Livre #4 : Daring Greatly
J’ai tellement offert ce livre. Il est si puissant. Et, en plus, il a le bon goût d’avoir un TED qui le résume : Le pouvoir de la vulnérabilité. C’est d’ailleurs le titre de la version française du livre.
Cerise sur le gâteau : l’autrice est une scientifique. Elle appartient donc à cette catégorie bénie des chercheuses qui vulgarisent leurs travaux.
C’est du pain béni quand on a n’a pas le temps d’aller compiler soi-même des études, difficiles à lire par nature.
Idée-phare
Tout le propos se centre autour du concept de vulnerability. Le traduire par vulnérabilité serait un peu hâtif. En effet, c’est une notion plutôt à mi-chemin entre ce qu’on appellerait vulnérabilité et ce qu’on appellerait authenticité. En d’autres termes : le courage d’être soi.
"La vulnérabilité c'est quand j'enlève mon masque et que j'espère que le vrai moi n'est pas trop décevant."
Elle explique que la vulnérabilité est une des clés du bien-être mais aussi de la connexion avec les autres. Personne n’aimerait être en relation avec une personne parfaite. Car ce sont les aspérités qui créent des liens, du goût.
Mais surtout, elle découvre un lien entre la capacité à faire preuve de vulnerability et le fait de se sentir bien dans sa vie. De sentir qu’on mérite l’amour.
Pourquoi j’aime tant ce livre ?
Parce qu’il aborde un sujet avec lequel beaucoup de gens ont du mal, à leur échelle. Sauf que, sans le concept, on a du mal à identifier le souci. J’aime le fait qu’elle donne plein d’arguments pour désamorcer cette peur de la vulnérabilité.
Du type : c’est paradoxal car on aime quand les gens nous partagent leurs émotions véritables, mais on a peur de partager les notres. On aime entendre je t’aime mais on n’aime pas le dire en premier. Sauf que si tout le monde raisonne comme ça alors personne ne se dit jamais je t’aime.
Et puis, le développement personnel qui se fonde sur la science c’est vraiment ma came. Je déteste quand on me donne des conseils qui s’appuient sur le vent. Ici, elle a les moyens de prouver ce qu’elle avance.
Quelle influence sur ma pensée ?
Bien avant de lire ce livre j’avais un rapport serein à ma vulnérabilité. En 2017 j’expliquais déjà à une collègue ma théorie du château-fort.
C’est-à-dire que la plupart du temps je fonctionne comme un château ouvert à tout le monde. Il n’y a pas de signe de guerre ou de méfiance. Car, la méfiance peut déclencher à elle seule les comportements qu’elle veut éviter. C’est pour ça que personne ne se balade dans la rue les poings levés comme un boxeur. Car ça risque de donner l’idée à d’autres personnes de venir se bagarrer.
Et donc je suis un château tranquille, le pont-levis est abaissé 99% du temps. Tu fais ce que tu veux. En revanche, si je constate une attaque, la personne responsable se fait sortir manu militari.
Le lien avec la vulnérabilité c’est que cette approche permet de rester un maximum soi-même. Car on se protège non pas en portant une armure mais bien en faisant connaître clairement ses limites.
3 choses à emporter
#1 | On se trompe sur la honte : elle est un poison et non un instrument de régulation.
On a fini par accepter que la honte soit un instrument valide de régulation des comportements. Par exemple, on dispute un enfant qui a fait un truc involontaire comme casser un verre.
Le problème c’est que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, la honte n’a pas tendance à faire diminuer les comportements. C’est l’inverse qui se produit : la honte est le moteur d’énormément de comportements destructeurs.
Il faut donc cherche à diminuer la honte en partageant ses hontes avec les personnes les plus proches de nous. Car, la honte se nourrit du secret. Elle diminue en étant partagée avec des personnes qui nous aime et qui pourront nous écouter et nous rassurer. La honte c’est un gremlins qui déteste la lumière et te fait croire que la lumière va te tuer alors que ça va la tuer, elle.
La honte te fait croire que si tu la partages tu vas mourir socialement alors que c’est précisément en la partageant avec une personne qui t’aime que tu vas te libérer.
#2 | Vivre en étant soi-même nous apporte un sentiment d’épanouissement.
Si vous divisez grossièrement les hommes et les femmes que j'ai interviewés en deux groupes - ceux qui ressentent un profond sentiment d'amour et d'appartenance, et ceux qui luttent pour cela - il n'y a qu'une seule variable qui sépare les groupes : ceux qui se sentent aimables, qui aiment , et qui font l'expérience d'appartenir croient simplement qu'ils sont dignes d'amour et d'appartenance.
Ils n'ont pas une vie meilleure ou plus facile, ils n'ont pas moins de luttes contre la dépendance ou la dépression, et ils n'ont pas survécu à moins de traumatismes, de faillites ou de divorces, mais au milieu de toutes ces luttes, ils ont développé des pratiques qui leur permettre de s'accrocher à la conviction qu'ils sont dignes d'amour, d'appartenance et même de joie.
Une forte croyance en notre valeur ne se produit pas par hasard, elle est cultivée lorsque nous comprenons les repères comme des choix et des pratiques quotidiennes.
La principale préoccupation des hommes et des femmes qui se sentent aimables est de vivre une vie définie par le courage, la compassion et la connexion. Les gens qui se sentent aimables identifient la vulnérabilité comme le catalyseur du courage, de la compassion et de la connexion.
En fait, la volonté d'être vulnérable est apparue comme la valeur la plus claire partagée par toutes les femmes et tous les hommes que je décrirais comme se sentant aimables. Ils attribuent tout - de leur réussite professionnelle à leurs mariages en passant par leurs moments de fierté parentale - à leur capacité à être vulnérables.
#3 | En se protégeant des émotions négatives on se coupe aussi des émotions positives
C’est probablement une des nouvelles les plus déprimantes pour les personnes qui essaient de se protéger de la vulnérabilité : ça ne marche tout simplement pas. Ou plutôt ça marche mais avec un terrible effet secondaire. En effet, il n’est pas possible de se couper de la tristesse sans se couper de la joie. On ne peut pas sélectionner. Donc en s’attendant toujours au pire c’est vrai que quand le pire arrive on ressent moins de tristesse, mais c’est également vrai que dans l’intervalle on n’a pas pu savourer la joie.
Sans compter qu’on ressent moins de tristesse mais pas non plus beaucoup moins. Si bien que beaucoup de personnes regrettent ensuite de ne pas avoir savouré la joie quand elle était devant elles.
Pire encore, en se coupant comme ça des émotions on affaiblit sa capacité de résilience. En effet, s’ouvrir à la joie va nous permettre d’en avoir une sorte de stock qu’on pourra mobiliser ensuite dans les moments les plus sombres.
Quelle influence dans ma vie pratique ?
Je le fais tellement naturellement (ou plutôt depuis que j’ai lu la biographie de Steve Jobs) que ça n’a pas changé ma vie tant que ça. Sauf sur un point particulier : la “drague”.
Pour plein de raisons, j’avais beaucoup de mal à me plier à ce rituel. Ne serait-ce que parce que je déteste parler à des personnes inconnues.
Et, je me suis rendu compte qu’en appliquant les conclusions de ce livre comme je les appliquais dans le reste de ma vie, tout devenait plus facile.
Par exemple, c’est pas grave si je suis bloqué et je n’arrive pas à faire ressentir mon intérêt pendant un rencard Tinder. Je peux envoyer un texto quelques temps après en disant “désolé j’étais bloqué, j’aurais eu envie de t’embrasser…”
Et ça débloque toujours la situation. On se retire la pression de devoir tout faire sans dire.
Pareil, j’ai appris à faire l’effort de dire à haute voix oh la la je suis trop stressé. Car il n’y a aucune raison de le cacher.
Attention… le problème quand on raconte des histoires de vulnérabilité c’est que parfois les gens retiennent une version instrumentale de ça. Du style : ok alors je vais essayer de faire pleurer dans les chaumières pour obtenir des choses de mon auditoire. Ça c’est l’inverse de la vulnérabilité : dès qu’on le fait de manière instrumentale on est en réalité dans un énième stratagème de camouflage de qui on est vraiment.
Comment je m’en suis servi dans mon livre ?
Le livre de Brené Brown infuse dans tout le mien. De partout.
Je l’ai utilisé dans mon septième chapitre :
Septième principe : la vie est un escalier mais je ne vis que sur une seule marche à la fois
Avec notamment l’idée que beaucoup de gens fuient le moment présent car ils fuient la sensation de joie, qui leur fait peur.
On ne peut pas se sentir pleinement joyeux si on n'embrasse pas la vulnérabilité. En effet, la joie porte en elle la vulnérabilité : et si ce moment de joie s'arrêtait ? Il en va de même pour l'amour. Vous ne pouvez pas aimer pleinement si vous n'acceptez pas la vulnérabilité qui va avec. Vous n'avez pas le choix : vous devez vous exposer émotionnellement à l'autre.
Avec l’idée que c’est toujours trop beau pour être vrai.
"Avant, je prenais toutes les bonnes choses qui m'arrivaient et j'imaginais le pire désastre possible qui pouvait survenir."
J’ai ensuite beaucoup utilisé ce livre dans mon dixième chapitre :
Dixième principe : je comprends que la souffrance est utile.
Souvent, nous cherchons à éviter la souffrance et les émotions dites négatives pour fuir la vulnérabilité. Voyons ensemble pourquoi l'idée est très mauvaise. Dans sa conférence TED "The power of vulnerability", Brené Brown met le doigt sur un mythe qui corrompt nos vies : le fait de croire que la vulnérabilité est un signe de faiblesse. Remarquez le lien avec la tyrannie de la positivité : le positivisme nous interdit de nous montrer vulnérables aux autres.
Si ces passages t’ont plu et que tu veux en lire plus, mon livre se trouve ici :