Refuse qu’on se moque de tes lacunes
La cuisine a toujours été un enfer autistique pour moi :
Ça demande une maîtrise de ses mains que je n’ai pas
J’ai énormément de mal à faire plusieurs choses à la fois et je m’embrouille au milieu de la recette quand deux actions sont en parallèles (par exemple deux trucs qui cuisent en même temps)
Les instructions ne sont pas correctement écrite au premier degré : ça oscille entre très flou et inutilement précis
C’est tout simplement dangereux : je me coupe, je me brûle, très souvent.
J’avais environ 15 ans quand mon père m’a dit que si je voulais manger des pâtes ça serait bien que je les fasse.
J’étais un peu confus. Je n’avais aucune idée de comment faire mis à part ce que j’avais vu. Alors j’ai pris une casserole, j’ai mis sur le feu, puis j’avais les pâtes et je me suis dit je suis pas sûr que c’est comme ça.
J’ai donc demandé :
Et là je mets les pâtes dans la casserole, c’est ça ?
Non seulement mon père a explosé de rire pour se moquer en disant qu’il fallait mettre de l’eau avant mais en plus il a raconté cette histoire pendant des années et des années.
Ce n’était pas son genre : j’ai plutôt grandi dans un cadre où l’apprentissage était au centre. Mais, sur la cuisine, beaucoup de gens ont du mal à être dans la pédagogie.
Ma théorie c’est que la cuisine est une discipline tellement mal expliquée que les gens s’énervent quand on leur demande des explications.
Au lieu d’expliquer, ils se moquent. Comme si on leur avait demandé si la Terre était plate.
Le pire c’est que, le lendemain, je me suis dit que je n’allais pas demander d’aide et essayer tranquillement. J’ai mis mon steak dans le micro-ondes, dans le plat en métal spécialement conçu pour. Car, on avait un micro-ondes qui avait également un mode grill. Là encore, j’avais vu mes parents faire.
Sauf que… le mode Grill doit être activé. Et, bien sûr, les boutons ont des icônes cryptiques. J’ai mis ce que je pensais être le mode grill, j’ai lancé la cuisson et, quelques secondes après une sorte d’éclair de feu est passé à l’intérieur du micro-ondes, j’ai cru que ça allait exploser.
J’avais pas sélectionné le bon mode.
Au passage, mes lacunes moteurs m’ont coûté mon métier de rêve. Depuis assez jeune je rêvais d’être chimiste. J’ai fait une prépa physique-chimie dans ce but. Sauf que… lors du premier TP de chimie en prépa j’ai compris que ça n’allait pas le faire.
Je me rappelle m’être exclamé à mon ami : mais c’est comme la cuisine sauf que quand on se trompe LES TRUCS EXPLOSENT.
Bon bah autant te dire que ma carrière de chimiste s’est arrêté là.
Plus tard, c’est ma partenaire qui s’agaçait parce que je ne savais pas cuisiner, ce que je peux comprendre. Mais un jour elle a suggéré que je le faisais un peu exprès. Ça m’a tellement blessé que je me suis en quête d’apprendre la cuisine peu importe le coût. Ce que j’ai fait. J’ai mis des années et de l’argent à passer de nul à moyen.
J’étais le premier à me moquer de moi
Là je viens de te raconter un domaine où je vivais mal les moqueries. Mais, dans d’autres, c’était moi qui les alimentait. Par exemple, j’ai beaucoup rigolé de mes lacunes administratives. Par exemple quand j’avais publié cette photo :
J’avais écrit à l’envers sur l’enveloppe, en ne comprenant pas ce qu’était le haut et le bas. D’ailleurs c’était pour un courrier à l’assurance maladie quand je tentais de renouveler ma carte de sécu sociale (je n’y suis jamais arrivé comme ça, il a fallu que la procédure change et devienne moins lourde pour que j’y arrive enfin).
Je vais pas mentir… ça me fait toujours rire. Mais maintenant j’ai aussi un sentiment de compassion envers moi-même qui se rajoute.
Et cette année, j’ai réintroduit des limites. Récemment par exemple, des amis se moquaient de moi parce que je ne savais pas utiliser Notion. En vrai j’ai été le premier à me moquer de moi sur ça. Mais, là, j’avais enfin compris que c’était parce que j’étais autiste que je n’y arrivais pas.
Attention, je ne t’ai pas dit que tous les autistes ont du mal avec Notion. Au contraire, je crois que les personnes qui aiment le plus Notion sont précisément des autistes. D’ailleurs les amis en questions sont autistes.
Du coup, j’ai décidé de mettre une limite. En expliquant qu’on pouvait se moquer un peu mais pas non plus trop car c’est un handicap.
Ils ont évidemment compris et se sont adaptés.
Idem, récemment je parlais à mes ex-collègues de mon angoisse face aux procédures France Travail, que y’avait un monde où je pouvais abandonner et renoncer à toucher mes allocations. Au début y’avait un ton un peu de chambrage, du type : ah bah tu dois pas avoir de soucis d’argent.
J’ai fini par changer le ton en disant que la discussion me mettait sur le bord d’une crise d’angoisse et que j’en avais marre d’être un humain dysfonctionnel dans ce monde.
Là encore, iels ont compris et se sont adapté·es. Mais avant j’aurais pris sur moi.
Je ne sais même pas si avant j’aurais réussi à étiqueter que c’était de l’anxiété. Avant je sentais juste qu’une boule dans mon ventre bloquait et m’empêchait de faire les tâches administratives. Aujourd’hui j’arrive à sentir que c’est tout simplement de la bonne vieille anxiété.
Moins de rires, plus d’appel à l’aide
On va pas s’arrêter de rire, ça n’est pas le message que je veux te faire passer. Continuons à rigoler ensemble de nos lacunes, c’est aussi ce qui permet de mieux les supporter. Mon message c’est plutôt : peut-être que tu dois rire un peu moins et demander un peu plus à l’aide.
Atteindre un meilleur équilibre.
Je vois trois formes d’aides.
L’auto-aide : tu prends conscience que ta situation n’est pas typique, que tu as une difficulté bien supérieure à la moyenne et tu mets en place des aménagements
Les retours d’expérience : tu écoutes quelqu’un qui a mis en place les aménagements et tu t’en inspires.
L’aide externe : tu demandes à une autre personne de te venir en aide.
Souvent, quand tu parles aux gens d’autisme ils réagissent comme s’il n’existait que l’aide externe. Que ça soit pour s’identifier (se « diagnostiquer » ) ou pour n’importe quoi d’autres. Sauf que :
Tu peux progresser sans rien demander à personne
Que ça soit l’auto-aide ou les retours d’expérience, tu peux en bénéficier sans rien demander. Il suffit de trouver des retours d’expérience sous format asynchrone (livres, vidéos, conférences, etc).
Les avantages sont évident, c’est :
Plus rapide
Totalement en ton contrôle
Mais attention pour autant à ne pas négliger la demande d’aide externe : tu mérites de recevoir de l’aide sur tes besoins spécifiques. Les personnes neurotypiques reçoivent en permanence de l’aide sur leurs besoins. C’est juste que comme leurs besoins sont très répandus, c’est plus simple.
Parfois les gens me disent non mais quand même, y’a des autistes qui ne peuvent pas vivre seul·es.
Et je réponds… oui… mais toi tu vis seul·e ? Tu cultives toi-même ton blé ? Tu as tissé tes vêtements ? Tu te déplaces uniquement à pied ?
Bien sûr que non. Pour autant tu le vis bien, tu n’y penses même pas car : tes besoins sont couverts par des industries entière.
Si tout le monde faisait des shutdowns autistiques par exemple je peux t’assurer que y’aurait dans la rue des cabines à shutdown pour t’isoler.
Si tout le monde avait une hypersensibilité auditive je peux te garantir que les restaurants seraient beaucoup mieux insonorisés. Et ainsi de suite.
Quand une personne neurotypique pleure : elle reçoit de l’aide. Moi, je ne peux pas pleurer, c’est un trait autistique (encore une fois not all autists). Ou plutôt, je ne pleure que dans des conditions super précises.
Je ne t’ai pas dit que je ne veux pas pleurer, hein ? Au contraire, comme ça m’arrive rarement, j’aime bien pleurer.
Je te dis que, généralement, je ne peux pas : mes larmes coulent de l’intérieur. Alors du coup… moi on ne m’aide pas quand je suis triste. Mais c’est injuste.
Je peux t’aider avec mon retour d’expérience
Comme je disais plus haut, une des formes d’aide est le retour d’expérience. Mais, moi, j’en ai cruellement manqué quand j’ai voulu compenser mes lacunes exécutives. Alors j’ai décidé de te proposer la formation que j’aurais aimé avoir y’a un an. J’ai réuni une année d’expérimentations, d’échecs, de réussites et j’ai tout mis dans une formation que j’ai appelée :
LA VIE D’ADULTE : mes astuces pour fonctionner dans un monde inadapté à mon cerveau
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Je t’ouvre manuellement les accès (donc ça va prendre quelques heures, je le fais 2-3 fois par jour).