Naruto, 6 leçons que j'ai apprises
Une fois on m’a dit Nicolas tu n’as pas la tête à lire des mangas.
Ça venait d’une de mes élèves. Ce n’était donc pas du tout méprisant. Au contraire ça la soulageait d’imaginer un prof lire des mangas aussi. Comme elle.
Je lui alors demandé si elle m’imaginait lire des livres de philo. Elle m’a répondu : oui, exactement.
Ce qui est fou c’est que je n’ai lu aucun livre de philosophie classique. Je rajoute classique car je maintiens que ce qu’on appelle aujourd’hui développement personnel est en réalité un repackaging de la philo. Au moins en partie.
Je ne comprendrai jamais pourquoi certaines personne se sentent le besoin de hiérarchiser les cultures.
Il n’existe pas une oeuvre d’art dans laquelle je n’apprends rien. Pas une seule. Les mangas en font partie.
Du coup, pour le fun, je me suis dit que j’allais te raconter quelques leçons que j’ai apprises dans Naruto.
Naruto c’est à la fois le nom de l’oeuvre et du personnage principal.
#1 | Jouer sur ses points forts, corriger juste un peu ses points faibles
J’ai également appris ça en jouant aux échecs. Mon prof arrêtait pas de me le répéter. Car, on progresse plus vite sur ses points forts, on prend plus de plaisir. Et si on les muscle suffisamment ils peuvent compenser les points faibles.
Pour autant, il faut quand même une stratégie de compensation. Pour au moins colmater les brèches fatales dans les points faibles.
C’est également ce qui arrive à Naruto.
En gros il y a 3 disciplines dans son monde de Ninjas :
Le taijutsu : ce que nous on appellerait “le free fight/le MMA”. Tout ce qui consiste à utiliser son corps pour attaquer.
Le ninjutsu : ce que nous on appellerait “hein ? Mais quoi ? Mais c’est de la magie”. Il s’agit par exemple de cracher une boule de feu ou de créer un éclair avec ses mains.
Le genjustu : ce que nous on appellerait “de l’hypnose magique”. Il s’agit de plonger l’adversaire dans une illusion.
Et, manque de pot, Naruto est nul en genjustu. Mais genre totalement nul. Pour autant ça ne l’empêchera pas de devenir un ninja de légende. Il mise tout sur son ninjutsu. Mais surtout… il va finir par apprendre quand même les fondamentaux du genjustu pour s’en défendre un minimum.
#2 | La tradition peut se tromper
J’ai appris ça dans plein d’autres oeuvres, bien sûr. Et, malheureusement, Naruto c’est quand même plutôt un message de droite à base, une sorte de quand on veut on peut géant.
Mais j’aime bien cette partie un peu plus à gauche.
On le voit très souvent s’opposer aux traditions toxiques. Et c’est lui qui sort gagnant.
Par exemple, on a un débat sur le fait de prioriser la mission à la survie de ses camarades. Et, dans son monde, il n’y a pas de doute : un Ninja ça meurt si ça doit mourir. Sauver son camarade au détriment de sa mission est une honte.
Et on arrive à cette réplique :
" Ceux qui enfreignent les règles sont considérés comme des moins que rien... Mais, ceux qui abandonnent leurs coéquipiers sont pires que des moins que rien ! "
#3 | Un méchant, ça existe pas
Dans Naruto, quasiment tous les antagonistes ont de vraies raisons de l’être. Si bien que limite on va douter nous-mêmes.
Par exemple, l’un d’entre eux va expliquer qu’il veut répandre la guerre partout car la paix actuelle a été construite sur la mort de ses amis.
C’est dur de lui dire non, pardonne pour qu’on puisse maintenir la paix.
Il développe une philosophie défaitiste mais réaliste :
L’amour engendre le sacrifice qui lui même engendre la haine… Et après la souffrance entre en jeu…
Ou encore :
On ne peut pas comprendre la paix si on n’a pas connu la douleur
On a donc un antagoniste dont le but est la paix mondiale. Même s’il compte d’abord déclencher une guerre mondiale pour y arriver.
#4 | La colère transcende, la colère détruit
Pareil, ce n’est pas une leçon que j’ai apprise uniquement dans Naruto. Mais c’est un thème qui est bien développé.
Au début, Naruto est détesté par tout le monde. Depuis sa naissance. Il n’a même pas de parents.
Et c’est sa colère contre le monde, contre cette injustice qui va lui permettre de survivre.
Mais en même temps, quand il va grandir et commencer à réussir à nouer des liens, c’est cette colère qui va l’empêcher de s’épanouir pleinement et qu’il devra réussir à dépasser pour ne pas tout détruire autour de lui.
#5 | La raison d’être pour guide
Un concept clé dans le manga est le Nindo.
Nindô (忍道, littéralement : Voie du Ninja) est un code de vie que chaque shinobi s'impose et qui varie en fonction de sa personnalité, ses expériences, ses ambitions, ses croyances ou encore ses rêves. Le nindô est donc subjectif et dépend du point de vue de chacun, que celui-ci soit moral ou non. Naruto Uzumaki clame souvent que sa voie du ninja est la suivante : « Je ne fuirai pas, et je ne reviens jamais sur ma parole, c'est comme ça que je conçois mon nindô ! »
J’aime vraiment ce concept que chacun a son propre nindô. Ce qui n’empêche pas de se rattacher à celui qu’une autre personne a inventé. Dans l’oeuvre, plusieurs autres ninjas vont se “convertir” au nindô de Naruto (le personnage).
On ne passe pas assez de temps à s’interroger sur son propre nindô. Un code que l’on suit vraiment parce que c’est le nôtre.
La liberté consiste à obéir aux lois qu’on s’est donné soi-même. L’aliénation consiste à subir les lois de l’extérieur.
#6 | L’entraînement permanent
Ça pour le coup ça va avec le genre du shonen nekketsu :
Certaines caractéristiques du nekketsu sont récurrentes :
Le héros est un jeune garçon orphelin (ou vivant séparé de ses parents) ; la recherche du père est un thème récurrent ;
Le héros a un objectif ou un rêve qu'il veut absolument réaliser et ce, quels que soient les obstacles ;
Foncièrement honnête et innocent, il se révèle souvent naïf ;
Il est doté de capacités ou pouvoirs hors normes, parfois magiques, dont l'étendue se révèle progressivement ;
En compagnie d'amis rencontrés durant sa quête, il lutte contre le mal ;
Ses premiers adversaires deviennent généralement ses plus fidèles compagnons ;
Ils participent à un tournoi ou quelque chose de semblable ;
Lorsqu'il est sur le point de perdre ou de mourir, le héros se relève plus fort que jamais, grâce notamment à sa volonté, son « envie brûlante de gagner » (nekketsu) ;
Il y a généralement une ellipse à un certain point de l'aventure (le plus souvent entre un événement traumatique initial et le vrai début de l'histoire).
Mais c’est quand même une idée intéressante : de ne pas faire une ellipse sur les entraînements. On a une grande partie de l’histoire où on les voit juste s’entraîner, s’éduquer.
Mais surtout il y a l’idée que c’est sans fin mais que ça reste un plaisir. Plus le héros s’entraîne, plus les antagonistes sont puissants.
Ça en devient parfois ridicule car on est obligé d’avoir des gens tellement puissants à un moment qu’on se demande où ils étaient avant. Comme par hasard ils attendent que le héros soit à leur hauteur pour se manifester.
Mais j’aime bien la métaphore : nos problèmes, nos combats ne s’arrêtent jamais. Plus on avance, plus ça s’intensifie, mais plus on a les bagages pour les gagner aussi.
C’est le mythe de Sisyphe mais en version positive.