Une prédiction de 1999
Je suis train de retourner une formation pour l’entreprise où je travaille (L’école du recrutement). Dedans j’y partage un texte qui analyse le web et qui date de … 1999.
Ça s’appelle Le manifeste des évidences.
J’adore ce texte car non seulement j’aime ce qu’il dit, mais j’aime aussi ce que son existence dit. C’est-à-dire que si on résiste aux sirènes de faire du contenu sur l’actualité, il est possible de faire du contenu intemporel.
On est en 1999, c’est-à-dire un an avant l’invention de ce logo :
La page d’Apple ressemblait à ça :
Et celle d’Amazon à ça :
95 évidences
Je ne vais pas tous te les copier mais en voici quelques unes :
Les marchés sont des conversations.
Les marchés sont constitués d'êtres humains, non de secteurs démographiques.
Les conversations entre humains sonnent de façon humaine. Elles sont menées sur un ton humain.
Que ce soit pour discuter d'information, d'opinions, de perspectives, d'arguments opposés ou humoristiques, la voix humaine est typiquement ouverte, normale, et naturelle.
Les gens se reconnaissent entre eux grâce au son même d'une telle voix.
L'Internet permet des conversations entre êtres humains qui étaient tout simplement impossibles à l'ère des masse-média
Les entreprises doivent descendre de leur Tour d'Ivoire et parler avec les personnes avec lesquelles elles espèrent instaurer une relation.
Les relations publiques ne parlent pas au public. Les entreprises ont profondément peur de leurs clients.
En s'exprimant dans un langage qui est distant, peu attrayant, arrogant, elles bâtissent des murs pour maintenir à distance leurs clients.
La majorité des programmes marketing sont fondés sur la crainte que les clients puissent voir ce qui se passe réellement à l'intérieur de l'entreprise.
Malheureusement, la partie de l'entreprise à laquelle un marché connecté veut s'adresser, est généralement cachée derrière un écran de fumée de boniments, d'un langage qui sonne faux, et qui généralement, l'est.
Les marchés ne veulent pas parler aux relations publiques et aux bonimenteurs. Ils veulent participer aux conversations ayant cours de l'autre côté du mur d'enceinte de l'entreprise.
Se mettre à nu, être personnel. Nous sommes ces marchés. Nous voulons vous parler.
Nous voulons accéder à votre information interne, à vos plans, vos stratégies, vos meilleurs projets, votre sincère connaissance. Nous ne nous contenterons pas d'une brochure en couleurs, d'un site web plein à craquer de poudre aux yeux mais sans aucune substance.
Nous sommes également les travailleurs qui faisons fonctionner votre entreprise. Nous voulons parler aux clients directement de notre propre voix et non selon des platitudes écrites dans un scénario.
En tant que clients, qu'employés, nous n'en pouvons vraiment plus d'obtenir notre information via des télécommandes. Quel besoin avons-nous de rapports annuels impersonnels et des études de marchés de troisième ordre pour nous présenter les uns aux autres ?
En tant que clients, qu'employés, nous nous demandons pourquoi vous n'écoutez pas. Vous avez l'air de parler dans une autre langue.
Ce jargon autosuffisant que vous jetez alentours - dans la presse, à vos conférences - en quoi ça nous concerne ?
Peut-être que vous impressionnez vos investisseurs. Peut-être que vous impressionnez Wall street. Vous ne nous impressionnez pas.
Si vous ne nous impressionnez pas, vos investisseurs en seront de leur poche. Est-ce qu'ils ne peuvent pas comprendre cela ? S'ils le comprenaient, ils ne vous laisseraient pas nous parler ainsi.
Cela nous ferait plaisir que vous compreniez ce qui se passe ici. Ce serait vraiment bien. Mais ce serait une grave erreur que de croire, que nous allons vous attendre.
Nous avons de meilleures choses à faire que de nous soucier de savoir si vous allez changer à temps pour conquérir notre marché. Les affaires ne sont qu'une partie de nos vies. Elles semblent remplir complètement la votre. Réfléchissez-y : qui a besoin de qui ?
Nous avons un vrai pouvoir et nous le savons. Si vous ne saisissez pas le concept, une autre équipe va débarquer qui sera plus attentive, plus intéressante, plus sympa pour jouer avec.
Même dans le pire des cas, notre toute récente conversation est plus intéressante que la plupart des salons professionnels, plus divertissante que n'importe quelle série télé, et certainement plus proche de la vie que les sites web institutionnels que vous avons vus.
Notre allégeance va à nous-mêmes, à nos amis, à nos nouveaux alliés et connaissances, et même à nos adversaires. Les entreprises qui n'ont pas de liens avec ce monde, n'y auront pas de futur non plus.
Certaines prédictions sont tombées à plat
Bien entendu, tout ne tombe pas juste. Tout ce qui concerne les évolutions côté salarié a été démenti. Par exemple :
Un Intranet sain organise les travailleurs dans tous les sens du terme. Son effet est bien plus radical que le programme de n'importe quel syndicat.
Au contraire, on a des travailleurs de moins en moins organisés et de plus en plus de solitude face à la hiérarchie.
Mais tout ce qui touche à la langue de bois est criant de vérité
Ce que j’adore dans ce document ce sont les passages sur la langue de bois. Parce que c’est toujours criant d’actualité : trop d’entreprises communiquent dans cette langue obscure et cheloue en croyant se donner un air de respectabilité.
Le document original
Si tu veux aller lire l’intégralité du document, c’est par ici :