Prise de parole : 90% des gens font cette erreur
J’ai accompagné plusieurs personnes pour les aider à faire de meilleures prises de parole. À chaque fois j’ai donné les deux mêmes conseils.
Le deuxième c’est il faut que tu projettes ta voix. Ce n’est pas qu’une question de volume sonore mais d’intention.
Mais pour arriver à ce deuxième conseil, il faut commencer par le premier.
La plupart des gens choisissent une mauvaise structure
En fait, mes séances se suivent et se ressemblent. Je demande à la personne de me montrer le plan de sa prise de parole.
Le plan qui revient le plus souvent est le plan chronologique.
Par exemple :
1) 2019
2) 2020
3) Et 2021 ?
Alors… là je l’ai tellement simplifié que ça devient caricatural (et encore que). Mais c’est à peine plus complexe. Ça va être :
1) Mon début dans l’entreprise
2) Comment j’ai vécu le milieu
3) Comment ça s’est fini
Ou bien :
1) Comment on faisait avant
2) Ce qu’on fait maintenant
3) Le futur
Si tu racontes dans l’ordre ça va être le bordel
Pendant le premier confinement j’ai découvert le film l’Auberge Espagnole, puis la suite Les Poupées russes. Je pensais que j’allais détester. J’ai adoré.
Dès le début du film, il dit :
Je vais pas raconter les choses dans l'ordre, parce qu'en fait dans l'ordre sinon c'est le bordel.
J’ai trouvé ça tellement pertinent. Tout est dit. C’est une leçon de structure que nous donne le réalisateur.
Le fait est que ce qui est valable pour écrire un film ou un livre l’est pour une prise de parole : la structure détermine la qualité de l’ensemble. Or, la structure chronologique est souvent une manière de ne justement pas travailler la structure.
On te dit de structurer ton contenu et tu dis juste “ok : partie 1, partie 2, partie 3”.
Alors qu’on veut une structure qui soutient un propos.
Quel est le propos de raconter dans l’ordre ? Souvent, aucun.
Attention, on peut utiliser le plan chronologique de manière très efficace, surtout si on choisit d’utiliser une histoire comme fil rouge. Mais ça demande de le faire en conscience.
Commence avec le pourquoi
Apprendre à choisir le bon plan est une question de pratique. Mais une des astuces les plus accessibles consiste à essayer de commencer par le pourquoi.
Cette astuce a été développée dans une conférence qui s’appelle Start with why. L’auteur suggère de renforcer nos structures en commençant par le pourquoi.
La suite est ma traduction/paraphrase de la conférence :
"Je vais vous donner un exemple. J'utilise Apple car c'est facile à comprendre et tout le monde connait. Si Apple était comme tout le monde, un de leurs messages publicitaires pourrait ressembler à ça : "Nous faisons des ordinateurs formidables. Ils sont magnifiquement designés, faciles à utiliser et conviviaux. Vous en voulez un ?"
Bof. Et c'est comme ça que la plupart d'entre nous communique. C'est comme ça que le marketing est fait. C'est comme ça qu'on vend. Et c'est comme ça que la plupart d'entre nous parlons.
Nous disons ce que nous faisons, en quoi nous sommes différents ou meilleurs. et nous nous attendons à un certain comportement, un achat, un vote, ou quelque chose de la sorte.
"Voici notre nouveau cabinet d'avocat. Nous avons les meilleurs avocats et les plus gros clients. Nous nous donnons toujours à fond pour les clients avec qui nous travaillons." "Voici notre nouvelle voiture. Elle a une superbe autonomie. Elle a des sièges en cuir. Achetez notre voiture." Ça ne donne aucune inspiration.
Voici la manière dont Apple communique vraiment : "Dans tout ce que nous faisons, nous croyons à la remise en cause du statu quo. Nous croyons en une manière différente de penser. Notre manière de remettre en question le statu quo est de rendre nos produits magnifiquement désignés, faciles à utiliser et conviviaux. Et il se trouve qu'on fait des ordinateurs formidables. Vous en voulez un ?"
Rien à voir non ? Vous êtes prêt à m'acheter un ordinateur. Tout ce que j'ai fait c'est de renverser l'ordre des informations. Cela prouve que les gens n'achètent pas ce que vous faites; ils achètent pourquoi vous le faites. Ce que les gens achètent, ce n'est pas ce que vous faites, mais pourquoi vous le faites."
Un exemple d’application
Imaginons que tu veuilles faire une conférence sur les gilets jaunes. Tu pourrais faire un plan chronologique :
1) Le début du mouvement (octobre 2018)
2) Les manifestations deviennent une habitude (hiver 2018-2019)
3) L’essoufflement (printemps 2019)
Petite astuce qui vient de l’art de raconter des histoires : un récit doit comprendre un “mais” pour être enthousiasmant. Si tu accumules des “et” ce n’est pas une histoire. Donc déjà là on peut améliorer en mettant juste un “mais” :
1) Le début du mouvement
2) Problème : la répression policière est violente, le mouvement se radicalise
3) L’essoufflement
On a déjà plus envie d’en savoir plus sur le hic de la partie 2. Mais on peut aller encore plus loin en commençant par le pourquoi :
1) Pourquoi le mouvement des gilets jaunes s’est déclenché sous Emmanuel Macron et pas un autre président ?
2) Qu’est-ce que ce mouvement et en quoi était-il différent des mouvements traditionnels ?
3) Comment le mouvement des gilets jaunes a changé radicalement notre rapport à la police ?
On a déjà quelque chose de plus épais, de plus dense.
Parce que le “pourquoi” nous a forcé à trouver un propos. On ne récite plus de manière neutre (et donc ennuyeuse) les choses : on les raconte avec son analyse. On met du sens dans le désordre.
J’ai un peu triché car j’ai utilisé une autre astuce… un plan tout fait…
Le plan PQCE
J’ai appris ce plan en lisant Laurent Breillat de PédagoClic. Il s’agit d’aller une étape plus loin que juste commencer par pourquoi.
Ici on a un plan : Pourquoi - Quoi - Comment - Et si ?
Que je raccourcis souvent en Pourquoi - Quoi - Comment
Comme je viens de faire.
C’est un exemple parmi d’autres de plan prêt à l’emploi que tu peux utiliser et qui musclera tes prises de parole.
Quels sont les autres ? Bonne question ! Je t’ai fait ma liste personnelle dans ma nouvelle formation : Préparer une prise de parole : ma méthode complète
Je te montre pourquoi la structure sauvera toutes tes prises de parole
Avant quand j’imaginais un coach en prise de parole, j’imaginais quelqu’un qui allait se concentrer sur le non-verbal : faire les bons gestes au bon moment, avec la bonne voix.
Tu sais… toutes ces choses qui fascinent.
Depuis, j’ai appris que c’était une très mauvaise idée de commencer par ça. On travaille le non-verbal quand on a déjà beaucoup travaillé la forme.
En fait c’est comme les gens qui commencent le foot et qui veulent directement faire plein de dribbles comme Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, alors qu’on va d’abord leur enseigner à faire des simples passes, correctement.
D’ailleurs, en ce moment je chante dans mon coin (pour mon meilleur public constitué d’une personne, toujours la même). J’ai envoyé le résultat à une amie chanteuse. Elle m’a répondu :
C’est bien mais tu forces trop ta voix, il faut utiliser ta voix naturelle.
Pourquoi ? Parce que quand j’imagine un chanteur j’imagine quelqu’un qui pousse sa voix. Alors que la base c’est d’abord de savoir le faire naturellement.
Je m’égare. Je veux te dire que si tu n’es pas une personne professionnelle de la prise de parole, faire un travail sur le non-verbal ne sera pas ta priorité. L’essentiel de tes efforts doit se concentrer sur le choix de la structure.
Ruben Perez, qui me coache en ce moment pour ma future prise de parole a réagi ainsi à mon article d’hier sur le sujet :
Ah je te donne bien raison. Faire travailler quelqu'un uniquement sur la forme c'est lui demander d'arroser un ananas avec une bouteille d'eau vide.
J’aime beaucoup cette image.
Je te propose donc, en moins d’une heure et demie, de te montrer comment remplir ta bouteille d’eau pour arroser l’ananas. C’est par ici :
Comme d’habitude, elle est en promotion de 64% jusqu’à vendredi soir. Donc ne tarde pas trop à la rejoindre.