3 raisons de voir ta vie en chapitres
En voyant toutes vos réponses à l’exercice du chapitre de vie, j’ai eu l’idée de revenir sur le concept de manière générale.
D’ici là il me reste à faire voter les premium pour les meilleures propositions, mais la tâche va être compliquée, tant vous vous êtes surpassé·es.
Y’a un concept de Tim Urban que j’adore qui est : Life is a Picture, But You Live in a Pixel
Dans mon livre je l’ai traduit par : La vie est un escalier mais tu vis sur une seule marche à la fois.
L’idée c’est de se rappeler que nous vivons uniquement dans une succession de moments. Nous ne pouvons pas faire l’expérience de tout l’escalier d’un coup.
#1 | La fréquence de bonheur est plus importante que l’intensité
En d’autres termes : une vie c’est plein de bonnes journées.
Il vaut mieux plein de petits bonheurs réguliers que des grandes montagnes. Malheureusement, on a tendance à viser surtout ces grandes montagnes.
Je rêve de faire ceci/ Je rêve de faire cela
Par exemple, je rêve de faire des conférences devant 100 personnes.
Le problème c’est que notre cerveau est configuré pour vivre sur la marche, pas l’escalier. Du coup, le jour où ça arrive, y’a une excitation. Puis… elle diminue au fur et à mesure jusqu’à ce que ça devienne banal.
C’est pareil quand on gagne au loto : au début c’est incroyable, puis ça devient la nouvelle réalité.
Nous nous habituons à la marche. Peu importe que ça soit une énorme avancée au regarde l’image entière : notre réalité c’est la marche.
#2 | L’anticipation crée de l’angoisse
L’autre conséquence de notre construction mentale c’est que prédire la suite de l’escalier nous stresse.
Bien sûr, un peu de planification est nécessaire. C’est parce que je sais que je vais devoir payer mon loyer le mois prochain, puis le mois prochain, et ainsi de suite que je fais attention à ne pas dépenser tout mon argent.
En revanche, on passe beaucoup trop de temps à penser au futur, et pas assez dans le présent.
"Quel lien conceptuel y a-t-il entre l'angoisse et la planification ? Les deux sont, bien entendu, intimement reliées au fait de penser le futur. On se sent anxieux quand on anticipe que quelque chose de mauvais va arriver, et on planifie en imaginant comment nos actions vont se dérouler dans le temps. La planification nous demande de plonger dans nos futurs possibles et l'angoisse est une des réactions que l'on peut avoir en le faisant."
Lorsque les chercheurs comptent les éléments qui flottent dans le flux de conscience d'une personne moyenne, ils constatent qu'environ 12 % de nos pensées quotidiennes concernent l'avenir.
Si nous étions capables de nous discipliner il n'y aurait pas de problème. Mais, malheureusement, nous avons du mal à ne pas faire des scénarios catastrophes. En exagérant. D'ailleurs, les événements négatifs sont pire en imagination qu'en souvenir. Même les pires drames. On a demandé à des gens d'anticiper la douleur qu'ils éprouveraient après avoir été abandonné à l'autel, juste avant le mariage. Bien entendu la plupart des gens l'anticipent comme une douleur énorme.
Maintenant, quand on demande la même chose à des gens qui l'ont vécu, on voit qu'ils classent la douleur bien plus bas que ceux qui se l'imaginaient. Je ne suis pas en train de vous dire que ce n'est pas douloureux. Simplement, comme beaucoup de choses "c'est plus douloureux en imagination qu'en rétrospective". Sans compter que le temps gaspillé à réfléchir à des scénarios catastrophes irréalistes est du temps que nous ne pouvons pas investir dans le présent.
Pensez-y : l'énergie employée pour penser à demain est perdue à tout jamais pour aujourd'hui. Bien sûr qu'anticiper est une chose impérative mais il faut être discipliné et ne pas trop investir d'énergie dans un futur qui n'existe pas encore. Si vous avez l'impression de traîner un fardeau à chaque fois que vous pensez au futur : il y a un souci.
#3 | L’erreur de sacrifier le chemin pour la destination
C’est devenu un cliché du développement personnel, mais pour le coup c’est véridique. Si tu n’aimes pas le chemin qui mène à devenir une star de la chanson alors c’est probablement une très mauvaise idée d’y aller parce que l’état final te plaît.
Déjà parce qu’une fois que tu y seras, tu finiras par t’habituer. Ensuite parce que tu ne sais pas si tu vas y arriver. Tu peux échouer, avoir un accident avant, changer d’avis, etc.
Donc si tu n’as pas choisi un chapitre dont tu aimes les pages, tu ressentiras une forme de gâchis.
Surtout que nous sommes très très mauvais à anticiper ce qui nous rendra heureux/heureuse.
C’est un des enseignements qui m’a le plus marqué dans le livre Stumbling on happiness.
En revanche, ce qu’on sait beaucoup mieux faire c’est de constater ce qui nous rend heureux/heureuse maintenant.
En d’autres termes : il vaut mieux essayer de passer plein de bonnes journées plutôt que d’essayer de viser une bonne année, dans 2 ans.