Punaises et santé mentale
On a vu ensemble ce que sont les punaises de lit. Penchons-nous désormais sur les dégâts.
Mais avant de commencer, il faut dire un dégât qui n’existe pas.
Les punaises de lit de transmettent pas de maladie physique
C’est déjà un bon point. Contrairement aux moustiques qui peuvent transmettre des maladies, les punaises ne peuvent pas.
Au passage, j’en profite pour bien dire qu’il n’y a pas de lien entre l’hygiène et la présence de punaises de lit.
Non… l’essentiel des dégâts des punaises sont sur la santé mentale.
La stigmatisation
On a des problématiques qui ressemblent un peu à celles du SIDA : les gens surestiment tellement la probabilité de la contamination qu’ils ont des comportements blessants.
Les spécialistes parlent même d’opprobre social.
Le pire c’est que c’est un cercle vicieux : les gens ont peur des punaises de lit et inflige la stigmatisation mais la stigmatisation est un des impacts des punaises de lit.
Bien sûr que c’est dur d’avoir son sommeil interrompu. Mais ce qui est dur à vivre c’est aussi le sentiment de culpabilité, d’aller dormir chez des personnes qui te font sentir que si tu les ramènes, elles t’en voudront… qui vont te faire faire des choses comme te déshabiller entièrement à l’entrée (dans un contexte où la nudité est ok évidemment)…
Des personnes vont annoncer qu’elles ne viendront plus chez toi…
Et c’est une des raisons pour laquelle la vie des personnes infestées devient un enfer.
Par exemple, la personne qui a ramené les punaises de lit dans mon immeuble ne l’a pas fait exprès. C’est une personne pas très riche qui a trouvé un canapé dans la rue et l’a ramené. C’est très con quand on connaît la problématique des punaises. Mais tout le monde ne sait pas…
Pourtant, les gens ont commencé à le traiter de connard et autres propos très durs contre lesquels je me suis opposé.
Ces propos pourrissent autant la vie que les punaises en elles-mêmes.
Donc on a tout intérêt à tous et toutes adopter une posture plus décontractée et garder ça pour nous. Avoir une posture plus bienveillante envers les victimes.
La privation de sommeil
C’est ce qui a été le plus dur pour moi : ne plus pouvoir faire des nuits complètes. En plus, être réveillé par les punaises c’est pas comme un réveil par un bruit ou pour aller pisser.
On se réveille avec un haut niveau de contrariété, on les cherche partout, on va sur le web chercher l’énième solution….
Du coup, se rendormir est très dur.
La sensation d’invasion
J’ai passé une grande partie de mon enfance/adolescence en Guadeloupe, donc j’ai un rapport plus détendu aux insectes. J’ai vécu avec un nid de scolopendres (un animal dont la piqûre peut envoyer à l’hôpital) pendant des années juste au-dessus de ma chambre.
Donc je n’ai pas trop ressenti ça.
Mais j’ai vu que mes voisines avaient vraiment cette peur de l’invasion, d’avoir des choses qui marchent sur elles la nuit, etc.
Les punaises imaginaires
On en parle pas assez alors que c’est très courant. Pour détecter les punaises de lit la méthode la plus efficace, de loin, ce sont les chiens détecteurs de punaises de lit.
Et, en parlant avec le dresseur il m’a dit que 60 à 70% de ses interventions débouchaient sur un verdict négatif. Sachant que le chien a une fiabilité de plus de 99%.
Donc ça veut dire que la grande majorité des gens qui appellent s’imaginent avoir des punaises.
Et, malheureusement c’est un des grands obstacles à la lutte.
Si bien que peut-être que tu te grattes juste en me lisant. Pour te dire à quel point ça va loin… un jour, ma partenaire s’est convaincue que j’avais ramené des punaises de lit chez elle. Alors elle a commencé à développer des plaques rouges sur le bras.
Je n’ai pas arrêté de lui dire que c’était impossible, que j’avais juste fait un aller-retour chez moi, que je n’avais pas ramené de vêtements…
Mais, au bout de quelques jours j’ai fini par me gratter moi aussi…
J’étais quand même convaincu que j’avais raison car j’avais déjà eu des punaises psychologiques à 2 ou 3 reprises cette année.
Pour en avoir le coeur net on a appelé le dresseur de chien. Verdict : négatif.
Et… par magie… le lendemain plus personne ne se grattait, plus de plaques rouges.
La puissance du mental.
C’est pour ça que si tu appelles une entreprise de traitement, si elle est éthique, elle te passera à la moulinette au téléphone pour bien s’assurer que ce n’est pas psychologique avant de traiter.
Mais c’est pour ça que la psychose est si dangereuse : plus on répand la panique et plus on va répandre les punaises de lit psychologiques. Celles que ton cerveau crée parce que tu as peur.
Ne parlons même pas des personnes qui ont des symptôme de chocs post traumatiques. Et qui, du coup, après une infestation vont continuer à se gratter des années après, de temps en temps… persuadés qu’ils ont à nouveau les punaises. Alors que non.
Conclusion ? Je sais que c’est dur mais il faut se détendre.
Et en cas de doute…
Je te dis demain quoi faire.