Cette semaine, je te partage mon résumé d’une vidéo qui analyse l’empire Bolloré. Tu te dis peut-être comme moi avant c’est bon, je sais que Bolloré contrôle certains médias. Je sais que y’a un problème avec les milliardaires qui ont des médias.
Mais, avant cette vidéo, je ne comprenais pas que le cas Bolloré est ultraspécifique. En ampleur. Ça n’a rien à voir avec ce qu’on connaissait jusque-là. Pour plusieurs raisons.
Raison #1 : il possède beaucoup plus de médias que les autres
Voilà un aperçu de l’empire contrôlé par Vincent Bolloré. Dedans on a le trio C8, Canal+, Cnews. Mais aussi Europe 1, Paris Match, le Larousse et même Universal Music…
Le plus dingue c’est qu’il a réussi à s’accaparer la moitié du marché de l’édition. Dès que tu achètes un livre de poche, tu finances Vincent Bolloré.
Pour comparaison, voici l’état des possessions médiatiques des autres milliardaires :
Le deuxième (Patrick Drahi) reste loin derrière. Drahi est plutôt Macroniste, soit dit en passant.
Il y a donc un souci d’ampleur. La seule chose qui manque à Bolloré c’est un quotidien. Comparé aux quatre autres qui ont tous un quotidien national pour exercer leur influence. Mais ça risque bientôt d’arriver puisque Bolloré est en train d’essayer de racheter Le Figaro.
Raison #2 : il est d’extrême-droite
Et ça, ça change tout. Certes c’est déjà un problème d’avoir des médias contrôlés par des milliardaires.
J’entends ici des milliardaires qui ont acheté les médias dans un but d’influence. Ces gens ne sont pas devenus milliardaires grâce à leur empire médiatique. C’est une partie du problème : l’intention n’est même pas de faire du profit puisque c’est un secteur où il est très dur de gagner de l’argent.
Or, quasiment aucune loi ne force Bolloré à faire du pluralisme. Il est lui-même catholique réactionnaire assumé et a pour projet de fusionner la droite et l’extrême-droite, de faire sauter la digue qui existe en France depuis la Seconde Guerre Mondiale et Vichy.
Voilà pourquoi Zemmour est sa coqueluche. Et non pas Marine Le Pen. Il lui faut quelqu’un qui peut faire la jonction.
Bolloré entretien donc des relations à droite et à l’extrême-droite. Quand Xavier Bertrand est venu lui demander un soutien, il a répondu : “Il faut mettre un peu plus de Zemmour dans ta campagne”.
Quand Valérie Pecresse est venue pour la même chose il lui a dit : “Zemmour ouvre la porte du second tour à la droite”.
Je trouve que c’est le plus glaçant. Il est parfaitement conscient de ce qu’il fait et il a un sens redoutable de la tactique. L’inverse de la primaire populaire.
Au moment où j’écris, ils ont réussi l’exploit de rajouter une candidature en plus. J’allais dire “à gauche”, mais faut le dire vite que Taubira est de gauche. Et… cette candidate est en train de négocier un ralliement avec Jadot… ce qui nous ramènera donc au point de départ puisqu’entre temps Jadot a baissé dans les sondages quasiment d’autant que ce que Taubira a monté. Le tout en ayant réussi à saboter les candidats de gauche qui ne pouvaient plus s’exprimer sans qu’on leur parle d’union de la gauche. Des génies.
Raison #3 : ses médias relaient l’extrême-droite sans limite
Vincent Bolloré pourrait être d’extrême-droite tout en étant prudent de dissimuler ses affiliations. Par exemple Thierry Ardisson est d’extrême-droite (il se revendique royaliste) mais tend à le cacher dans ses interventions médiatiques.
Quoique… il était mort de rire quand Zemmour disait à Hapsatou Sy qu’elle aurait dû s’appeler Corinne. Il trouvait ça super drôle de dire à Vald que comme il était blanc c’était un rappeur qui savait parler français. Etc. Mais disons qu’il fait l’effort de cacher.
Mais Bolloré est en roue libre. Il a placé des pions d’extrême-droite à la tête de plusieurs médias rachetés. Au point que 76 salariés sur 204 sont partis d’Europe 1 quand il a imposé la direction.
Ne parlons même pas de Cnews qui a 36% de ses invités qui sont d’extrême-droite. Ce chiffre est le double de BFM TV qui est pourtant deuxième. Donc pas petite joueuse.
Tu remarques que dans ce schéma on appelle les membres de LREM le centre. Ce qui veut dire que quand Darmanin est invité, on le compte dans le centre.
Pire encore, ces 36% c’est sans compter Renaud Camus, Eric Zemmour (avant candidature), Jean Messiha, Pascal Praud et autres chroniqueurs régulier.
Et ça ne s’arrête pas qu’à Cnews. On a analysé ce qu’il se passait dans TPMP et c’est pire encore :
Raison #4 : il a suffisamment d’argent pour rire de la loi
On l’a dit, son projet c’est la jonction entre la droite et l’extrême-droite. Or, il est prêt à braver les amendes pour ça. Il a renouvelé son soutien à Zemmour après chaque condamnation (contrairement à ses ex-employeurs comme Le Figaro).
Quand le CSA condamne Cnews à cause du manque de temps d’antenne du gouvernement, la chaîne a diffusé Jean Castex en pleine nuit, 13 nuits durant. C’est dire le mépris.
La seule solution : lui opposer une barrière légale
Tant qu’on aura pas de loi sur la concentration des médias, tout ce qu’il risquera ce seront quelques petites amendes et des rappels à l’ordre du CSA.
Il va falloir que nous prenions le sujet en main un jour où l’autre. Et ça commence par prendre conscience du problème.