

Discover more from L'Atelier Galita
Pour cette première semaine de vacances, j’ai décidé de te faire redécouvrir l’article qui explique mon positionnement sur l’Atelier.
Si tu ne veux pas attendre, tu peux le découvrir en intégralité ici :
Ceci étant, dit, c’est parti pour la première partie sur quatre.
Pourquoi suivre les actualités est dangereux pour ta santé mentale ?
Comme tout le monde, je croyais que suivre les actualités faisait partie de ce qu’il faut faire pour être un bon citoyen.
Je pensais que les actualités étaient des informations. D’ailleurs on appelle littéralement ça “les informations”. Alors que le terme anglais est bien plus correct : news. Les nouveautés.
Puis un jour j’ai lu, dans la Semaine des 4 heures, un conseil qui a bouleversé mon quotidien : arrête de suivre les actualités.
L’auteur prétendait même que les actualités étaient dangereuses.
Dangereuses ! Carrément ? Oui, carrément. 8 ans plus tard, je me demande comment j’ai fait pour l’ignorer si longtemps.
Avant de nous lancer dans le sujet…si tu veux t’abonner à ce que j’écris : clique ici et laisse ton email pour avoir du contenu de moi régulièrement. D’ailleurs je t’en parle un peu plus en détails à la fin.
L’impact des actualités sur la santé mentale (partie 1)
Voyons ensemble les différents effets de la consommation d’actualité sur notre santé mentale.
Les actualités sont totalement inutiles
C’est quand la dernière fois qu’une actualité t’as été utile ? Je veux dire par là que tu as changé quelque chose dans ta vie suite à une actualité ?
Attention, je parle de faire un changement intelligent et positif. Si tu t’es mis à te méfier des personnes qui ont une tête d’arabe suite à la couverture des attentats, ça ne marche pas.
Je parle d’un changement dont tu peux être fier, quelque chose qui t’a construit. Je ne peux te citer aucune actualité qui a eu un tel effet dans ma vie. En revanche je peux te citer des dizaines de livres et d’articles de fond.
D’ailleurs, je l’ai déjà fait : ici
Le pire c’est que nous ne sommes même pas mieux informés. Les actualités se rapprochent bien plus de la désinformation que de l’information.
Pourquoi ? Parce qu’elles font des effets loupes qui exagèrent l’importance du nouveau, du cas particulier.
On est systématiquement mieux informé avec un livre, un podcast ou un article de fond. Car les actualités dramatisent tout. Dans l’actualité, on va davantage parler de la neige qui bloque Paris que d’une découverte scientifique le même jour.
En vérité, les actualités te permettent simplement d’avoir un truc à raconter à la machine à café. C’est tout.
En même temps c’est logique : que vendent les entreprises de presse ? De l’information ? Non. L’actualité n’est pas leur produit. L’actualité c’est l’appât avec lequel elles attirent le produit. Le produit c’est ton attention. On vend ton attention à des publicitaires. Leur but n’est donc pas de t’informer mais bien de te faire revenir encore et encore. Le but est de te faire croire que ce superficiel est important, vital.
De toutes façons, comme on le verra, les entreprises de presse n’ont plus les moyens de produire de l’information de qualité. Il reste quoi ? Le drame, l’exagération, le matraquage du même sujet pendant une semaine.
Les actualités augmentent ton stress
“Les actualités déclenchent constamment le système limbique. Les histoires qui font peur activent la libération de cascade de glucocorticoïde (cortisol). Cela dérègle votre système immunitaire et inhibe la diffusion des hormones de croissance.
En d’autres termes, votre corps se trouve dans un état de stress chronique. De haut taux de glucocorticoïde causent des problèmes de digestion, des problèmes de croissance (cellules, cheveux, système osseux), de la nervosité et une plus grande vulnérabilité face aux infections virales.
Les consommateurs d’actualités prennent le risque d’altérer leur santé physique. Les autres effets secondaires potentiels des actualités incluent la peur, l’agressivité, une vision tunnel et une insensibilisation.”
Relis attentivement ce passage. Prends la mesure de ce que ça veut dire : la consommation d’actualités augmente ton niveau de cortisol, l’hormone du stress. Et un trop haut niveau de cortisol a des conséquences sur la santé mentale et physique.
Les actualités distordent ta perception de la réalité
Le docteur George Gerbner a étudié cet effet dans les années 70.
Il a pris deux groupes de personnes : des gens qui ne regardent pas beaucoup la télévision et des gens qui la regardent quatre heures par jour (donc grosso modo la consommation moyenne).
Gerbner et son équipe ont ensuite demandé à ces 2 groupes d’estimer la probabilité d’être victime de violences physiques durant une semaine de vie normale.
Les chercheurs ont constaté que les “Téléspectateurs occasionnels” estimaient cette probabilité à 39%, alors que les “Télévores” estimaient la probabilité à 52%. Pourtant, la probabilité réelle dans le contexte de l’étude est de…1%.
Les individus amplifient donc tous cette probabilité, mais les “Télévores”, selon ces résultats, surestiment bien d’avantage : 52% au lieu de 1%. C’est une importante marge.
Cet effet s’appelle le syndrome du grand méchant monde. Or, ce n’est pas à cause de la fiction. Notre cerveau dissocie la fiction de la réalité. En revanche, les actualités nous sont présentées comme étant de la réalité.
Or, nous sommes très sensibles à ce qu’on appelle le biais de disponibilité. C’est-à-dire que plus on voit quelque chose, plus on pense que c’est important et probable. Voilà pourquoi on surestime les dangers du terrorisme.
Les accidents de voiture et le tabagisme font bien plus de morts que le terrorisme ou la criminalité.
“De 1995 à 2008, le focus sur les victimes, les agressions, les viols, la délinquance, les catastrophes, a quadruplé à la télévision française, sans que les faits en question ne quadruplent”
Personne ne peut se croire immunisé. Nous développons un pessimisme inconscient en étant bombardés d’actualités.
Pire, encore, après la catastrophe naturelle qui a ravagé la Nouvelle-Orléans, cette perception est même devenue dangereuse.
En effet, les journaux télévisés ont commencé à relayer des faux récits de pillage. Sur la base de ces récits, les autorités ont déployé 72 000 militaires, non pas pour aider les habitants mais bien pour réprimer les débordements imaginaires. Avec ordre de ne pas hésiter à tirer. Ce n’est qu’après-coup qu’on s’est rendu compte qu’il y avait eu bien plus de scènes d’entraide et de solidarité que de pillages. La majorité des pillages n’étaient en fait que des rumeurs.
Le syndrome du grand méchant monde nous rend plus facilement crédules face à l’idée que les humains sont forcément mauvais.
Le monde n’est pas angoissant : c’est les actualités qui sont angoissantes
On ne s’en rend même plus compte mais les actualités sont responsables de notre niveau d’angoisse. Mais on croit que c’est le monde qui cloche. On croit que le problème est dans le grand méchant monde. Alors que non : le problème est dans les actualités.
J’ai vu passer ce post sur LinkedIn qui résume à merveille le souci :
Si on en croit ce post, on a l’impression que le monde est devenu anxiogène. Ou même que l’actualité est anxiogène. Mais repenses-y…as-tu déjà vu un bulletin d’informations non-anxiogène ? Les actualités parlent majoritairement du négatif. On accepte ça comme une évidence sans jamais le remettre en question. Mais ça ne va pas du tout de soi.
C’est parce qu’elles doivent vendre de la publicité derrière (on va voir le rapport dans le chapitre suivant).
Le monde n’est donc pas anxiogène, c’est la couverture médiatique qui l’est. On passe d’un drame à un autre. Même la météo est dramatisée. De la neige à Paris ? Apocalypse. La Seine qui monte ? Apocalypse. Plus de 35 degrés à Paris ? Apocalypse.
On a vite fait d’oublier que l’anxiété est provoquée par les actualités. Lors des attentats du Bataclan, j’ai fait une rechute médiatique. Il faut dire que ça s’est passé dans ma rue. Pendant une semaine, à chaque fois que je sortais je tombais sur un camion avec une antenne parabolique et un journaliste devant une caméra.
J’étais tellement angoissé que j’ai envisagé d’annuler une formation que je devais donner. Heureusement, j’y ai été. J’ai passé une journée entière sans regarder mon téléphone. Le soir je me suis senti libéré d’un poids.
J’ai alors compris que je n’étais pas angoissé à cause des attentats. J’étais angoissé parce que je passais mes journées à regarder les chaînes d’information en continu qui parlaient en boucle des attentats.
Les actualités ne nous fournissent pas de l’information, elles nous fournissent de l’angoisse. La preuve ? Quand j’étais petit on voyait souvent des reportages sur l’extrême pauvreté dans le monde. Logique : puisqu’en 1990 elle était de 47%. En 2001 le taux est tombé à 15%. Conséquence : tu ne vois plus les reportages. Mais tu n’as pas pour autant un reportage qui rapporte la bonne nouvelle.
Pareil pour la faim dans le monde. Nous sommes actuellement en train de vaincre la faim dans le monde. En 1990, 19% des humains souffraient de sous-alimentation. En 2016 quasiment moitié moins : 11%. Les actualités n’en ont pas parlé. Pourtant ce n’est pas un détail : ça fait 2 milliards de personnes épargnées.
Les actualités vont nous rappeler qu’il y a trop d’humains sur Terre et que la planète a du mal à encaisser. Mais elles oublient de dire que cette forte croissance est due à la diminution des famines, des guerres et la baisse de la mortalité infantile.
Dans les actualités, on ne va pas te dire que les infections du Sida ont été divisé par deux entre 2000 et 2013. Non, on a eu les bulletins d’information angoissants au début des années 2000. Mais en 2013 tu n’as pas une vague d’actualités qui dit “bonne nouvelle, le Sida régresse”.
La diminution de la concentration
Les actualités nous reprogramment. C’est-à-dire que notre cerveau continuent à fonctionner différemment, même quand nous ne regardons plus les actualités. Et c’est dangereux.
Plus nous consommons d’actualités et plus nous musclons les circuits neuronaux dédiés à la lecture en diagonale et au multitâche. Dans le même temps, nous laissons se ramollir les circuits neuronaux dédiés à la lecture profonde et à l’analyse. La plupart des consommateurs d’actualités, même s’ils ont été d’anciens grands lecteurs de livres, ont perdu leur capacité à lire de longs articles ou des livres. Après 4 ou 5 pages, ils se sentent fatigués, leur concentration s’évanouit et ils s’agitent.
Ce n’est pas parce qu’ils vieillissent ou que leur agenda est plus chargé. C’est parce que la structure physique même de leur cerveau a été modifiée. Nous entraînons nos cerveaux à focaliser leur attention sur des cochonneries
Je dois rajouter quelque chose ? Je crois que tout est dit. Si tu as l’impression de ne plus avoir les capacités de concentration nécessaires pour lire un livre, voici une piste à explorer.
Mais…comment en sommes-nous arrivés là ? Est-ce un complot ? Est-ce de l’incompétence ? Non. Pas du tout. Les actualités ne peuvent pas être autre chose que ce qu’elles sont. En tout cas pas tant qu’elles sont gratuites.
Le problème du gratuit (partie 2)
La suite demain.