Il n’y a quasiment aucune représentation d’Autiste noir·e. Si bien que, quand on décrit le stéréotype d’un autiste en réalité on décrit un homme blanc.
Alors oui… y’a Chris Rock (l’humoriste) et Damso… mais leur coming-out est relativement récent.
On a aussi peu de livres sur l’autisme écrits par des personnes racisées. J’en ai lu un seul qui s’appelle justement Autistic and Black. Et je n’ai même pas été au bout donc je peux pas dire que je l’ai vraiment lu.
Alors, forcément, ce qui va suivre est pas super sourcé. Mais voici d’ores et déjà quelques impressions sur la différence que ça fait d’être à la fois autiste et Noir.
Le rapport à “l’arrogance”
Quand je suis en Guadeloupe, je suis dans une culture beaucoup plus directe et franche. Les gens passent moins par 36 chemins pour dire les choses.
D’ailleurs un des trucs les plus fous c’est que même la personne la plus timide et la plus réservée, si tu l’embêtes, elle peut te monter en l’air et te terminer par une vanne ou une réprimande.
Y’a vraiment cette culture de la joute oratoire.
Si bien qu’ici j’ai vraiment l’impression que les gens se liquéfient à la moindre de mes phrases. Comme si tout le monde était beaucoup plus fragile verbalement.
Alors déjà c’est très pesant…
Mais aussi, ça me cachait l’autisme. Je me disais
si les gens me trouvent brutal c’est parce que je suis Noir.
Sauf que… même en Guadeloupe les gens disent dans mon dos que je suis ochan, un, mot intraduisible qui veut dire un mélange entre :
personne-qui-ne-reste-pas-à-sa-place
feu follet
chiant·e
effronté·e
gonflé·e
Donc oui, les gens vont pas s’effondrer dans une discussion MAIS ils vont quand même réagir. C’est juste que je ne le vois pas.
Pas besoin de jouer ses émotions
Je t’ai déjà raconté l’histoire de mon amie guadeloupéenne qui a failli mourir à la maternité parce qu’elle avait un grave problème (hémorragie interne) mais que personne ne l’a prise au sérieux car elle n’a pas haussé la voix, elle n’a pas pleuré.
Y’a un truc de la pudeur antillaise, la dignité. Un truc de nous on est pas des blancs fragiles.
Par conséquent, c’est plus facile pour moi d’être pris au sérieux quand je dis que je vais mal parce que les gens ont davantage l’habitude de se reposer sur le verbal pour juger de l’état d’une personne.
Dans la même idée, ça donne également une culture où les gens sont plus attentifs aux signes subtils qui sous-tendent une émotion.
Ici, on ne me comprend pas
Alors que dans une société blanche, on me voit toujours comme une personne en colère et menaçante.
Là encore, c’est le même cliché que l’autisme, donc je croyais que ce n’était que ça.
De même, on ne me croit pas quand je dis que je vais mal parce que je ne sais pas jouer les émotions. Je ne ressens pas le besoin de tordre les muscles de mon visage dans tous les sens pour montrer une émotion.
Alors on ne me croit pas.
Le code switching
De nombreux Afro-Américain·es maîtrisent le « code switching », c’est-à-dire le fait de passer de l’anglais afro-américain (AAE) à l’anglais standard selon le contexte, et d’ajuster leur apparence, leurs manières et leur volume pour éviter les stéréotypes négatifs.
Le code switching s’apparente au masquage autistique dans la mesure où il s’agit d’un processus exigeant visant à montrer que l’on « appartient » à un groupe, et à savoir quand dissimuler certains aspects de soi que la majorité risque d’opprimer.
C’est une activité cognitivement coûteuse, qui peut diminuer les performances d’une personne dans des tâches difficiles ou exigeantes, et elle est liée au stress psychologique, au sentiment d’inauthenticité et à l’isolement social.
Un rapport publié dans la Harvard Business Review indique que de nombreux Noir·es pratiquant le code switching le décrivent comme un état d’hypervigilance : ils doivent constamment surveiller leurs paroles et leurs actions afin de minimiser l’inconfort ou l’hostilité de la population blanche.
C’est fou parce que c’est en lisant un livre sur l’autisme que j’ai appris ce concept alors que c’est un élément phare de ma vie en tant que personne racisée. Je ne pensais pas apprendre sur l’antiracisme en lisant sur l’autisme.
Mais ouais… je pratique intensément le code-switching. Même ma voix change quand je me retrouve uniquement avec des personnes racisées. J’ai des intonations plus chantantes. Mes expressions changent… et même mes valeurs changent un peu. Y’a des choses que je vais davantage tolérer par exemple.
Les recherches en psychologie montrent que le code switching requiert énormément de ressources cognitives, même pour les personnes neurotypiques. Une femme autiste masquée que j’ai rencontrée, Mariah, m’a expliqué que pendant des années, elle pensait que le code switching l’épuisait. Finalement, elle a découvert que c’était plutôt le masquage autistique qui la fatiguait. Pour certain·e·s Autistes noires comme Catina, il peut être extrêmement difficile de gérer ces deux tâches à la fois.
Pour les personnes autistes racisées, être perçues comme hostiles ou compliquées peut devenir carrément dangereux.
(…)
En 2017, le sergent de police de Chicago Khalil Muhammad a tiré sur un adolescent noir, autiste et non armé, nommé Ricardo Hayes. Muhammad a affirmé s’être senti menacé par Hayes, mais l’enquête a révélé que Hayes courait simplement le long de la rue sans aucune intention agressive envers lui.
Cinq jours après le meurtre de George Floyd, un officier de police israélien à Jérusalem a abattu Eyad Hallaq, un Palestinien autiste souffrant d’un handicap intellectuel profond, incapable de parler ni de comprendre les consignes.
En avril 2021, un policier de Chicago a tué Adam Toledo, un adolescent de treize ans qui avait les mains en l’air. Adam suivait un enseignement spécialisé et était neurodivergent.
Environ 50 % des personnes tuées par la police sont en situation de handicap, et les autistes racisé·es sont particulièrement en danger.
Être identifié·e comme autiste peut être socialement et émotionnellement risqué pour les femmes et les minorités de genre, quelle que soit leur origine ; pour les Autistes racisé·es, être perçu·e comme handicapé·e peut s’avérer mortel.
Viens te former sur l’autisme
Bon… à la base c’était une idée qui me paraissait tellement folle que j’ai même failli ne jamais la proposer. Puis quand j’ai vu que la journée mondiale de l’autisme tombait le mercredi 02 avril je me suis dit allez c’est un signe.
Et si on faisait une formation sur l’autisme. Pour :
Les personnes qui hésitent encore et veulent avoir davantage de certitudes pour elle ou leur proche
Les personnes qui, au fond savent, mais on une forme de manque de légitimité qui les empêche d’avancer
Les personnes qui savent mais juste le mot (et donc en vrai ne savent pas). Le mot “autiste” ne sert à rien, ce qui sert c’est de comprendre la réalité derrière
Les personnes qui s’identifient autistes mais ne savent pas quoi faire après ce constat
Dedans je vais te synthétiser les livres que j’ai moi-même lus sur le sujet.
Je suis assez content du plan. D’ailleurs si tu as des suggestions, des trucs que tu aimerais voir, dis-le moi : il est encore temps.
Car… pour une fois je fais à l’envers : je vends cette formation avant de l’avoir tourné.
Mais par contre je ne la vends que aux gens qui la prennent avant. Donc si le sujet t’intéresse tu sais ce qu’il te reste à faire.
Voici le lien pour aller regarder de nouveau le plan détaillé (au milieu de la page) et/ou acheter la formation au prix promo avant que le prix ne double (donc avant demain 23h59) :
Si tu es premium retourne dans l’email de mercredi pour retrouver ton lien spécial
PS : exceptionnellement il y aura deux emails demain, même si tu n’es pas premium… car le dernier jour de vente est demain au lieu d’être un vendredi comme d’habitude.