On sous-estime à quel point on change dans une vie.
Les psychologues appellent ça l’illusion de la personnalité stable. On a toujours l’impression d’être la dernière version de soi-même.
Pourtant, quand on se retourne on voit bien les différences énormes. Mais on a l’arrogance, à chaque instant, de croire que cette fois c’est la bonne.
Il y a 10 ans, quel genre de personne tu étais ?
Prends le temps d’ausculter à quel point tu étais une personne différente en 2010.
Et en 2000 ?
Est-ce que y’a quelqu’un qui me lit qui n’était pas né en 2000 ? Je me sens vieux de me poser cette question…
On sous-estime l’énormité de ce qu’on peut accomplir en cinq ou sept ans
Nous ne sommes pas condamnés à faire toujours la même chose. Si tu te concentres pendant 5 ans sur une chose, tu auras le temps d’accomplir énormément.
Le mot important ici est “se concentrer”. Si tu te disperses dans tous les sens, c’est forcément plus compliqué.
Je ne t’ai pas mis la planche de BD où j’ai volé ce concept des vies, car elle prend trop de place. Mais je vais te copier le texte. Je le trouve brillant :
La vie et la mort en onze étapes
Voilà un truc vrai : un jour, vous allez mourir. Voilà un truc faux : on ne vit qu’une fois.
Il faut environ 7 ans pour maîtriser un domaine. Si tu vis jusque 88 ans tu auras 11 opportunités après l’âge de 11 ans pour être bon dans quelque chose. Ce sont tes vies.
La plupart des gens restent coincés dans une vie : “j’ai toujours su que j’étais doué à faire des spreadsheets sur Excel”.
D’autres ont peur de la mort : “je n’ai un diplôme que dans un seul domaine et si je n’exerce pas dans ce domaine … que-suis-je ?”
D’autres pensent qu’ils sont déjà des fantômes : “j’étais bon au basket mais je me suis blessé à la cheville. Aujourd’hui je passe le plus clair de mon temps à simuler mentalement une réalité où je ne me suis pas blessé”.
Mais tu as plusieurs vies.
Tu peux en passer une à écrire des poèmes.
Tu peux en passer une à construire des trucs.
Tu peux en passer une à répondre à la question comment (les faits).
Tu peux en passer une autre à répondre à la question pourquoi (la vérité).
Ce sont tes vies. FAIS-EN QUELQUE CHOSE.
On ne vit pas qu’une fois
On ne vit pas qu’une seule fois. Je suis actuellement dans ma quatrième vie. Nous avons tous en moyenne une dizaine de vies devant nous. Des vies AVANT la mort. Tu l’as compris : on ne parle pas de réincarnation, ici.
Ma première vie (1989-1999) : j’étais enfant. J’adorais apprendre. J’ai accumulé plus de connaissances sur l’Histoire entre 0 et 9 ans qu’entre 9 et 18.
Ma seconde vie (1999-2005): j’entre au collège et j’arrive en Guadeloupe. Socialement inapte. Ma vie la plus dure.
Ma troisième vie (2005-2015): je comprends comment fonctionne la popularité et comment l’obtenir si je veux. D’ailleurs je me fais appeler avec un autre prénom. Abi. Je rentre en école de commerce, je découvre en Pologne que l’enseignement me passionne, je lance une entreprise…
Ma quatrième vie (2015 - 2020) : je me découvre athée, végétarien, polyamoureux, abstentionniste ... je rejoins LEDR et reviens à mon premier amour : l’écriture. J’accepte d’être un professeur. J’accepte d’être un artiste. Je conceptualise une école que l’on bâtit.
Ma cinquième vie (2020 - …) : c’est encore un peut tôt pour le dire. Mais je sens que j’entre dans une autre phase. Je sens que j’ai envie d’avoir plus d’impact militant. D’assumer plus clairement de participer à la lutte antiraciste. Le tout en apprenant à construire un revenu qui permet la sérénité.
Je ne sais pas combien de vies il me reste
Si ça se trouve je suis dans ma dernière. Si ça se trouve j’en ai encore sept. Une chose est sûre : je n’ai aucun souci à me laisser “mourir” pour passer à celle d’après.
Un jour je te parlerai des présumés multipotentiels. Je pense que c’est ça qu’on rate avec ce concept : en fait on peut déjà révéler de multiples potentialités, tout en se concentrant sur une à la fois.
Bref. Nous ne sommes pas condamnés à rester la même personne. Laisse-toi “mourir” quand le moment arrive.
Ça me parle à fond. 3 ans d'école d'ingé et 4 ans de boulot derrière. Ça m'a plu, mais là je change pour un domaine complément différent, toujours en tant qu'ingénieur. J'ai agonisé pendant 1 an en me disant "tu peux pas changer, t'as fait ces études dans ce domaine là, ça n'a pas de sens". Donc oui, se laisser "mourir", ça m'aurait évité pas mal d'auto-flagellation :)