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Les trois conditions pour être radical sans être brutal, borné ou provocateur.

Devenir radical été l'un des changements les plus bénéfiques de ma vie. Ou plutôt laisser libre cours à ma radicalité en public.
Qu'est-ce que j'entends par radicalité ? Le fait d'exprimer les choses sous leur forme la plus pure possible. Revenir à la racine. Sans meubler, sans complexifier, sans zigzaguer.
Le but étant d'obtenir une phrase à laquelle il n'y a que deux réactions possibles : pour ou contre.
Première condition : avoir un but éducatif.

Si ma pensée n'a pas d'objectif éducatif, je la garde pour moi. Par exemple, quand je dis "le recrutement n'est pas RH", certaines personnes entendent "les RH sont nuls et inférieurs aux recruteurs". Peut-être que c'est ce que je pense. Mais je ne vous le dirais pas. C'est un propos qui n'a aucun intérêt. Il n'éduque ni son auteur ni les gens qui écoutent. C'est un propos de bistrot.
Je ne vais pas voir un inconnu dans la rue pour lui dire qu'il est obèse.
En revanche, si je dis que le recrutement n'est pas RH c'est parce que j'ai un but précis de prise de conscience et d'évolution du métier.
Sans ça, la radicalité devient la brutalité.
D'ailleurs, j'ai remarqué que la plupart des personnes qui disent d'entrée (alors qu'on ne leur a rien demandé) : "attention, je suis quelqu'un de franc" veulent en réalité dire qu'elles sont brutales et n'aiment pas la contradiction.
Deuxième condition : être convaincu de ce que je dis

Si je ne suis pas sûr à 100% de ce que je dis, je ne le dis pas. Par conséquent, je ne dis jamais rien en public sans avoir fait de recherches avant.
Attention, ça ne veut pas dire que je ne me trompe jamais. Je me trompe souvent. Mais ça veut dire que je ne parle que quand je me sens sûr de moi.
Mais surtout : je ne dis que des choses que je crois profondément. Je ne dis jamais rien par provocation. Je reçois suffisamment d'insultes pour ce que je pense pour en plus me rajouter des insultes pour ce que je ne pense pas.
Sans ça, la radicalité devient la provocation
Troisième condition : écouter la contradiction

Beaucoup de gens confondent la liberté d'expression avec la liberté de parler sans avoir de réponse. Toutes les personnes qui vous disent "on ne peut plus rien dire" appartiennent à cette catégorie. En effet, le champ de parole n'a jamais été aussi large qu'aujourd'hui. On peut blasphémer, être impudique, insulter. Et on a jamais eu autant de porte-voix que depuis l'avènement des réseaux sociaux.
Quand quelqu'un vous dit "on ne peut plus rien dire", il ne se rend d'ailleurs pas compte de l'ironie de son erreur. Car, le plus souvent, il veut défendre une blague raciste. Sauf que désormais, la loi du silence est brisée. Il va donc avoir des personnes pour lui répondre, pour lui dire qu'elles ne trouvent pas ça drôle.
On appelle ça un dialogue. Aussi désagréable soit-il. Personne n'a été empêché de dire dans ce scénario. Au contraire.
La radicalité va donc avec cet impératif : écouter et supporter la contradiction. Ce n'est pas facile et j'échoue régulièrement à le faire. Mais ce doit être un idéal que l'on vise en permanence.
Car c'est ce qui vous permettra de tirer parti du plus grand bienfait de la radicalité : en disant les choses de manières simples et exacerbée, vous allez apprendre énormément. Parce que les désaccords vont devenir irrésistibles.
Si je disais "je n'enseignerai pas la religion à mon enfant", j'aurais probablement peu de personnes qui me répondraient. Ne serait-ce que parce qu'elles auront la politesse de respecter mes choix. En revanche, si je livre ma vraie pensée qui est "les religions devraient être interdites aux moins de 18 ans", je vais tout de suite provoquer une envie irrésistible de me contredire ou d'acquiescer.
S'ensuivra alors un débat dont il ne peut avoir que deux issues : soit j'ai convaincu un petit peu l'autre, soit il m'a convaincu un petit peu. Dans les deux cas, j'apprends.
L'autre effet bénéfique c'est que les gens vont vous étiqueter comme une personne avec qui on peut discuter de tout et vont donc spontanément vous parler de sujets qu'ils abordent rarement avec un autre humain.
La radicalité va donc avec une grande écoute.
Sans ça elle devient l'entêtement.