Voilà un screenshot du site de Streetpress :
Tu comprends pourquoi ça ne pouvait que me parler.
Assumer un journalisme engagé
Streetpress s’ancre à gauche.
Je réalise que je ne t’ai pas dit pourquoi je trouvais que c’était la bonne chose à faire.
Raison #1 : le pouvoir de décider de ce qu’on traite
Personne ne peut tout traiter. Or, la presse qui s’affirme “neutre” oublie de le rappeler.
Le terrorisme est un bon exemple. On ne devrait pas médiatiser le terrorisme. En tout cas pas davantage qu’un fait divers. Parce que, sinon, on alimente la machine qui rend le terrorisme efficace. Le terrorisme n’est efficace que s’il est surmédiatisé. Sinon il est inoffensif.
On pourrait avoir un Bataclan par jour en France que la France ne serait pas en danger existentiel. Ça ferait environ 40 000 morts.
Pour comparaison, le covid a tué directement 69 000 personnes en 2020, en France.
Je ne te dis pas ça pour minimiser le drame. Une mort c’est déjà trop.
Mais choisir de faire des milliers d’heures de couverture sur les attentats du Bataclan (environ 150 morts) mais quasiment zéro seconde sur les plus de 8 900 personnes qui se sont suicidées cette année, ça dit quelque chose.
Si on couvrait les féminicides (quasiment le même nombre de décès que les attentats de 2015) avec autant d’intensité… les chaînes infos auraient une autre toute autre tête.
Raison #2 : le modèle économique pèse sur le contenu
On en a déjà parlé, mais une presse neutre qui est financée par des publicitaires et détenue par un milliardaire… c’est risible.
Pourtant, ce sont précisément ces journalistes qui s’offusquent quand on leur dit qu’ils ne sont pas neutres.
Bien sûr que la personne qui détient le média influence sur son contenu.
Bien sûr que la manière dont le média gagne de quoi manger influence son contenu.
Raison #3 : tu n’as besoin de te faire censurer quand tu ES l’instrument de la censure
Je regardais une analyse de la droitisation de France Inter. Et on avait la dirigeante qui expliquait que personne ne la censurait. Qu’elle ne recevait pas de pression du gouvernement.
Je la prends comme exemple mais c’est super commun comme réponse. On l’entend chaque fois qu’on dit à un média qu’il est influencé par son propriétaire.
Mais on oublie le concept même du pouvoir de nomination/révocation.
Pourquoi dans une entreprise capitaliste, les actionnaires n’ont souvent qu’un seul pouvoir : celui de nommer et révoquer le président ?
Alors que c’est le président qui a les pouvoirs sur tout le reste ? On pourrait se dire que du coup c’est équilibré. Mais pas du tout.
C’est le même mécanisme que Président / Premier Ministre. Ce pouvoir de nomination/révocation change tout.
Puisque ça veut dire que la personne qui est choisie pour gérer est choisie pour ses valeurs, sa personnalité, etc.
Donc… pas besoin de censure. Imaginons que demain je devienne milliardaire. Et que je veux un média de gauche. Bah il me suffit de nommer quelqu’un comme Usul ou Besancenot à la direction.
J’aurais pas besoin de m’immiscer dans les contenus, ils feront globalement les contenus que je veux. Et, si c’est pas le cas, je les vire pour les remplacer par une autre personne qui fera ce que j’aime.
Raison #4 : les choix politiques sont des choix de valeurs
Bien sûr, il y a des faits en politique. Si je te dis que les enfants d’ouvriers sont beaucoup moins à avoir le bac que les enfants de cadre, c’est un fait. Mais ensuite il y a les valeurs : certaines personnes vont trouver que c’est un problème, d’autre que c’est ça la méritocratie.
De même, l’instauration ou non d’un salaire maximal obéit à une considération de valeur.
Il faut donc se méfier des personnes prétendant n’avoir pas d’idéologie. En réalité ce sont souvent des personnes qui ont l’idéologie la plus en accord avec le monde actuel.
Raison #5 : refuser l’existence des biais c’est pouvoir se faire avoir encore plus fort
Se croire au dessus de la mêlée, dans la neutralité, c’est refuser d’accepter qu’on est biaisé.
Raison #6 : il faut différencier neutralité et objectivité
L’objectivité c’est le fait de présenter les choses de manière factuelle. Partir d’un constat sans la moindre interprétation. C’est impossible mais on peut y tendre.
La neutralité c’est quand on ne prend pas parti.
L’objectivité me semble incontestablement désirable, la neutralité, en revanche, non.
Je peux très bien décrire factuellement une situation de conflit et prendre parti.
Streetpress vs l’extrême-droite
Ce n’est pas la seule ligne éditoriale :
Mais c’est comme ça que je les ai connus. Ils ont une newsletter spécialement sur ce sujet :
Avec des vraies plongées dans les groupuscules. C’est très pointu, c’est pas juste regardez ce que font le RN et Reconquête.
Des témoignages forts
Je me suis beaucoup servi de leurs contenus sur la police car ils ont des témoignages super bien recueillis.
Le modèle économique
Aïe. C’est là que ça pique.
Ce n’est pas un abonnement mais vraiment un modèle de don.
Bien sûr, c’est beaucoup mieux que faire un modèle gratuit backé par la publicité. Là on a un modèle gratuit backé par des dons.
Mais, quasiment automatiquement, ça veut dire qu’ils gagnent peu d’argent. Car les gens sont pas assez incités. Moi-même je découvre à l’instant que je peux faire des dons.
La seule organisation que je connais et qui prospère avec ce modèle de financement c’est Wikipédia.
Or… gagner de l’argent c’est important, je ne cesserai de le répéter. C’est ce qui permet d’avoir quelque chose de durable, d’éviter le destin de rue89.
Jusqu’à demain tu peux essayer gratuitement l’abonnement premium de l’Atelier
En vrai… je respecte pas les règles du marketing. Je devrais davantage vendre cet abonnement qui contient :
Une manière de soutenir l’Atelier Galita pour 8,99€/mois
En échange tu reçois les emails du weekend
Mais aussi des grosses réductions sur les formations (généralement 20€ d’économie par formation)
Un accès au groupe WhatsApp où je réponds (à l’inverse des emails où c’est selon le temps)
Une communauté sur ce même WhatsApp.
En tout cas, toi, tu as jusqu’à demain pour profiter de l’offre :