21 août 2024
Je suis allongé sur le dos par terre, sur le tapis de mon salon. Je viens de tomber de la chaise, percuté par une douleur intense derrière le dos.
Chaque mouvement me fait hurler.
J’entends la voisine du dessus marcher sur son parquet. Je sais qu’elle m’entend. Je me demande ce qu’elle croit.
J’étouffe un nouveau cri.
J’essaie de me traîner jusqu’à la chaise pour récupérer mon iPhone. Si je dois appeler à l’aide c’est ma seule solution.
Mais je sais que je n’ai pas besoin d’appeler à l’aide. Je connais la douleur, c’est la troisième fois que ça m’arrive dans la vie. La première fois je suis allé aux urgences en panique.
Il n’y avait rien à faire d’autre que respirer en attendant.
Mais quand même, on sait jamais, ce serait mieux d’avoir mon téléphone en main.
J’essaie de me retourner sur le ventre mais ça me fait trop mal…
Je ne pense qu’à lui
12 juillet 2024
Je crois que je tombe amoureux de mon lit.
Je ne suis pas sûr. En même temps, c’est dur quand ce n’est pas un coup de foudre. Mais je vois bien que ça fait une dizaine de jours que je passe de plus en plus de temps avec lui.
Au début je ne le remarque pas.
Il occupe mes pensées, il chasse le reste. Petit à petit je perds l’envie d’écrire alors que j’adore ça. Parce que je veux être avec lui.
Petit à petit, même l’idée de marcher dans les rues de Paris, ne me fait plus vibrer. Ça peut paraître anodin si on ne sait pas que marcher dans les rues de Paris est un de mes passe-temps favori. Juste sortir de chez moi et être déjà dans Paris.
Je ne m’en suis pas lassé depuis mon premier appartement intra-muros, il y a 9 ans. Avant j’habitais en banlieue et aller à Paris était un projet en soi. La première fois que je suis sorti de mon appartement parisien, j’ai ressenti une immense euphorie : j’étais déjà à Paris. Un peu comme si jusqu’à présent j’avais été obligé de recommencer le jeu vidéo au niveau 1, à chaque fois. Et là… je pouvais directement commencer au niveau 2, sans refaire tout le niveau.
Bien sûr, cette euphorie est moins forte 9 ans après, mais j’ai une passion : regarder les rues vivre. Je ne veux pas dire la vie dans les rues, je veux vraiment dire la vie d’une rue. En 9 ans par exemple la rue Oberkampf s’est métamorphosée. Quand je la regarde maintenant ça me choque à chaque fois. Mais ce qui est fou c’est que ça a été si progressif…
Alors mon jeu c’est de repérer quelle boutique ferme, quel restaurant ouvre à la place… accessoirement ça me permet également de faire la chasse aux adresses que je n’ai pas encore testées.
Tout ça pour dire que j’adore ça normalement. Là, ça me saoule au plus haut point. Je ne sors que par nécessité.
Je me suis réveillé à 16 heures
Dix jours plus tard, je me rends à l’évidence : je suis amoureux de mon lit. Je me réveille tous les jours à 16 heures. Le pire c’est que je n’ai même pas envie d’en sortir. Logique en même temps : l’amour donne envie de passer tout mon temps avec.
Ma vie tourne autour de lui.
Anesthésie locale : la goutte d’eau
COMPTE RENDU OPERATOIRE Date d’intervention : 22/07/2024 Cotation CCAM : JHPA001 (...) Intervention : Patient en position décubitus dorsal, bras en croix. Points de compressions et d'étirements protégés et vérifiés. Détersion selon les règles du CLIN, Champage stérile. Check-list faite selon les recommandations de l'HAS (...) bistouri lame 12
La docteure est extrêmement prévenante. De la même manière qu’elle m’a expliqué avec empathie pourquoi il fallait faire l’opération, la première fois que je l’avais vue, elle m’explique tout ce qu’elle fait pendant. Et elle me dit que je vais devoir arrêter les activités physiques pendant quelques temps.
- Même le vélib ?
- Même le vélib.
Autant dire que ça ne m’a pas aidé à me détacher du lit. Il a dû être aux anges quand il a compris que je n’avais pas d’autre choix que de passer du temps avec lui. Je crois que ça a été ça la vraie goutte d’eau.