[Micro-Pensée] Tu es plutôt escalier ou catapulte ?
Voici un email que j’ai écrit il y a deux ans et que j’avais publié dans une autre newsletter. Je te le remontre parce que je sais que beaucoup l’avaient raté à l’époque.
Il y a un peu moins de 3 ans sortait le jeu Pokémon Go.
La presse s’est emparé du phénomène. Toujours avec sa manière toxique de faire.
On aurait dit que c’était la fin du monde.
J’ai décidé de faire un article pour expliquer que tout allait bien se passer
En gros, ça disait que ce n’est pas parce que tu ne comprends pas un produit que les gens qui le consomment sont débiles. Qu’au final, le football déclenche aussi des frénésies sans qu’on le stigmatise de la sorte.
Ce n’était donc pas un article sans fond. Mais quand même. J’ai écrit ça d’une traite, sous le coup de l’exaspération. L’article était deux à trois fois plus court que ce que je fais habituellement. Il n’a nécessité aucune documentation, alors que la plupart de mes articles me demandent au minimum la lecture d’un livre.
Vraiment, c’était facile. Je m’attendais à secouer les gens autour de moi.
D’ailleurs…les premiers jours, cet article a eu moins de 100 vues.
Alors que, d’habitude, je fais environ 1000 vues les deux premiers jours.
J’étais déçu…
…quand soudainement…
L’article a commencé à être relayé sur Twitter, puis Facebook. En trois jours, il a obtenu plus de 70 000 vues.
À mon échelle c’est énorme. C’est trois fois plus que mon second article le plus vu.
En plus, mon second article a obtenu 25 000 vues sur plusieurs années. Là, j’avais les 70 000 en moins d’une semaine.
Une journaliste de l’Express a alors pris contact avec moi pour publier mon article (retouché). Il est d’ailleurs encore disponible.
Consécration ?
C’est ça une catapulte
L’article a été très haut, très fort, très vite. Puis ensuite…plus rien. Mes autres articles ont des vues chaque semaine, parce qu’ils sont intemporels. C’est d’ailleurs comme ça que les autres se sont hissés à plus de 20 000 vues : sur la durée.
Aujourd’hui, plus personne ne lit mon article sur Pokemon Go.
Parce qu’il n’était pas intemporel. Il n’était pas travaillé. Il n’obéissait pas à ma règle de 3 : intemporalité, utilité, épanouissant. C’était du bruit contre du bruit.
Qu’est-ce que l’escalier ?
Inversement, dans le même temps je travaillais sur mon blog Dessine Toi un Emploi. Je n’ai jamais eu d’articles à 70 000 vues en une semaine.
Mais j’ai travaillé sans relâche : deux articles par semaine pendant un an.
Tout y est intemporel. À part un seul article.
Aucun n’a dépassé les 20 000 vues durant cette année-là.
Sauf que depuis… certains articles ont été choisi par Google pour être la référence du sujet. Le trafic est depuis 5 à 10 fois plus grand : en continu.
Voilà comment, aujourd’hui, j’ai un article à presque 200 000 vues…
Wow. 200 000. Je ne le savais pas avant d’aller regarder. Je me demandais même si certains avaient déjà dépassé le record de 75 000 de Pokémon Go.
C’est ça un escalier
Nous sommes en janvier de la même année, je poste cet article de fond sur la manière d’aborder la fameuse question des 3 défauts en entretien de recrutement.
En 6 mois, il a fait moins de 2500 vues. En un an il avait fait moins de 5000 vues.
Dérisoire par rapport aux 75 000 vues de l’article sur Pokémon. Je me rappelle que j’ai eu le cafard sur le moment. Je me suis dit que c’était injuste. D’être à ce point lu quand je dis des trucs futiles et si peu quand je creuse un sujet.
Sauf que, 4 ans après… l’article sur Pokémon n’a pas bougé d’un iota : il est toujours à 75 000. Et entre temps, comme tu le sais, l’article sur les défaut s’est mis à frôler avec les 200 000 vues.
Avec une courbe progressive, qui ne fait que monter : typique d’un succès escalier.
Malheureusement, je n’ai pas d’outil pour te montrer la même chose pour l’article Pokémon Go, sur 4 ans. Mais je peux te montrer les premiers jours :
La courbe est inverse : ça monte d’un coup, brutalement. Un, pic est atteint. Et ça redescend. La courbe typique d’un succès catapulte.
Escalier ou catapulte ?
J’ai pris mon exemple mais c’est valable pour tout. La stratégie catapulte c’est tous les raccourcis que tu peux prendre pour aller fort, vite, haut. Mais retomber après car tu n’as pas construit de bases solides. Inversement la stratégie escalier c’est construire petit à petit des bases. Tu vas plus lentement mais…une fois que tu as gravi une marche, tu ne redescends pas : l’ascension est solide.
Tu vas souvent être confronté à ce choix.
Lequel feras-tu ?
Escalier ou catapulte ?
Où ai-je volé ça ?
Ce concept vient de Roman Frayssinet, qui l’a détaillé dans le podcast Nouvelle École. Comme suit :
En fait c’est la théorie de l’escalier ou de la catapulte. Y’a des gens qui se catapultent. Ils montent sur une catapulte. Bam. Ils montent en haut. Ça va très vite, ils sont très haut… sauf qu’à un moment donné ils arrivent au sommet et ils réalisent que y’a rien qui les tient. Là ils tombent…et dans leur chute y’a rien pour les tenir. En plus une catapulte ça demande pas beaucoup d’efforts.
Alors que l’escalier ça prend plus de temps, tu galères, y’a beaucoup de marches. Sauf que quand t’es en haut t’es sur du solide. T’es sur des choses qui sont là. Tu peux t’arrêter là, tu seras encore là. Tu peux continuer de monter.
Il vaut mieux mettre des briques dans sa vie plutôt que de sauter.
L’épisode en question (à partir de la 22ème minute pour accéder directement au passage) :
Avant de me quitter
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