Si jamais on comparait les humains en regardant uniquement leurs squelettes, on aurait du mal à les différencier. Globalement, nos squelettes sont les mêmes. Nos variations sont plutôt en surface : nos cheveux, nos corpulences, nos peaux, etc.
Il en va de même pour les histoires : elles partagent toutes des grands fondamentaux. Parfois c’est même troublant.
Joseph Campbell a même été jusqu’à dire que tous les mythes étaient une variation du même. Il appelle ça le monomythe.
Tu veux voir ?
Attention, dans la suite je vais spoiler des éléments d’intrigue du premier Harry Potter, d’Intouchables, de Toy Story, de Dragon Ball et du premier Star Wars.
Harry Skywalker
Voici un résumé (orienté) du premier Harry Potter :
Harry Potter est un orphelin qui vit chez son oncle et sa tante dans une banlieue éloignée de Londres.
Il est sauvé des Moldus par un barbu sage appelé Hagrid pour qu’il devienne un sorcier.
Hagrid révèle à Harry que son père était lui aussi un sorcier, mais aussi le meilleur joueur de Quidditch qu’il n’avait jamais vu.
Harry s’entraîne à utiliser une baguette magique pour devenir à son tour un sorcier.
Harry veut venger ses parents qui ont été tués par Voldemort
Voici maintenant un résumé du premier Star Wars :
Luke Skywalker est un orphelin qui vit chez son oncle et sa tante dans la planète désertique éloignée de Tatooine.
Il est sauvé des aliens par un barbu sage appelé Ben Kenobi pour qu’il devienne un chevalier Jedi.
Ben révèle à Luke que son père était lui aussi un chevalier Jedi, mais aussi le meilleur pilote qu’il n’avait jamais vu.
Luke s’entraîne à utiliser un sabre laser pour devenir à son tour un chevalier Jedi.
Luke veut venger son oncle et sa tante qui ont été tués par Dark Vador
Tu as peut-être déjà vu cette comparaison : elle est très célèbre. On pourrait rajouter que Yoda et Dumbledore sont essentiellement le même personnage. Ils font penser à Merlin, à Gandalf ou même à Rafiki.
Mais ça ne se limite pas à ces deux oeuvres.
Dans l’épisode de podcast de lundi, Héloïse m’a dit “toutes les oeuvres sont des fanfictions”. C’est un peu fort mais je comprends ce qu’elle veut dire. Il n’existe aucune oeuvre qui ne fait pas du tout écho à une autre.
On peut donc faire cette démonstration avec tout.
Toy-touchables
Par exemple, voici le résumé de Toy Story :
Woody et Buzz l’Éclair sont des jouets que tout oppose. Woody est jaloux de Buzz qui est devenu le jouet préféré de leur propriétaire. Buzz, ne sait pas qu’il est un jouet. Woody fait une énorme crasse en faisant tomber Buzz hors de la chambre, par jalousie. Puis, il finit lui aussi par tomber. Il se retrouve donc malgré lui en binôme avec Buzz.
S’ensuit alors toute une épopée où les deux doivent apprendre à mettre leurs différences de côté pour se connaître. Ils finissent par s’apprécier et accepter ce qu’ils n’acceptaient pas au début. Woody accepte de partager son enfant. Buzz accepte d’être un jouet.
Maintenant, le résumé d’Intouchables
Philippe est un riche tétraplégique Blanc qui veut embaucher un auxiliaire de vie. Il tombe sur Driss pauvre, Noir et qui vient de sortir de six mois de prison. Tout les oppose.
Driss postule juste pour avoir une signature attestant qu’il a bien cherché un emploi. Au passage il fait une énorme crasse en volant un Oeuf de Fabergé, par cupidité.
Mais Philippe le rappelle et lui propose le job. Il ne peut pas refuser, vu sa situation. Il se retrouve donc “malgré lui” en binôme. Il est frustré par cette situation.
Sauf que… au fur et à mesure, les deux finissent par apprendre à se connaître, s’apprécier, et chacun va aider l’autre à débloquer des choses dans sa vie. Philippe accepte qu’il peut avoir une relation amoureuse. Driss accepte qu’il peut se réinsérer malgré son passé.
Sangoman
Voici l’histoire de Superman :
La planète Krypton est condamnée à exploser. Deux parents décident d’envoyer leur fils vers une autre planète habitable : la Terre. L’enfant atterrit au milieu du Kansas. Il est adopté par un couple de fermiers. Cet enfant s’appelait Kal-El sur sa planète, ici il s’appellera Clark Kent.
Il découvre peu à peu qu’il n’est pas comme les autres : il a une force surhumaine, peut sauter très haut (puis voler une fois ado), il peut faire sortir des rayons d’énergie destructeurs de ses yeux …
Sauf que ses pouvoirs disparaissent quand il est exposé à la Kryptonite. C’est donc son point faible.
Un jour, il doit affronter un survivant de Krypton : le général Zod. Ce dernier lui est, au début, supérieur car il n’a pas été ramolli par la vie sur Terre et il a les mêmes capacités.
Maintenant Goku dans Dragon Ball :
La planète Plant est condamnée à exploser. Deux parents décident d’envoyer leur fils vers une autre planète habitable : la Terre. L’enfant atterrit au milieu d’une réplique de la campagne japonaise. Il est adopté par un vieux maître des arts martiaux. Cet enfant s’appelait Kakarot sur sa planète, ici il s’appellera Goku.
Il découvre peu à peu qu’il n’est pas comme les autres : il a une force surhumaine, peut sauter très haut (puis voler une fois ado), il peut faire sortir des rayons d’énergie destructeurs de ses mains …
Sauf que ses pouvoirs disparaissent quand on lui tient la queue (il a une queue de singe). C’est donc son point faible.
Un jour, il doit affronter un survivant de Plant : le prince Végéta. Ce dernier lui est, au début, supérieur car il n’a pas été ramolli par la vie sur Terre et il a les mêmes capacités.
Pourtant ces histoires sont quand même très différentes
J’ai volontairement mis en lumière des éléments du squelette. Mais… personne ne confond Harry Potter et Star Wars, pour autant. Encore moins Toy Story et Intouchables.
Il faut voir les archétypes d’histoires comme les mots du dictionnaires. On utilise tous les mêmes mots pour faire des phrases différentes. C’est pareil ici : toutes ces histoires sont construites avec les mêmes briques mais ça donne des maisons très différentes.
J’aurais pu souligner toutes ces différences : Goku est envoyé par ses parents pour détruire l’humanité. Son espèce d’origine est violente et sanguinaire. Son contact avec l’humanité va le bonifier. Alors que Superman est envoyé par ses parents pour élever l’humanité. Son espèce d’origine est plutôt pacifique et tournée vers la science. Son contact avec l’humanité va lui apporter, mais pas parce qu’il était sanguinaire de base.
Certaines structures ne fonctionnent jamais
Si les histoires ont souvent les mêmes structures, c’est parce qu’il existe un nombre limité de structures qui fonctionnent. De la même manière que tous les enchaînements de mots ne fonctionnent pas.
Les conteurs doués les utilisent naturellement. Je n’ai pas eu besoin d’étudier ces structures pour m’en servir. Je n’ai pas eu de formation à la narration. Je l’ai apprise en faisant. Sauf que ça prend du temps…
On peut gagner énormément de temps quand on comprend ces structures. Elles permettent d’avoir un guide, de ne pas partir d’une feuille blanche et de concentrer son énergie ailleurs. Par exemple sur le message que l’on veut faire passer.
Voici ma dernière formation : Storytelling. Utiliser la puissance de la narration dans toutes ses communications. Même les plus austères.
Dedans je vais te montrer pourquoi tout ce que je viens de te dire ne sert à rien.
Oui tu as bien lu. Oublie tout ce que je viens d’écrire. Ce n’est pas le bon début.
Commencer par se passionner pour les archétypes est une erreur dans laquelle je suis tombé moi-même. J’ai acheté un livre qui s’appelle Save the cat et qui ne parle que de ça. Au final j’étais super excité de comprendre les archétypes :
La magie sortie d’une bouteille : Aladdin, Menteur menteur, Mary Poppins, The Mask…
Le rite de passage : American pie, Lost in translation, l’Auberge Espagnole…
La toison d’or : Jason et la toison d’or, Ocean Eleven, Le Monde de Némo, Le Seigneur des Anneaux…
Le supehéros : Harry Potter, Zorro, Batman…
Un monstre dans la maison : Les dents de la mer, Jurassic Park, Godzilla…
Etc
Sauf que… rien de tout ça ne peut t’aider si tu ne comprends pas fondamentalement ce qui définit une histoire.
Il y a un élément principal (et deux secondaires) qui différencie une histoire d’un simple récit descriptif.
Si tu le comprends, tu sauras refaire par toi-même les archétypes qui sont des manières différentes d’orchestrer ces ingrédients. Donc, plutôt que d’essayer d’apprendre par coeur la dizaine d’archétypes de tel ou tel auteur… il est beaucoup plus efficace de comprendre fondamentalement cet ingrédient et de l’insuffler, l’accentuer, dans ton histoire.
Tu connais l’ingrédient, tu n’as plus qu’à l’agencer de telle ou telle manière et tu peux recréer tous ces archétypes sans avoir besoin de les apprendre.
C’est la différence entre retenir par coeur les identités remarquables et être capable de les démontrer en partant de rien.
Mais si, tu sais : (a+b)² = …
Soit tu as appris par coeur et il y a de grandes chances que tu aies oublié. Soit tu as compris comment ça marchait et tu peux le retrouver en deux secondes. Pareil, pour la formule de l’aire d’un triangle. Si tu l’apprends par coeur, tu risques d’oublier ou de tromper. Si tu comprends pourquoi c’est ça… tu le retrouves à tous les coups.
Bah là c’est pareil. Inutile d’aller plus loin si tu ne comprends pas l’ingrédient principal d’une histoire.
Et cet ingrédient c’est….
…
…
…
…
…
Générique de fin de l’épisode.
Où trouver le prochain épisode ?
La suite est dans ma formation : Storytelling. Utiliser la puissance de la narration dans toutes ses communications. Même les plus austères.
Pour y accéder c’est par ici : https://nicolasgalita.podia.com/storytelling?coupon=STORYTELLING-REGULAR
Attention : cet épisode n’est disponible que si tu y accèdes avant vendredi soir.
PS : Si tu es premium, ne clique pas sur ce lien : retourne dans l’email d’hier pour retrouver ton lien spécial premium.