ce que je n’aime pas ce sont les conversations superficielles, le small talk. Ce que je n’aime pas c’est le processus habituel de rencontre d’une nouvelle personne.
On en reparlera cette semaine.
#3 | “Tu as moins de compétences sociales”
Non. Ça n’est pas lié. Une personne asociable peut être très douée en communication, empathie, etc. C’est juste quelle va préférer exercer ces compétences dans des contextes d’intimité.
Il faut retenir ce mot-clé d’intimité. Les personnes les moins sociables sont celles qui vont rechercher l’intimité.
#4 | “Tu ne peux pas être si asociable que ça puisque tu fais des conférences”
Tu l’as probablement compris maintenant : ça n’est pas lié.
Je n’ai aucun problème à faire des conférences devant 200 personnes. C’est même un des trucs que je préfère faire dans la vie.
Mon cauchemar c’est d’être lâché dans une grande salle où y’a 200 personnes qui parlent de tout et de rien. C’est très différent.
Mais si tu me donnes un micro et un thème, ce problème disparaît : plus besoin de faire du small talk, je peux parler de choses profondes puisque c’est moi qui décide du sujet.
D’ailleurs, quand je me force à être sociable, je reproduis le modèle conférence : je m’arrange pour être le centre de l’attention sur un sujet profond.
#5 | “Mais tu dois être malheureux, tout seul”
Pas. Du. Tout.
J’adore être en compagnie de moi-même. C’est d’ailleurs ce qui me permet d’écrire. Pour écrire il faut être en compagnie de soi-même, on ne peut pas écrire tout en discutant avec quelqu’un.
J’ai même l’impression que c’est l’inverse : que les personnes sociables ont un souci de “drogue” dans leur vie.
On l’a vu pendant le confinement : si d’un coup on leur enlève la possibilité de recharger leur batterie en allant à la rencontre de gens… elles en souffrent.
Alors que moi c’est si je reste trop longtemps sans solitude que je ressens de la souffrance.
Mais du coup, c’est plus facile, non ? Parce que moi pour décider d’être en solitude, je peux le faire seul. Alors que j’ai des ami·es qui vont avoir besoin de programmer toute leur semaine pour s’assurer de toujours voir du monde un soir. Beaucoup plus compliqué.