Les tutos de Nico #4 - Discerner le vrai du faux sur Internet
Bienvenue dans ce quatrième épisode des tutos de Nico.
Aujourd’hui on va voir ensemble l’art de recouper des sources pour savoir si une information est vraie ou fausse.
J’ai déjà fait ce tutoriel en vidéo dans une formation payante. Tu fais donc peut-être partie des 82 personnes qui vont revoir ce contenu pour la deuxième fois (désolé). Mais il y a de plus grandes chances que tu fasses partie des 2539 personnes qui reçoivent cet email et ne l’ont pas faite.
31 chances sur 32 environ. Ça veut dire que y’a autant de chances que tu l’aies déjà vue que la probabilité que je puisse dire le jour (sans le mois) de ton anniversaire.
Mmmmm… est-ce que tu es né/née un 28 ?
Pour l’occasion, je te propose de mettre temporairement cette vidéo en accès gratuit. Tu peux aller la regarder directement ici :
Du même coup, j’ai remis la formation à son tarif de lancement. Donc si tu cliques sur le lien que je te donne, tu pourras l’avoir à -60%. Uniquement jusqu’à demain midi.
Pourquoi est-ce si important ?
Je déteste l’expression “fake news” car elle donne l’impression que le phénomène de l’intox est nouveau. Alors que c’est un des principes millénaires de la guerre.
Ce qui est nouveau c’est :
La rapidité à laquelle l’information circule
Le fait que n’importe qui peut prendre la parole
On a donc perdu deux filtres. Cette semaine, il y a eu un mouvement de foule à Cannes
Il y a eu énormément de spéculations. Notamment le fait que ce soit un attentat. Ça a duré environ 30 minutes. Jusqu’au moment où la ville de Cannes a démenti :
On voit quoi dans cette histoire ?
Premièrement, si on avait pas eu de réseaux sociaux personne (en dehors des personnes à Cannes) n’aurait eu le temps de s’inquiéter d’un attentat. On aurait eu directement l’info “une rumeur déclenche un mouvement de foule”.
Deuxièmement, les institutions (la ville de Cannes, BFM TV) ont des enjeux de réputation qui les rendent plus prudentes, plus lentes et donc en moyenne plus fiables dans ce genre de situation.
J’ai dit en moyenne. N’allez pas me faire dire que je soutiens BFM TV.
Alors ? Comment on fait ? Parce que, malheureusement, les institutions se trompent également régulièrement (voire parfois mentent).
Voici quelques principes :
#1 | Il faut toujours remonter la source, le plus loin possible
Le concept de remonter la source est vieux comme le journalisme. Il consiste à aller chercher qui a été la première personne à donner l’information.
À quoi ça sert ? Après tout on va juste voir des gens répéter la même chose, non ?
Non. Car il y a un phénomène de “téléphone arabe” (désolé pour cette expression horrible, mais je ne trouve pas d’alternative).
Prenons l’exemple du “93% de la communication est non verbale”. Quand les gens citent quelqu’un, ils citent toujours la même personne Albert Mehrabian.
Or, que nous dit-il ?
“Je suis évidemment mal à l’aise du fait que mon travail soit mal cité. Dès le début, j’ai tenter d’expliquer aux gens les limites de mes découvertes. Malheureusement nombreux sont les praticiens parmi les consultants image corporate et autres consultants en leadership qui ont une très faible expertise psychologique”
Bon… on a de la chance, il nous dit carrément qu’on le cite mal. Mais, même sans ça, il suffit d’aller lire ses travaux orignaux pour voir le souci. En fait il a étudié comment les émotions se transmettent. Ce qui est très différent de “la communication”. Il s’agit juste de la communication d’émotions. Et encore… ses travaux se limitent à deux émotions : le dégoût et l’attraction.
En gros, cette étude nous dit que si quelqu’un dit “j’aime beaucoup la pizza à l’ananas”, avec une intonation de dégoût et une tête de dégoût … l’intonation compte pour 37%, la tête pour 55% et donc un total de 93% de chance que l’autre interprète ça comme du dégoût, malgré les mots “j’aime beaucoup”.
On est quand même très très loin de “93% de la communication est non verbale”.
Voilà un exemple de l’importance de remonter à la source. Autre possibilité : découvrir qu’en fait la source s’est perdue. C’est le cas dans l’histoire de Cannes. On ne trouvait pas de source. Parce que la source première c’était juste quelqu’un qui a crié “coup de feu”.
#2 | Les sources directes sont supérieures aux sources indirectes
Une source directe c’est quand tu entends Trump dire un truc, de tes propres oreilles.
Une source indirecte c’est quand tu lis “Trump a dit ça”.
Il va sans dire que la source indirecte est beaucoup moins fiable. Toujours à cause du phénomène de distorsion de l’information.
Pire encore, parfois les gens tronquent des citations au point que le propos veut dire l’inverse de ce qui était dit. Ça m’est personnellement arrivé sur France 3 Ile de France. Après avoir été bombardé de la même question j’ai fini par céder en disant :
“En effet, si un recruteur veut aller plus loin que LinkedIn, Facebook et Le Bon Coin sont probablement les meilleurs endroits pour trouver des profils à recruter. Mais, vraiment, LinkedIn est bien plus efficace et facile d’accès. Je conseille donc de commencer par LinkedIn et de bien le maîtriser avant de passer à autre chose”.
Le lendemain, je me vois en vidéo avec uniquement ce bout :
“Facebook et Le Bon Coin sont probablement les meilleurs endroits pour trouver des profils à recruter”
Tu vois comment ça va super vite ?
Je ne te parle même pas des guillemets autour d’un seul mot. Ça veut dire que vraiment on a tronqué à la hache. Voici un exemple trouvé dans une BD humoristique mais qui ressemble à des vraies situations :
- Mon mari est mort en conduisant cet avion. Au moins, je me console avec l’idée qu’il est mort en faisant quelque chose qu’il aimait.
Le lendemain à la une du journal :
Le pilote “aimait” écraser des avions plein d’enfants.
Ça a l’air ridicule ? Ça arrive souvent, de manière à peine plus subtil. Fais attention la prochaine fois que tu vois un seul mot entre guillemets.
#3 | Identifie l’auteur et évalue sa fiabilité en regardant ce qu’il dit d’autre
Une fois que tu sais qui est la source, renseigne-toi sur sa fiabilité. Alors … ce n’est pas automatique, hein ? Une horloge cassée donne deux fois la bonne heure.
De même, les expertes peuvent se tromper. Mais ça nous permet d’avoir un indice.
Parfois, c’est même une preuve. Quand il s’agit d’un site satirique par exemple.
Sur Twitter, une citation attribuée à Emmanuel Macron par « Franchetvinfo » indigne de nombreux internautes, scandalisés à l’idée qu’il ait déclaré, lors d’un échange tendu avec une caissière : « Si on a 200 euros pour des cadeaux, on n’a pas besoin d’une augmentation. »
Twitter s’enflamme, s’insurge. Normal.
Problème ? Franchetvinfo est un site satirique. Il s’agit donc uniquement de blagues. Ce qui est suggéré par leur slogan :
Parfois, on remonte la source et on découvre que la même personne qui dit que le coronavirus est en réalité une arme biologique, affirme dans un autre article que :
“La Chine publie des images de bases extraterrestres sur la Lune !”
De quoi douter de la fiabilité du site…
#4 | Fais attention à la date originelle de l’information
Parfois, on reprend des images ou des articles vieux, sans te donner la date. Par exemple, pendant le confinement, cet article a énormément circulé. Certaines personnes affirmaient que c’était la preuve que le coronavirus a bien été créé par un humain.
Sauf que si tu regardes bien en bas … c’est écrit “5 mai 2013”. Et, évidemment, si tu lis en entier l’article tu vois bien que ça n’a rien à voir. Mais admettons que tu n’as pas le temps de tout lire. Juste la date suffit. Ça ne peut pas parler du coronavirus.
#5 | Lis les commentaires. Parfois tu trouves des gens qui prouvent que c’est faux.
Souvent, en commentaire des intox, tu vas avoir des gens qui vont venir expliquer pourquoi c’est faux. Il te suffit de les lire.
Tu as également le site hoaxbuster qui n’est dédié qu’à ça et qui peut t’aider. Il a d’ailleurs particulièrement été actif pendant le confinement, au moment où Whatsapp pullulait de théories complotistes sur le coronavirus.
#6 | Regarde le soin qui a été mis : mise en forme, syntaxe, etc
Là, encore, ce n’est pas une preuve définitive. Mais la preuve d’un grand complot est rarement divulguée par un vieil article de blog tout moche ou par Gégé devant sa caméra de smartphone mal posée.
La forme, te permet d’évaluer à la louche si la personne a travaillé.
Si le Nicolas de CM2 entendait ça, il serait choqué. J’ai passé ma scolarité à avoir comme commentaire “bonne copie mais manque de soin”.
#7 | Le nombre de partages ou de vues n’est pas un indicateur de fiabilité
À l’inverse, ce n’est pas parce qu’une vidéo est énormément vue sur Facebook qu’elle est vraie. Ça ne veut pas dire qu’elle est fausse non plus. Simplement ça ne nous donne pas d’information particulière sur la véracité.
#8 | Utiliser le critère de réfutabilité de Popper
Attention, c’est un peu technique et ça ne concerne que les propos qui prétendent être factuels. Par exemple “on peut guérir le cancer avec de l’eau de mer”.
Popper nous dit qu’un propos est scientifique uniquement si on peut imaginer une expérience qui l’invaliderait.
Par exemple “tous les cygnes sont blancs” était un propos scientifique. Pour l’invalider il suffisait d’observer un cygne noir. D’ailleurs c’est ce qui s’est passé dans le monde occidental. En 1697 des européens ont vu des cygnes noirs pour la première fois, en Australie.
Voilà maintenant comment fonctionne les propos infalsifiables :
- Nous ne sommes jamais allés sur la Lune. Sinon pourquoi il n’y eu qu’une seule expédition ?
- Si, si, 19 personnes ont été sur la Lune au cours d’une dizaine expéditions différentes.
- Non, mais ça fait partie du complot : la page wikipédia est traffiquée.
- Admettons, mais dans ce cas, comment expliquer que les Soviétiques n’aient pas divulgué que c’était faux, pour ridiculiser les américains et montrer qu’ils n’avaient pas perdu ?
- Ils ont dû être achetés par la CIA
Bon… bah là manifestement… quoi que je puisse dire à la personne, elle va trouver un truc caché pour l’expliquer. Non…elle va même pas le trouver : elle va l’inventer. On lui montre des preuves concrètes qui invalident son propos, et elle invente des preuves qu’on ne peut pas vérifier.
#9 | Ce n’est pas parce que tu es sceptique que tu as raison
Je ne dis pas qu’il faut tout croire. Mais le fait de douter de tout parce que ça te donne l’impression d’être plus malin que la masse n’est pas intelligent. Il faut toujours croire ce qui est vrai et rejeter ce qui est faux. Ça a l’air évident dit comme ça…
Et pourtant, parfois on confond avec “il faut toujours rejeter ce que la majorité croit et croire ce qu’un petit groupe de personne croit”
Tu veux aller plus loin ?
Ça tombe bien, ce que tu viens de lire est le remake d’une vidéo bonus de ma formation : comment devenir expert d’un sujet en moins de 3 mois ?
C’est, jusqu’ici, ma plus vendue puisque 82 personnes l’ont suivie.
Exceptionnellement, je me suis dit que ça serait cool de rouvrir le tarif de lancement pendant une journée. Si tu veux avoir plus d’explication sur le contenu de la formation et bénéficier du code promo, clique simplement sur le bouton ci-dessous :