Plus ça avance et plus j’ai du mal à supporter les universalistes français.
J’ai moi-même fait partie de ce camp idéologique. Après tout, c’est ancré dans notre culture. Nous sommes un peuple qui un jour s’est levé et s’est dit qu’il allait faire une déclaration universelle des droits de l’Homme. Un peuple tellement convaincu de la supériorité de ce modèle qu’il a été civiliser les peuples inférieurs.
Un peuple, un peu fou, non ?
Quand j’étais en Erasmus, en Pologne, j’ai compris que la plupart des européens nous voyait comme nous on voit les États-Unis : un peuple agressif qui pense avoir raison au point de l’imposer par la force.
Mais c’est une autre histoire.
L’universalisme est un universalisme blanc
C’est facile de se voir universel quand on nie les autres cultures. Ou alors quand on ne fréquente que des gens qui nous ressemblent.
Quand on regrette qu’Othello soit joué par un blanc (alors que c’est un Maure, dont quelqu’un a la peau sombre)… on rétorque :
Je vois pas les couleurs : le concept de l’acteur c’est justement de pouvoir jouer n’importe quoi.
Pourquoi pas ?
Mais quand un Stormtrooper dans Star Wars est joué par un noir (alors que c’est littéralement un alien), on rétorque :
Mais c’est ridicule, on met des Noirs juste pour mettre des Noirs.
Pour l’instant, le blanc est la couleur par défaut
Voilà comment quelqu’un, en toute bonne foi, se retrouve à demander à un écrivain congolais :
Pourquoi vous n’écrivez que sur l’Afrique ? On peut se dire que pouvez écrire de manière universelle avec des intrigues qui se déroulent dans d’autres pays.
Que rajouter ?
A-t-on jamais demandé à Marcel Pagnol pourquoi il n’écrivait que sur sa région ?
D’ailleurs, est-ce que quelqu’un remarque même que les auteurs qu’on appelle “classiques” n’écrivent que sur l’Europe ? Non. Parce que ça nous paraît neutre : c’est ça notre universel.
D’ailleurs moi-même, je me voyais blanc
Quand j’étais enfant, je m’imaginais blanc. Vraiment. Je n’ai su que j’étais noir que dans le regard des autres enfants.
Quand j’écrivais une dissertation, mon personnage principal s’appelait toujours François et était blond. C’est-à-dire que même enfant, avec une imagination débordante, si on me demandait d’imaginer l’histoire que je voulais … j’imaginais quand même un blanc.
“Ces gens se ressemblent complètement et ils font clan. Et ils pensent que c’est de l’universalisme”
Il existe probablement un universalisme réellement universel. Pour l’instant je ne l’ai jamais croisé.
Il n’existera probablement pas tant que nos fictions et nos représentations ne bougeront pas.
Ce n’est pas un détail : pour s’exporter, qu’a fait le christianisme ? Il a directement proposé une version blanche et blonde de Jésus.
C’est pourtant impossible que quelqu’un de né à Béthléem, dans la Cisjordanie actuelle, ressemble à un européen. Il ressemblait forcément à un palestinien comme les autres :
Ceci est le vrai portrait robot proposé par les scientifiques pour illustrer le visage lambda de quelqu’un de l’époque.
Pourquoi l’avoir rendu blanc, si ce n’est pas si important ? Si “on ne voit pas les couleurs” ?
Cet “universalisme” fait peser une charge mentale sur les individus
Ils ne s’en rendent même pas forcément compte. Pour ma part, j’en ai pris conscience à deux occasions. La première c’est quand j’ai vu la bande-annonce de Black Panther. J’ai eu à peu près la même réaction que ces gens :
En permanence ? Les Blancs se sentent comme ça en permanence ? Genre en permanence ? En permanence ! Depuis le début du cinéma. On se sent représenté et valorisé ? Mais si je me sentais comme ça en permanence, moi aussi je serais patriote.
L’autre fois, plus récente, c’est quand un jeu sur Twitter proposait de trouver un personnage de fiction qui nous ressemblait vraiment. D’abord j’ai été amusé de voir à quel point les gens trouvaient vraiment des personnages qui leur ressemblait. Puis je me suis rendu compte que moi … je n’avais pas de personnage qui me ressemble à ce point. Tout simplement parce qu’il n’y a pas beaucoup de personnages noirs.
Où est-ce que j’ai volé ça ?
Tout est parti de cette interview de Virginie Martin (que je ne connaissais pas avant ça).
Puis, un jour j’ai fait ce thread sur Twitter :
Avant de me quitter…
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Bravo, j'en ai marre des gens qui ne voient pas les couleurs