Si t’es chelou•e t’es peut-être autiste
Pour rigoler je dis toujours que « chelou » est le mot que les allistes (les non autistes) ont inventé pour nommer les autistes. Mais c’est pas qu’une blague. C’est comme ça qu’ils nous voient.
D’ailleurs plus un acteur alliste joue mal un autiste et plus les allistes disent qu’il joue bien. Parce que pour eux il suffit d’avoir l’air chelou pour avoir l’air autiste.
Ça me rend fou à chaque fois.
Le lien entre chelou et autiste est si fort en eux que c’est présent dans énormément de tests de préqualification de l’autisme.
Voici des items issus de tests officiels :
« Les autres me considèrent comme étrange ou différent•e » (RAADS-R)
« Je suis vu•e par les autres comme étrange ou bizarre » (SRS-2)
« Est vu•e comme un•e professeur•e excentrique » (ASSQ - test pour les enfants)
Et ce regard des autres infusent en soi. Dans d’autres tests on va avoir la notion symétrique :
« Pensez-vous que vous êtes une personne très spéciale ou étrange ? » (Aspie Quiz)
« Dans les situations sociales, j’ai l’impression de faire semblant d’être normal•e » ( CAT-Q)
Ce n’est donc pas anodin
Ça rejoint la métaphore d’hier sur la mauvaise planète. Il y a bel et bien un lien entre le fait d’être perçu·e et se percevoir comme chelou·e et être autiste.
Bien sûr, ça ne suffit pas. On peut se sentir chelou·e sans être autiste. Pour plein de raisons.
Ça va dans les deux sens
Je trouve qu’on en parle pas assez : les allistes nous voient comme chelou·es mais on oublie de dire que l’inverse est vrai.
J’ai passé ma vie à me dire que les gens normaux étaient super chelou·es / fades / hypocrites.
J’ai même une amie à qui je disais régulièrement : mais non mais c’est nous les gens pas normaux, tu vois bien qu’ils sont beaucoup plus des comme eux que des comme nous.
Aujourd’hui on sait tous les deux qu’on est autiste. Mais à l’époque elle me répondait toujours une variante de : je refuse de croire ça, ils ne sont pas normaux.
Dans un sens elle avait raison : la normalité est un jugement de valeur.
Mais dans un autre sens j’avais raison : ils sont beaucoup plus que nous.
Une version neutre de normal/anormal c’est plutôt typique/atypique ou alors tout simplement différent·e.
Ce n’est pas pour rien si autant d’oeuvres qui parlent d’autismes contiennent soient le mot atypique soit le mot différent.
D’ailleurs carrément, une des oeuvres les plus connue s’appelle tout simplement Atypical (je ne te recommande pas). Et le premier film français à parler de l’autisme à l’âge adulte chez une personne qui ne le sait pas s’appelle Différente.
Comment savoir si je suis chelou·e chelou·e ou chelou·e autiste ?
Y’a plein de manières de le savoir. Un des chemins c’est de commencer par des autotests. Sauf que y’en a plein, qu’ils sont durs à comprendre et que si tu le fais sur le mauvais site tu peux même avoir une interprétation qui est un contresens !
Conseil : ne fais jamais le moindre test sur le site psychology tools, c’est un travail de cochon. En 2019 j’ai fait l’AQ chez eux et ils m’ont raconté n’importe quoi sur le résultat. Ça m’a fait perdre des années. Alors que si tu vas sur le site embrace autism tu auras la Rolls-Royce du site de tests : les interprétations sont les bonnes, on t’explique en détail comment comprendre les résultats, on te fournit une note globale de fiabilité du test, etc.
Si tu veux de l’aide là-dessus, j’organise un atelier d’auto-identification ce jeudi 20 novembre à 12h30 sur Zoom.
Pour t’inscrire c’est par ici : https://nicolasgalita.podia.com/atelier-autoid-201125
Ce sera l’occasion de te bloquer du temps pour le faire et de poser directement toutes les questions qui te viennent à l’esprit en le faisant.
