Les secrets médiatique de l'extrême-droite
J’ai continué dans ma lancée et j’ai regardé une autre vidéo de l’institut la Boétie issue de ses journée de réflexions sur l’extrême-droite.
J’ai donc regardé celle sur les médias :
Voilà ce que j’en retiens…
Des mots réfléchis
L’extrême-droite comprend à quel point il est important pour elle de choisir ses mots. Parce qu’elle joue à un jeu différent des autres camps politiques : elle ne peut sous aucun prétexte être identifiée comme appartenant à l’extrême-droite.
Comment faire quand on doit défendre des idées tout en niant le type de ces idées ?
Ça crée une situation paradoxale avec des cadres qui sont très sophistiqués : très cultivés et très conscients des stratégies.
Il y a vraiment une culture de la séduction.
C’est pour ça que l’extrême-droite a un discours antilibéral depuis les années 90
Le mot discours est ici important.
Le cadrage des médias
Les médias reprennent le cadrage de l’extrême-droite. On verra pourquoi plus bas. Qu’est-ce que ça veut dire ?
Que désormais, quand on parle d’immigration par exemple on en parle sous l’angle de la menace. Alors qu’avant on en parlait sous l’angle de ce sont des réfugiés à accueillir.
Quand on parle d’insécurité c’est pour parler de répression. Et ainsi de suite.
On entend même les mots de l’extrême-droite dans des médias du service public. Des mots comme grand remplacement ou ensauvagement.
La structure économique des médias profitent à l’extrême-droite
On parle beaucoup des stratégies de rachat d’un Bolloré qui va prendre des médias pour les faire basculer à l’extrême-droite. L’exemple le plus flagrant c’est TPMP avec Hanouna qui a viré à droite toute.
Mais on ne parle pas beaucoup du lien avec les modèles économiques. Je t’en ai déjà parlé dans mon article sur les actualités :
Tu as peut-être déjà entendu cette fameuse phrase : si c’est gratuit, c’est que tu es le produit. Ce n’est pas toujours vrai : les Restos du coeur sont gratuits, sans que les personnes qui en bénéficient soient le produit.
En fait, ce qu’on veut dire par là c’est qu’il existe un modèle économique qui consiste à proposer un produit gratuit que l’on finance par de la publicité. C’est ce modèle là dont on parle quand on dit “c’est gratuit parce que tu es le produit”.
(…)
Problème : l’attention a été créé pour le monde préhistorique. L’attention est, à l’origine, un outil formidable : elle nous permet de ne pas être submergé par les informations. Elle nous permet de prioriser.
(…)
Mais notre attention se porte beaucoup plus spontanément sur le négatif.Imagine-toi à la préhistoire. Si tu vois devant toi un pommier mais qu’il y a un tigre qui tourne autour…il vaut mieux que ton attention soit concentrée sur quoi ? Le pommier ou le tigre ? Évidemment le tigre.
Ton attention sera donc toujours plus puissante sur les choses négatives.
Or, ça tombe bien, c’est la troisième conséquence de la publicité : elle fonctionne mieux quand tu as peur ou que tu es en colère. La peur te donne envie d’acheter. La peur déclenche ton réflexe d’aller chercher des choses pour survivre.
Ceci étant dit… tu penses que ça favorise quel camp politique ? Quel camp est capable de faire du contenu viral qui fait peur ? L’extrême-droite. C’est même son fondement profond.
Bien entendu, elle en est consciente.
On a un des intervenants qui s’est infiltré dans le groupe de génération identitaire. Un groupuscule d’extrême-droite qui a été dissous et qui organisait des actions très médiatisées.
Une des premières a été de protester dans un Quick Halal en portant des masques de cochons :
Et là, y’a eu une réalisation : on pouvait obtenir une énorme couverture médiatique sans investissement financier.
Ils ont alors décidé d’abandonner le terrain électoral et la structure de parti pour se focaliser sur une organisation qui fait de l’activisme médiatique. Le but c’est de réussir à rentrer dans l’agenda médiatique.
Comme par exemple avec l’opération Apéro Saucisson pinard. Ils avaient utilisé une de leur militante qui s’est fait passer pour une habitante du 18ème arrondissement de Paris, excédée par l’impossibilité de manger du porc dans son quartier. À cause des musulmans.
Depuis le début ils savaient que ça risquait d’être interdit. Ça a été le cas.
Mais justement. L’interdiction fait encore plus parler. C’est pour ça qu’ils avaient même crée un faux groupe antifasciste pour dénoncer l’événement et faire monter la sauce.
Cette stratégie du buzz permet ensuite de faire la courte échelle à l’extrême-droite électorale : le RN.
Bien sûr que le RN est alors beaucoup plus à l’aise sur les plateaux télé quand c’est ce sujet à l’agenda.
Pourquoi la gauche marche moins bien dans les médias ?
Quelqu’un dans la salle pose la question mais pourquoi on fait pas pareil à gauche ?
Comme si on y avait pas pensé…
La gauche ne pourra jamais faire ça. En effet, on néglige à quel point l’extrême-droite joue vraiment à domicile dans les médias. Une personne d’extrême-droite n’aura pas besoin de commencer l’émission en refusant les cadrages.
C’est pour ça que tu vois souvent des personnes de gauche se noyer la moitié de l’émission juste dans des définitions et des questions comme mais vous condamnez les émeute ?
Car il faut d’abord montrer patte blanche pour être écouté. Si on ne le fait pas c’est un conflit et ça devient inaudible.
Seules les personnes les plus douées en réthoriques arrivent à déjouer un peu ce piège.
Et c’est pour ça qu’un orateur nul de l’extrême-droite peut faire mieux dans les médias qu’un bon orateur de gauche.
Pour ça que tu peux avoir l’impression que c’est un camp où les gens sont moins sophistiqués et intelligents. C’est parce qu’il suffit d’être d’extrême-droite pour être repris dans les médias. Même si on est pas très doué.