L'argent n'est pas la seule mesure qui peut corrompre votre pratique créative. Numériser votre travail et le partager en ligne signifie qu'il est soumis au monde des mesures en ligne : visites de sites Web, likes, favoris, partages, reblogs, retweets, nombre d'abonnés, etc.
Dès qu’on parle d’argent on a tendance à surestimer la notion de corruption du travail. C’est tellement connu que l'argent peut gâcher la créativité que je trouve qu’on en fait trop. Car on oublie que le manque d’argent aussi peut gâcher la créativité.
On oublie que sans argent on ne peut pas avoir d’art.
Alors qu’on a pas toujours le regard critique qu’il faut sur les likes. Moi-même je me suis laissé piéger. Quand je publiais régulièrement sur LinkedIn je faisais des cartons de vues. Des centaines de milliers de vues.
Mais quand je faisais “seulement” une dizaine de milliers de vues, je me sentais mal.
C’est une pente dangereuse.
C’est d’ailleurs en partie pour ça que j’ai basculé sur l’Atelier, une version email. Au moins, je n’ai pas la rétroaction des likes.
Sans compter un point essentiel :
J'ai remarqué il y a longtemps qu'il y a en fait très peu de corrélation entre ce que j'aime faire et partager et le nombre de likes, de favoris et de retweets qu'il obtient. Que je publierai souvent quelque chose que j'ai adoré faire qui m'a pris une éternité et que j’entendrai le bruit des criquets en retour…
Je posterai quelque chose d'autre que je pense être un peu boiteux qui ne m'a demandé aucun effort et qui deviendra viral.
Si je laisse ces mesures gérer ma pratique personnelle, je ne pense pas que mon cœur pourrait le supporter très longtemps.
Il n’y a effectivement pas de lien entre ce qui devient viral et ce qui est épanouissant à produire. Parfois c’est en accord, mais souvent ça ne l’est pas.
Ça ne veut pas dire qu’il faut mépriser la capacité à faire des likes. Il est important de comprendre les mécaniques si on veut que son travail soit vu par davantage de personnes. MAIS il faut réussir à garder ce recul.
Où ai-je volé ça ?
Dans un livre qui s’appelle Keep Going, d’Austin Kleon. Je ne te le recommande pas particulièrement, j’ai trouvé qu’il n’était pas aussi bon que les deux précédents. Par contre, si tu n’as pas lu les deux précédents : Voler comme un artiste et Montrez votre travail, je ne peux que te recommander très chaudement de les lires. Ils sont géniaux.