Ce qui va suivre est un remake d’un email que j’ai déjà envoyé mais uniquement aux premium, en 2022. Cette semaine est l’occasion de le rendre accessible à tout le monde.
Les troubles psychiques touchent énormément de monde. Chaque semaine, une personne sur six éprouve le symptôme d’un trouble psychique. En permanence.
Par conséquent tout le monde est touché à l’instant t, soit directement soit par le biais d’un proche.
Là maintenant, en moyenne, si tu as 12 personnes proches de toi, tu vas en avoir 2 qui ont vécu le symptôme d’un trouble psychique la semaine dernière.
Je trouve qu’on insiste pas assez là-dessus. Je l’observe dans mon métier de prof car mécaniquement dans une classe de 20 personnes, c’est incontournable.
L’approche CARES
Le proctocole s’appelle CARES. Il a été pensé pour s’adapter à toutes les formes de troubles psychiques. Pour rappel, les troubles psychiques les plus courants (dans l’ordre de fréquence) sont :
Les troubles anxieux (le stress post traumatique (PTSD), la phobie sociale, le trouble anxieux généralisé, l’agoraphobie, les TOC)
Le trouble dépressif caractérisé
Les troubles liés à une substance (alcool, tabac, drogue)
Troubles des conduites alimentaires (anorexie mentale, boulimie, hyperphagie boulimique)
Les troubles psychotiques (schyzophrénie, trouble bipolaire, trouble schizo-affectif, dépression psychotique)
Les addictions liées au jeu
Voilà l’approche générale qui a été conçue par les formateurs en premiers secours en santé mentale australiens.
Calmement approcher, rassurer, évaluer la gravité et assister
Activement écouter
Recommander de l’aide immédiate (attention aux signes de crise)
Encourager à demander de l’aide professionnelle
Suggérer de l’autoaide et d’autres moyens d’améliorer la santé mentale (hors aide professionnelle)
Calmement approcher
Approche la personne calmement en ayant choisi le moment.
De préférence dans une pièce silencieuse sans interruption.
Un endroit où la personne peut se sentir plus apte à s’ouvrir.
Respecte son droit de ne pas vouloir discuter.
N’oublie pas de faire attention aux différences culturelles.
N’hésite pas à demander directement comment elle se sent et depuis combien de temps elle se sent comme ça.
Activement écouter sans jugement
Cet étape est vitale, il est crucial que la personne te reconnaisse comme une personne qui ne la juge pas. Afin qu’elle puisse parler de manière confidentielle et relaxée sans s’inquiéter du stigmate.
Essaie de ne rien présumer, de ne rien interpréter.
N’exprime jamais de la colère ou de la déception.
N’essaie pas de rationnaliser ce qu’elle ressent.
Réfléchis à l’endroit où tu es assis·e, l’endroit qui fait la personne se sentir le plus à l’aise. La personne doit sentir que tu l’écoutes avec une pleine attention.
Oublie les idées reçues quand tu l’écoute et utilise le langage non verbal pour signifier que tu écoutes pleinement.
Accepte ce qu’elle dit même si ça n’a aucun sens dans ton point de vue. Ne te précipite pas vers une solution.
Reformule pour t’assurer que tu as bien compris.
Recommander de l’aide immédiate
Une fois que la personne sent que tu l’as écoutée pleinement elle sera peut-être plus réceptive à ton aide.
Dis clairement que tu prends en compte ses sentiments et explique comment tu peux l’aider. Cherche s’il existe une solution pratique immédiate. Par exemple si la personne se sens angoissée à cause de l’école, il y a peut être un truc à mettre en place directement avec l’école.
Sois prêt·e à la soutenir dans la démarche de prendre un rendez-vous chez son médecin généraliste. Certaines personnes ont besoin qu’on vienne avec elle, d’autres non.
Attention, la personne a besoin de courage pour te parler. Il faut donc l’assurer qu’il n’y aura pas de conséquences négatives à cette discussion et respecter son timing.
Rassure-la, remercie là de s’être ouverte à toi et explique lui qu’elle n’est pas seule, que 25% des gens vivent ce genre de situation dans une année et que tu es là pour aider.
Encourager à demander de l’aide professionnelle
Une personne atteint de trouble psychique se rétablira généralement plus vite avec une aide professionnelle. Explorez les options ensemble et sois prêt·e à apaiser ses peurs de la stigmatisation ou ses fausses croyances à propos des options (souvent par rapport au psy).
L’aider à comprendre qu’elle n’est pas la seule à souffrir peut être empouvoirant et rassurant pour elle.
Elle ne connaît peut-être pas l’étendue des options possibles : discussion avec un travailleur social, psychothérapie, l’aide médicamenteuse, le support financier, l’aide de la famille, les groupes d’aide spécifiques.
Elle ne savait peut-être pas pourquoi elle se sent comme ça.
Demande-lui s’il y a quelqu’un d’autre qui pourrait aider et à qui elle pourrait parler (un ami, un membre de la famille, un professeur ou un autre adulte de confiance).
Son médecin généraliste peut également l’aiguiller et l’envoyer vers les bonnes personnes. Il pourra également confirmer qu’il ne s’agit pas d’une maladie physique.
Il y a également des numéros. En France on a le 3114 pour la prévention du suicide mais aussi des numéros comme SOS amitié. Les personnes qui décrochent sont des professionnels de la santé entraînés.
Appelle le 112 ou le 15 s’il y a un danger immédiat que la personne se blesse ou blesse quelqu’un d’autre.
Par exemple : la personne a des intentions suicidaires, elle parle de se blesser elle ou quelqu’un d’autre, a déjà commencé à se blesser sérieusement ou est en train de vivre d’intenses symptômes.
Attention : de manière générale, il faut respecter le consentement de la personne. On ne peut pas forcer quelqu’un à demander une aide.
Pense-bête : cartographie des 7 types de professionnels en France.
Les médecins généralistes
Les psychologues
Les psychiatres
Les infirmiers diplômés d’état (qui travaillent dans des services spécialisés dans les soins aux personnes souffrant d’un trouble psychique)
Les ergothérapeutes, kinésithérapeutes (qui travaillent dans des services de santé mentale)
Les travailleurs sociaux
Les coordinateurs de parcours (on l’appelle aussi assistant. Il accompagne principalement des personnes qui ont un trouble psychique sévère et qui est le point de référence pour le suivi de l’accompagnement).
Suggérer de l’autoaide et d’autres moyens d’améliorer la santé mentale (hors aide professionnelle)
Explique lui les stratégies possibles d’autoaide
Méditation, sport, sommeil, livres, etc
Montre lui les différents groupes de support.
En effet, il y a l’équivalent des Alcooliques Anonymes sur tous les autres troubles. On appelle ça les Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM). Tu peux retrouver une cartographie par département ici : https://www.psycom.org/sorienter/les-groupes-dentraide-mutuelle/
Dans le même esprit il y a Clubhouse :
https://www.clubhousefrance.org/
Encourage la à discuter de ses ressentis avec un·e ami·e proche ou un·e membre de sa famille.
Montre lui des ressources en ligne ou en physique
Voici une ressource généraliste qui peut aider sur tous les troubles :
https://www.unafam.org
En voici d’autres sur les troubles psychiques les plus fréquents :
https://www.stopblues.fr
https://francedepression.fr
https://www.anxiete.fr
http://www.info-trauma.org/fr/accueil
https://www.collectif-schizophrenies.com
https://www.drogues-info-service.fr
ou 08 00 23 13 13
https://sosjoueurs.org
https://www.ffab.fr
(Fédération Française des Anorexiques Boulimiques)
Continue à lui fournir de l’aide
Le médecin généraliste est souvent la porte d’entrée la plus facile. Mais sois ouvert·e à toutes les options, écoute ce qu’elle préfère. Peut-être qu’elle a déjà essayé une aide et que ça n’a pas marché. Peut-être que la première aide échouera. Dans ce cas, il faut continuer à l’encourager à trouver une alternative et ne pas abandonner.
Parfois un support en ligne sera la meilleure option. Parfois un groupe de support sera la meilleure option. Il n’y a pas de règle. C’est pas “le psy ou rien”.
Après la discussion
Essaie de ne pas trop changer ton comportement. La personne a besoin de stabilité.
Cependant, sois désormais plus attentif/attentive. Rappelle que tu es là pour parler à n’importe quel moment.
Dans ce cas, planifie le moment avec elle pour avoir un vrai temps de discussion
Sois calme et positif/positive
Une des inquiétudes les plus courantes étant de rester incompris·e, ton soutien continu peut faire une grande différence
Il est important de redire que tu peux aider et accompagner auprès des professionnels
Dis lui que les échanges entre vous sont confidentiels et respecte son consentement là dessus sauf en cas de danger sérieux
Cependant, encourage la personne à aller en parler à tous les gens qui pourraient aider
N’oublie pas les groupes de support. Parler avec d’autres personnes qui vivent la même chose peut être une grande aide.
Apporte tout soutien pratique possible, y compris aller avec elle aux rendez-vous en l’attendant dehors