Je viens d’écouter une chanson que j’ai écrite pendant ma dernière dépression. Ça fait bizarre. J’ai ressenti tellement de tendresse et de compassion pour le Nicolas qui se débattait dans l’enfer.
Ça m’a paru si lointain et si proche à la fois. Après tout, j’en suis sorti y’a maintenant un mois et demi.
J’ai l’impression que c’est une autre personne qui a écrit les paroles :
Je regarde l'eau L'eau me regarde Je ne ressens même plus la douleur [Refrain] J'vais me suicider Sans tristesse J'veux fusionner Avec ma déesse J'vais me suicider Sans tristesse J'veux fusionner Avec ma déesse (...) J'ai la flemme de me traîner inutilement dans le temps Je ferme les yeux j'te vois faire rire tout le monde à mon enterrement J'ai la gorge qui se serre Mais le coeur qui se réchauffe T'épouser paroles en l'air Ne faire plus qu'un avec l'eau (...) J'imagine Que tu tiens Ma main dans la rue XXXXX J'suis pas fou J'sais qu'c'est faux C'est pour refuser les sirènes Qui me chantent Sur l'canal De me noyer dans la Seine
Sans tristesse
J’aime bien cette formulation qui m’est venue un soir de novembre, au fond du fond. L’idée que la dépression n’est pas la tristesse. En tout cas chez moi. Je peux vivre une dépression et vivre du plaisir. La tristesse c’est un truc vivant. La dépression c’est un truc mort.
Si bien que je ne ressentais plus la tristesse, je ressentais juste du vide.
Ça m’a rappelé un vers de Jazzy Bazz que j’aime bien :
Le timing le plus ironique possible
Le pire dans tout ça ? Je suis tombé en dépression le samedi 08 octobre. J’ai vendu une formation de premiers secours à la santé mentale entre le mardi 04 octobre et le vendredi 07 octobre.
J’ai une date précise de plongée en dépression, c’est inhabituel. Mais c’est parce que il y a eu un événement précis qui se trouve dans mon agenda.
Et donc j’étais totalement serein et épanoui (ce qui ne veut pas dire que je n’avais pas de problème ou de tristesse) en train d’expliquer comment aider une personne qui fait un trouble dépressif caractérisé… quand ça m’est tombé dessus.
Ça m’a mis dans une situation paradoxale : comment faire l’inverse de ce que je venais de dire à 3 500 personnes ?
J’avais tout sauf envie de parler de ce qui m’arrivait à une psy.
Je n’avais envie de parler qu’à une seule personne. Une personne à qui je n’étais plus censé parler. Elle m’a tendu la main. Elle m’a sauvé. Je ne sais pas comment tout ça aurait tourné sans sa main.
Le 17 octobre je finis tant bien que mal devant une psy, poussé par mon entourage.
Le 20 octobre je me mets en arrêt maladie (techniquement en congé parce qu’on a des congés illimités et je n’avais pas la force de faire les démarches).
L’auto-détestation
J’ai la chance d’avoir une voix interne positive, quasiment tout le temps. Sauf lors des dépressions. C’est d’ailleurs comme ça que je reconnais un trouble dépressif caractérisé chez moi. Quand ma voix dit des trucs négatifs pendant plus de deux semaines.
Le pire c’est que j’essayais d’appliquer les premiers soins en santé mentale sur moi-même en continuant à faire une activité qui me fait plaisir. En l’occurrence décorer mon appartement.
Ça me permettait de faire d’une pierre deux coups puisqu’en plus ça m’aide à rendre mon intérieur plus chaleureux, à faire le ménage et ne pas me laisser sombrer alors que c’est tout ce que mon corps veut (et c’est ok de sombrer, on fait comme on peut).
Je suis donc en plein milieu du BHV au rayon déco, quand ma voix interne me crie que je suis pathétique. En boucle.
J’avais honte.
Je ne pouvais plus supporter le regard des autres autour.
Alors je me suis rué dehors pour retourner chez moi et me cacher à l’abri.
J’hésite à poser un mois entier
Ça va vraiment pas. Je ne vois pas le bout.
On est, le 02 novembre, la veille de ma reprise. J’hésite à appeler ma boss pour lui dire que finalement je vais poser un mois entier. Mais en même temps je sais que le travail m’aide à tenir quand j’arrive à me lever. Parce que j’adore ce que je fais. Parce que ça me donne de l’énergie.
Ça marche un peu.
Je me demande si je suis en train de remonter la pente.
Puis, je me retrouve sur le Canal Saint-Martin à 2h du matin en train d’écrire ça :
Je tire la sonnette d’alarme en moi. Je m’entends dire dans la formation si vos proches n’ont pas l’énergie d’aller voir un·e psy, de se déplacer, n’oubliez pas qu’il y a des applications comme Mindler pour le faire à distance.
Ok. Faut que j’essaie. Mon travail avec l’autre psy s’enlise, même si ça m’a aidé à ne pas totalement sombrer. Je réserve un créneau pour le lendemain.
J’écoute Lomepal pour m’aider à tenir le choc :
Rien qu'une petite entaille Évidemment que je vais pas die J'suis à peu près sûr d'être à peu près quelqu'un de solide P'tite entaille Si Dieu vеut, je vais pas die J'suis à peu près sûr d'êtrе à peu près quelqu'un de solide
C’est fini
Brutalement.
On est le 14 novembre et j’écris dans mes notes la pensée qui va me sortir de là.
Et, brutalement ça s’arrête.
Je dis brutalement alors que je sentais encore que ma psychée était fragile mi-décembre. C’est une guérison qui met du temps. Mais en fait ce qui s’arrête brutalement c’est la chute. D’un coup c’est le fond. Et à partir de là je commence à remonter.
Comment aider quelqu’un qui est atteint par un trouble psychique ?
Comme je te le disais au début, j’ai sorti une formation sur le sujet.
Et le pire c’est que mon dernier email de vente commençait comme ça :
Cette semaine je t’ai expliqué pourquoi il était important de connaître les premiers secours en santé mentale. Pour aider les gens autour de toi.
Mais il y a une personne, très importante, dont je n’ai pas parlé…
Je dirais même que c’est la personne la plus importante…
Cette personne…
…
…
…
…
…
…
… c’est toi.
S’AUTO-SURVEILLER
Un des plus grands bénéfices que j’ai expérimenté à m’éduquer aux premiers secours en santé mentale a été de pouvoir me l’appliquer à moi-même. En effet, contrairement aux gestes de premiers secours de santé physique, tu peux très souvent t’auto-aider en santé mentale.
Par exemple, il y aura des situations où tu vas pouvoir voir les signes avant-coureur de la dépression. Parce que tu connais les symptômes.
Et ça terminait comme ça :
N’attends pas d’être au fond d’un trouble
Savoir identifier globalement les différents troubles te permettent de les contrecarrer plus vite.
Attention, pas de solution miracle ici. Je le répète une énième fois : la meilleure manière d’en sortir est d’avoir de l’aide professionnelle. Donc on ne se substitue pas aux professionnels. En outre, il y a des troubles que tu ne pourras pas contrecarrer par toi-même, même en les sentant tôt. Et, malheureusement il y a même des choses dures à contrecarrer même avec de l’aide professionnelle.
Je ne veux pas que les gens qui sont atteint d’un trouble chronique lisent ces lignes et se disent voilà, c’est ma faute, si je m’étais pris·e en main plus tôt… Ce n’est pas mon propos.
En revanche, avoir de l’info en amont est toujours mieux que d’être dans le flou et découvrir au fur et à mesure.
Et tout ça, littéralement la veille du début de mon épisode dépressif. En relisant, vraiment je trouve ça fou. Je ne croyais pas si bien dire.
La formation dont je parlais dans cet email, tu peux y accéder gratuitement n’importe quand si tu utilises ce lien spécial avant ce soir 23h59. C’est le dernier jour d’accès gratuit. Après je repasse la formation à son prix catalogue de 129€ :