Savoir pourquoi tu es chelou·e va te libérer
On vient de me faire remonter que j’avais fait une coquille lors de l’annonce de l’atelier de jeudi 20 novembre. J’avais mis 13h30 dans l’email au lieu de 12h30. C’est bien 12h30 l’horaire. Pour me faire pardonner (une participante va devoir décaler un rdv) je te propose de l’organiser quoi qu’il arrive (alors que j’avais dit que j’attendais d’avoir 30 inscriptions). Et pour me donner le plus de chances de les avoir, je vais te vendre cet atelier comme je vendrai une formation.
J’ai toujours été chelou
Je me suis toujours senti bizarre. Ou plutôt : je trouvais les gens normaux bizarres et j’aimais bien les gens bizarres, tout en me disant que j’étais relativement normal.
On m’a souvent décrit à la fois comme une personne froide et émotive. Ça serait pas si grave si ça me poussait pas à exploser régulièrement. Comme si je ne pouvais pas contenir mes émotions une fois qu’elles sortaient mais que par contre elles sortaient d’un coup.
Tu sais genre le mec SUPRA CHILL 90% du temps et… épisodiquement EXPLOSION.
Généralement, je m’arrangeais pour que les explosions ne se voient pas en public mais c’était impossible de les empêcher dans le contexte d’une relation de couple.
J’ai beaucoup explosé.
Je le regrette encore. Mais je ne savais pas comment l’éviter. Au fil des années j’ai appris à canaliser et à réduire les paroles irréparables… mais c’est comme si j’avais appris comment ne pas vomir sur les gens mais que je vomissais quand même dans ma bouche.
Je finissais régulièrement en dépression.
Ou, sans aller jusque là, je voyais bien que j’avais un grand besoin de solitude pour me recharger de ça.
C’est en partie pour ça que j’ai refusé de faire des enfants. Bien sûr y’avait d’autres raisons. Mais déjà en 2020 j’écrivais :
Je n’arrive pas à voir comment je peux me permettre d’avoir un enfant dans cette équation. Même si mes amis parents m’ont dit que ça obligeait justement à s’organiser. Ils ont probablement raison. Mais je n’arrive pas à sacrifier autant de liberté pour un autre individu.
Parfois, je reste 48h enfermé chez moi dans mon lit, tout seul. Pas parce que je suis triste, au contraire : j’adore passer du temps tout seul. Comment faire ça avec un enfant ?
Note : je ne recommande à personne de rester enfermé 48 heures chez soi, sans sortir, sans marcher… je ne le fais plus depuis que j’ai compris pourquoi j’étais chelou.
Je n’arrivais pas à voir comment avoir un enfant sans péter un câble au quotidien. Chaque fois que je voyais les parents je me disais mais moi à leur place, j’aurais totalement craqué.
Mais y’a une bonne nouvelle :
On peut être chelou·e sans en chier en permanence dans sa vie
Tu vois tous ces problèmes qui me pourrissaient la vie ?
Les surcharges émotionnelles soudaines
Les disputes de couple qui en découlaient
La fatigue sociale
Les dépressions répétées
Je ne vais pas te dire que tout est réglé… mais j’ai diminué facilement 80%.
Comment ? En arrêtant de vivre comme une personne pas autiste.
En acceptant que j’étais autiste et en appliquant les aménagements autistiques les plus connus, tout a changé.
J’ai découvert des trucs ahurissants comme par exemple le fait que y’a un lien avec la quantité de bruit que je supporte dans une journée et la probabilité que j’explose émotionnellement. Ou encore le lien entre le fait de me doucher trop tard dans la journée et le sentiment de déprime…
Encore plus étonnant : j’ai découvert que beaucoup de cerveaux autistiques sont hyper-réactifs à ce qui se passe à l’intérieur du corps et que, du coup, la digestion génère un sentiment très fort d’angoisse. L’hypothèse ce serait que le cerveau confond la sensation digestive et l’angoisse.
Et, en effet, toute ma vie j’ai ressenti une demi-heure de sorte de blues après le déjeuner. Depuis que j’ai compris ça, c’est l’inverse, j’arrive à ressentir de l’euphorie après le déjeuner en conscientisant que ce que je ressens c’est la digestion et pas de la petite déprime.
Tu veux encore plus étonnant ? Pour la première fois de ma vie je passe moins de 3 minutes aux toilettes. Avant ça me prenait entre 30 et 45 minutes et ça faisaient câbler mes partenaires. En mode mais tu fais quoi dans les toilettes ? J’avais tout simplement un transit exécrable. Mais comme je n’ai connue que ça depuis l’enfance, je ne réalisais pas que ce n’était pas normal. Je pensais que les autres se forçaient à faire caca super vite et que j’étais juste plus intelligent de pas me speeder dans la vie.
Depuis j’ai découvert que, comme beaucoup d’autistes, je bois beaucoup trop peu d’eau (je buvais deux verres par jour max). En comprenant que ce n’était pas typique et que j’avais besoin d’une “béquille”… j’ai mis en place un système qui m’oblige à boire de l’eau (8 à 12 verres par jour) et… maintenant j’ai un transit normal.
Bref… te faire la liste des conséquences que ça a eu sur moi serait trop long mais je voulais te montrer la variabilité des trucs.
Toi t’es pas autiste, non toi t’es HPI, Hypersensible ou carrément neurotypique en couple avec un autiste
Si tu n’es pas un homme blanc (et même si tu es un homme blanc) il y a des chances que les psys t’aient donné des étiquettes qui n’avaient rien à voir avec l’autisme.
Par exemple on t’a dit que tu étais HPI. Sauf qu’un haut QI n’est associé à aucune difficulté particulière selon la littérature scientifique. Après, oui, on m’a encore envoyé le sommaire d’un livre sur les HPI qui disaient que les HPI ont des difficultés sociales et des hyper-réactivités sensorielles.
Bon… c’est sûr que si on prend les traits autistiques et qu’on les repeint en HPI parce que c’est moins stigmatisant…
Ça pourrait ne pas me déranger mais le souci c’est que si un auteur est assez peu rigoureux au point de faire ça… il introduit généralement également un gros lot de bêtises en plus.
Résultat : la plupart des gens qui ont reçu le “diagnostic” de HPI disent que ça n’a rien amélioré à leur situation. Ça laisse avec le sentiment défaitiste de je suis comme ça et on peut rien faire.
Idem pour l’hypersensibilité. Contrairement au HPI, l’hypersensibilité n’est pas totalement bullshit dans sa description mainstream. Cependant il faut faire attention car parfois on appelle hypersensibilité ce qui est en réalité de l’hyper réactivité sensorielle autistique ou alors une forte propension à faire des crises autistiques quand on fait face à l’injustice par exemple.
Mais je crois que le constat le plus courant que j’ai entendu de la part de femmes autistes c’est :
Mon mec est autiste mais pas moi…
Alors… je dis pas que toutes les personnes en couple avec des autistes sont autistes… je dis que c’est souvent le cas.
Y’a deux possibilités :
Tu es une personne qui aime les traits autistiques chez ton mec parce que tu es une alliée
Tu es une autiste qui reconnaît les traits autistiques de ton mec parce que c’est un homme et que l’autisme a été décrit quasiment toujours dans sa version masculine
Et j’affirme que la seconde est beaucoup BEAUCOUP plus fréquente que la première.
Tu vis des surcharges émotionnelles que tu ne sais pas gérer
Si, en plus de te sentir chelou·e, tu sens que tu as du mal à composer avec des sortes de tempêtes émotionnelles et que tu ressens régulièrement une fatigue qui n’est pas expliquée par le manque de sommeil ça serait intéressant de creuser la piste autistique.
Au pire… c’est pas ça mais tu auras avancé sur la compréhension de toi-même.
Ton ou ta psy ne sait pas gérer non plus
Un truc qui peut t’alerter c’est que ton ou ta psy n’y arrive pas non plus. J’ai été expulsé de la thérapie par une psy parce que j’étais autiste. Alors certes, elle ne l’a pas fait exprès, mais j’ai vécu exactement l’incompréhension que je vis toute ma vie : elle me reprochait d’avoir dit un truc violent alors que moi je disais que non mon intention n’était pas violente.
Parce que oui… y’a les surcharges émotionnelles ou en effet je dis parfois des choses intentionnellement violentes mais j’ai aussi le problème inverse : je veux dire un truc chill et l’autre personne semble choquée parce que j’ai dit.
Ou alors, tu as beaucoup de mal à répondre à la question comment vous sentez-vous en thérapie. Ce n’était pas mon cas mais la moitié des autistes sont alexithymiques, c’est-à-dire ont du mal à décrire précisément et au moment de les vivre leurs émotions.
Si tu fais souvent des choses sans savoir si elles te font plaisir ou pas puis tu conscientises quelques jours, quelques semaines ou quelques mois après qu’en fait tu n’aimes pas ça, tu es peut-être alexithymique.
Savoir que tu es autiste va te donner le bon mot-clé
Tu n’imagines pas à quel point y’a des pages et des pages de livres écrits sur les solutions à ces problèmes. Mais ce monde ne se débloque que si tu utilises le bon mot clé.
Mais surtout, lire sur l’autisme va te permettre de développer ta compréhension. Car au final, le mot seul est stérile. Ce qui compte c’est de comprendre que l’autisme engendre :
Des hyper réactivité sensorielles (mais aussi l’inverse)
Un cerveau continuellement en hypervigilance
Des îlots de psychorigidité (souvent c’est ça qui te fait exploser et que les autres ne comprennent pas : ils enfreignent des règles d’un manuel qui t’es propre)
Une manière différente de sociabiliser (que ça soit la fuite ou au contraire devenir un caméléon social)
Le besoin de fréquenter d’autres autistes
Viens répondre à la question
Jeudi 20 novembre à 12h30 (j’ai failli me retromper dans l’heure), j’organise un atelier d’auto-identification autistique.
Si tu sais déjà que tu es autiste, envoie moi un·e proche que tu veux “recruter”.
Si tu te poses la question, c’est l’occasion.
Profite car je ne ferai pas toujours ça gratuitement. Je fais ça pour m’entraîner avant de proposer des ateliers payants sur le sujet.
Donc je ne sais pas si y’aura une autre date (mais en même temps j’ai tellement kiffé le premier que bon… probablement jamais deux sans trois).
Mais surtout il n’y a pas de replay.
Le plan est simple :
5 minutes d’accueil
10 minutes où j’explique les erreurs à ne pas faire quand on fait un test autistique
15 minutes où on passe le test #1
15 minutes où on passe le test #2
10 minutes où on passe le test #3
5 minutes où je te recommande que faire après
Pour t’inscrire c’est par ici :
