Qui paie le plus d'impôts, les riches ou les pauvres ?
Il y a maintenant dix ans, j’ai découvert le livre Pour une révolution fiscale. Dedans j’y avait découvert avec stupeur que les riches ne payaient pas plus d’impôts (en proportion) que les pauvres.
Déjà, un système où les pauvres paieraient exactement la même proportion (une flat tax généralisée) serait pour moi injuste. Alors que dire d’un système où ils en paient plus ?
Le monde vient de sortir une vidéo qui résume bien tout ça et que je te synthétise ce matin : Présidentielle 2022 : qui paie le plus d'impôts, les riches ou les pauvres ?
Définir riches et pauvres
Pour éviter les débats sans fin, ils ont choisi de prendre les 10% les plus pauvres les 10% les plus riche. Les 80% restants étant dans une méga classe moyenne. Autant dire que c’est la définition la plus molle possible.
On a donc les 10% les plus pauvres qui gagnent 900 euros par mois et les 10% les plus riches qui gagnent 11 000€ par mois. Ce sont évidemment des moyennes.
Sur qui pèsent les impôts ?
Ici, on va prendre la même définition que la semaine dernière : on va appeler impôt tout prélèvement obligatoire.
Quand on pense impôt on pense souvent impôt sur le revenu. Or, c’est un impôt globalement progressif : c’est-à-dire qu’il a été pensé pour peser davantage sur les riches que les pauvres, en proportion.
Mais le problème c’est que la plupart des autres prélèvement obligatoires ont exactement le même taux pour tout le monde : ce sont des impôts proportionnels.
Par exemple, la TVA. Elle est de 20% pour tout le monde (sauf produits à taux réduits). Mais, du coup, comme les pauvres consomment tout leur revenu, la TVA les touche plus durement en proportion. Grosso modo, les pauvres passent 20% de leur revenus dans la TVA.
En rajoutant les autres taxes sur la consommation (taxes sur l’électricité, le gaz, etc)… on en arrive à cette répartition :
Et les cotisations sociales ?
Là c’est carrément anti-progressif. Mais par un effet d’assiette. En effet, les plus riches ont également des revenus du capital (loyers, dividendes) en plus de leurs revenus en salaire.
Par exemple Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde au moment où j’écris ne gagne “que” 1,6 millions de salaire annuel. Bernard Arnault ne gagne “que” 3 millions. Alors que les deux ont une fortune dépassant les 150 milliards.
Quand les chiffres sont grands on perd de vue la différence. Petit calcul pour bien voir : il faudrait à Bernard Arnault… 626 000 ans de ce salaire de 3 millions pour atteindre sa fortune actuelle.
Ce n’est donc pas grâce à ce salaire qu’il est devenu riche à ce point.
Au final, les taxes représentent 68% des revenus des plus pauvres et seulement 54% pour les plus riches
Au final, quand on ajoute tous les prélèvement obligatoires, on arrive à cette situation : les 10% les plus pauvres sont davantage taxés, en proportion.
MAIS qui récupère tout ça ?
On l’a vu la dernière fois, dire qu’on paie des impôts ne suffit pas. Il faut aussi dire comment ils sont redistribués. Puisqu’un état ne prend pas d’argent pour s’enrichir : il le prend pour le redonner.
Le propos serait donc à nuancer si les pauvres en profitaient davantage.
Qu’en est-il ?
On l’a vu la dernière fois, la ligne de budget la plus importante de l’utilisation des impôts est la retraite. Or, ça bénéficie davantage aux plus riches puisque c’est en proportion des revenus gagnés.
On a ensuite des prestations type chômage et arrêts de travail. Logiquement, les prestations de chômage bénéficie davantage aux pauvres. Mais, à ma grande surprise, c’est l’inverse pour les arrêts de travail.
Même si au final c’est tout aussi logique puisque les arrêts de travail sont proportionnels au revenu.
Verdict ?
Quelque chose que beaucoup de personnes sentent de manière intuitive : la classe moyenne perçoit moins de prestations (en valeur absolue) que les deux extrêmes.
Mais, ce qui compte c’est plutôt le solde. Et, heureusement, on arrive bien à la conclusion que les pauvres reçoivent plus d’argent qu’ils n’en cotisent alors que c’est l’inverse pour les riches.
Quel est le taux d’équilibre
On arrive à la conclusion de cette vidéo que chaque personne pourra interpréter différemment. In fine, les riches gagnent 13 fois plus que les pauvres avant répartition et ce système réduit l’écart à 3.
Ce n’est pas rien.
Mais est-ce suffisant ?
Surtout que ce chiffre cache les disparités au sein des 10% les plus riches. C’est selon moi la plus grande critique à faire à cette vidéo.
En comptant uniquement par décile (10%) au lieu de percentile (1%) on rate des phénomènes. Par exemple, dans la vidéo on nous dit que l’impôt sur le revenu est progressif car les 10% les plus riches en paient 8% contre 0% pour les plus pauvres. Sauf que ça cache ce qui se passe dans les 1% les plus riches :
La vidéo originale
Si tu veux aller voir la vidéo par toi-même, c’est par ici :