La semaine dernière, j’ai demandé votre aide. J’avais besoin de savoir quelles étaient vos difficultés pour déconstruire votre racisme. Voici la formulation exacte que j’ai utilisée :
Dans ton quotidien, quelle est ta difficulté principale pour t’éduquer sur le racisme ?
Ou alors pour te désintoxiquer de ton propre racisme ?
Il y avait un lien Google Docs pour pouvoir répondre en anonyme.
Je trouvais la notion d’anonymat importante car elle permet de parler sans honte. Or, c’est un sujet où la honte nous empêche de parler librement.
Déjà, merci à toutes les personnes qui ont participé. À part une contribution troll, je n’ai eu que des retours profondément intéressants.
Ça a donc fait 42 questions que j’ai réparties en 10 catégories.
Les catégories sont des grands paquets qui m’ont permis d’avoir un ensemble plus lisible et structuré pour y répondre en vidéo.
Car, j’ai décidé de vous répondre directement en vidéo. Ça m’a permis de faire une annexe à ma formation.
Et, la surprise, c’est qu’exceptionnellement, je vais laisser ouvert gratuitement cette annexe jusqu’à vendredi soir.
Tu vas donc pouvoir regarder cette vidéo, en libre accès, ici : https://nicolasgalita.podia.com/484635d3-27c7-42c0-b58d-60e1d0b7b98a
Les catégories de questions
Voilà comment j’ai catégorisé vos réactions.
#1 | Comment gérer le racisme des autres
Ici ce sont toutes les questions où vous vous demandiez comment faire parce que vous connaissez d’AUTRES personnes qui font du racisme. Mais où vous ne mentionnez jamais l’éventualité que VOUS aviez pu dire ou faire des choses racistes.
Dans la vidéo j’explique le problème de cette démarche. De toujours pointer les autres.
Non seulement ça rend les discussions sur le sujet impossible car c’est comme l’alcoolisme : personne ne se sent raciste, c’est toujours quelqu’un d’autre. Mais, pire encore, comment tu veux aider les autres à déconstruire leur racisme si toi-même tu te prends pour une personne parfaite sur le sujet ?
Les autres vont sentir que tu les juges, que tu te sens en supériorité morale. Alors que si tu as conscience de tes propres biais racistes, tu vas pouvoir établir un dialogue plus sain et plus empathique avec les personnes qui en ont. Même quand elles en ont davantage que toi.
Tu verras : c’est beaucoup plus efficace.
#2 | Les personnes noires ne sont pas assez pédagogue
C’est un retour que j’ai entendu souvent dans ma vie, de la part de personne de très bonne volonté.
Mais c’est très problématique et maladroit : comment on peut exiger d’une personne qui vit du racisme d’être plus pédagogue ? Ce n’est pas aux personnes noires d’être plus pédagogues, c’est aux personnes blanches d’être moins susceptibles quand on aborde le sujet. Car elles sont plus détachées émotionnellement et qu’elles ne sont pas directement menacées.
Quand quelqu’un se casse une jambe on n’exige pas qu’il explique sa douleur de manière pédagogue.
#3 | La police de la parole
Le concept du tone policing consiste à exiger que les discussions sur le racisme se tiennent sans colère, avec les formes.
Non seulement c’est ancré dans un biais raciste : voir les personnes noires en colères comme menaçantes (avec notamment le cliché de la angry black woman ou le fait qu’on perçoit spontanément un homme noir comme menaçant). Mais en plus c’est de très mauvaise foi.
Ce qui est important en la matière c’est le fond.
Est-ce que vraiment on peut dire à des gens : on va continuer les injustices tant que vous n’aurez pas demandé poliment.
#4 | Je ne pensais pas faire partie du problème
Toutes les catégories précédentes sont des versions primitives de cette catégorie.
Sauf que si tu ne penses pas faire partie du problème c’est que tu en fais encore plus partie. Il n’y a rien de plus compliqué que de parler de racisme avec quelqu’un qui pense n’avoir rien à apprendre sur le sujet.
#5 | Je ne sais pas où chercher
Cette catégorie est revenue souvent : comment faire, où chercher ? Ça tombe bien… je te propose une formation !
#6 | Je ne fréquente pas de personnes racisées
En résumé, ce sont toutes les questions où vous m’avez dit que c’est dur de s’éduquer sur le racisme quand toutes vos fréquentations sont blanches.
J’ai fait une réponse plus détaillée dans la vidéo mais je vais ici renvoyer la question : les hommes fréquentent tous des femmes. Pourtant, combien d’hommes s’éduquent sur le sexisme ?
Je pense donc que c’est une fausse excuse.
Sans compter que les livres de personnes racisées sur le sujet existent.
Je n’ai pas connu personnellement Martin Luther King pourtant ça ne m’a pas empêché de lire son livre.
#7 | Je sens le racisme en moi mais que faire
Dans cette catégorie ce sont les personnes qui ont été le plus honnêtes car elles ont reconnu avoir déjà fait un truc raciste et demandent comment s’améliorer.
Se poser la question c’est déjà avancer énormément.
#8 | Je n’arrive pas à bien réagir
C’est normal, et c’est pas grave. Je détaille pourquoi dans la vidéo.
#9 | Je ne suis pas concerné·e
Certes.
#10 | Subir d’autres oppressions m’a aidé à comprendre
Très clairement, il est plus facile pour une femme blanche de comprendre le racisme que pour un homme blanc qui ne vit pas d’oppression systémique. Ça ne suffit pas, mais clairement ça aide.
Je réponds de manière plus détaillée dans la vidéo
Comme je te le disais, cette vidéo est en accès libre uniquement jusqu’à vendredi 23h59. Ensuite, je la retire définitivement et elle ne sera disponible qu’au sein de ma formation.
Ne tarde donc pas trop pour la regarder.
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